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Message : Re: Pedagogie de l'ecriture (Olivier RANDIER) - Samedi 08 Novembre 1997 |
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Subject: | Re: Pedagogie de l'ecriture |
Date: | Sat, 8 Nov 1997 04:22:21 +0100 |
From: | Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxx> |
>Bonjour, nouvelle sur la liste , je me demande si la pedagogie de >l'ecriture, de la mise en page et de la typographie fait-elle partie des >interets des abonnés de la liste. Absolument ! Je pense que tous les abonnés seront d'accord avec moi, cette liste n'est pas seulement un lieu d'échanges pour initiés, elle a aussi vocation éducative. >>La liste de diffusion "Typographie" est consacrée aux problèmes de >>composition, de typographie et de mise en pages, sans exclusive des >>techniques employées (du lettrage à la main à la composition numérique, en >>passant par le plomb...) À mon sens, cela sous-entend aussi l'apprentissage et l'enseignement des matières citées. Vos questions (et réponses) sont donc bienvenues. La pédagogie de l'écriture est peut-être un peu à part, car elle ressort plus de l'enseignement primaire, mais comment nier que nous sommes également concernés, indirectement, par celle-ci : comment valoriser la chose écrite si l'enseignement de l'écriture est négligé ? >deux aspects se completent : >le dessin de la lettre fait partie du champ de la typographie. Qu'en >est-il dans la formation des graphistes? Est-ce indispensable ? Ce n'est pas obligatoire, mais c'est, à mon avis, vivement recommandé. Connaître et apprécier les différences entre les typographies est, à coup sûr, indispensable et le meilleur moyen en est certainement d'avoir au moins des notions de dessin de lettre. >Qui travaille sur les modèles d'ecriture destinés a la formation des >maitres et aux enfants ? À ma connaissance, quasiment personne, et c'est dommage. J'ai déjà évoqué quelque part (était-ce ici ?) le problème des modèles d'écritures pour l'enseignement, qui sont, je trouve, complètement obsolètes. L'anglaise, qui sert de modèle en primaire, date du siècle dernier, et correspond à une pratique totalement différente de celle d'aujourd'hui. À l'époque, on écrivait lentement, avec application et souci artistique, à la plume. Aujourd'hui, on prend des notes à toute vitesse dans un amphi, avec un bic ou un feutre. Même si on peut déplorer cet état de fait, il faut bien reconnaître que, dans ces conditions, l'anglaise est totalement inadaptée. Le scripteur n'a d'autre recours que de la déformer, la simplifier sauvagement, afin de l'adapter à la vitesse requise. Résultat : une absence totale d'unité et de convention commune, une écriture souvent illisible (comme la mienne :( ) et peu satisfaisante. << Je me suis souvent demandé pourquoi j'aimais écrire (manuellement, s'entend), au point que dans bien des occasions l'effort souvent ingrat du travail intellectuel est racheté à mes yeux par le plaisir d'avoir devant moi (telle la table du bricoleur) une belle feuille de papier et une bonne plume : tout en réfléchissant à ce que je dois écrire (c'est ce qui se passe en ce moment même), je sens ma main agir, tourner, lier, plonger, se lever et bien souvent, par le jeu des corrections, raturer ou faire éclater la ligne, agrandir l'espace jusqu'à la marge, construisant ainsi, à partir de traits menus et apparemment fonctionnels (les lettres) un espace qui est tout simplement celui de l'art : je suis artiste, non en ce que je figure un objet, mais plus fondamentalement parce que dans l'écriture, mon corps jouit de tracer, d'inciser rythmiquement une surface vierge (le vierge étant l'infiniment possible). << [...] écrire n'est pas seulement une activité technique, c'est aussi une pratique corporelle de jouissance. << [...] l'écriture a été historiquement liée à la division des classes, à leurs luttes, et (dans notre pays) aux conquêtes de la démocratie. << Aujourd'hui, dans nos pays du moins, tout le monde écrit. L'écriture n'a-t-elle donc plus d'histoire ? N'avons nous plus rien à en dire ? [...] >> Roland Barthes Préface à La civilisation de l'écriture R. Druet - H. Grégoire Que j'aimerais éprouver autant de plaisir à écrire que R. Barthes en manifeste ! Hélas, l'acte d'écrire est pour moi une permanente frustration, car je n'ai jamais pu développer une écriture belle et lisible, que j'aurais plaisir à faire lire. Je suis un exemple vivant de la faillite de l'enseignement moderne à favoriser une pratique naturelle et satisfaisante de l'écriture. Après une époque où on martyrisait les enfants pour se conformer à un modèle unique et rigide, on est passé à l'autre extrème : sous prétexte de laisser leur personnalité s'exprimer, on les laisse se débrouiller avec le même modèle (!) qu'ils doivent adapter, sans leur donner aucune indication sur la façon de le faire. Cela fait peut-être le bonheur (et la fortune :( ) des graphologues, mais ça ne fait certainement pas progresser le goût de l'écrit. Je suis convaincu qu'il faudrait développer un modèle moderne, au ductus très rapide, conçu pour le bic ou le feutre, avec de nombreuses variantes et paraphes, pour satisfaire à la variété et aux capacités de traçage variables selon les individus. Celui ou ceux qui auront le courage de s'attaquer victorieusement à ce tabou mériteront la reconnaissance éternelle de la Nation. ;-) >Pardon si ces questions sont hors-sujet et pardon aussi pour les accents, >j'ai lu avec attention les informations contenues sur ce sujet dans la >liste mais j'ai encore des soucis avec les travaux pratiques. Vous êtes toute pardonnée, pour avoir lancé un sujet qui va sans doute ranimer cette liste un peu endormie... Les accents, c'est juste une question d'habitude. Tapez normalement, il n'y a pas de raison que ça pose problème, si vous évitez simplement d'utiliser les accents dans les sujets. Et c'est quand même plus agréable avec, non ? ;) Olivier RANDIER -- Experluette mailto:orandier@xxxxxxxxxxx http://perso.wanadoo.fr/thierry.vidal/ Claviers et scripts WorldScript translittérés pour faciliter la composition des langues est-européennes, du grec et du cyrillique.
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