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Message : Re: Ou, quand & quoi

(isabelle levy) - Jeudi 09 Avril 1998
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Subject:    Re: Ou, quand & quoi
Date:    Thu, 09 Apr 1998 19:50:06 +0100
From:    "isabelle levy" <isabellelevy@xxxxxxx>

Thierry Bouche écrit:
>
>J'essaie d'assainir mes bases...
>La mode dans les années 70 d'approches minimales est bien liée à la
>photocompo ? (les débuts d'itc, avant garde etc.)
>c'est aussi à cette époque qu'on a commencé à voir des lettres
>totalement déformées utilisées comme éléments purement graphiques,
>avec des effets de transparences ...
>

Oui, c'est mille fois vrai. Mais à cette époque il y avait d'un côté la
photocompo (qui permettait de produire du texte, de manière industrielle ou
presque et de l'autre côté le phototitrage qui était sur des machines où les
signes étaient traités un à un.
Oui, je sais ça a l'air complètement étrange. Mais c'est vrai.
J'ai répondu trop rapidement en me laissant accrocher par le mot
"photocomposition".
Le phototitrage était fait sur des machines qu'on appelait essentiellement
des Diatronic (c'est comme frigidaire, il devait y en avoir d'autres mais
c'était un terme devenu générique).
Les opérateurs faisaient les approches à la main, signe à signe. Il y avait
effectivement des filtres de déformation, des caches, des masques qui
permettaient de produire plein d'effets spéciaux. Mais cette démarche
s'apparente plus à de la lettre transfert optiquement produite qu'à de la
photocompo telle qu'elle a pu donner naissance aux outils que nous
manipulons aujourd'hui.
Sur les phototitreuses il n'y avait strictement aucune logique de gestion de
la ligne (pas de justification ni de coupures de mots, pas de gestion des
blancs intermots, bref du letraset un peu modernisé.

Le phototitrage était facturé au signe. Cela pouvait aller jusqu'à plusieurs
dizaines de francs (voire plus) par signe. Il y avait des facteurs
techniques (ça n'allait pas bien vite) il y avait aussi des facteurs
culturels (les agences de pub faisaient appel au phototitrage, elles avaient
les moyens) il y avait aussi des aspects qui s'apparentent au droit
d'auteur. Si un livre se vendait mieux parce qu'il y avait un bel effet
visuel sur la couverture cela pouvait justifier de payer quelques centaines
de francs par signe.

J'vous dit, mon bon monsieur, tout fout le camp!

La référence que cite Jean-Pierre Lacroux (L'imprimerie, une profession, un
art) est sans aucun doute une des meilleures mais malheureusement plus
disponible, si vous trouvez une copie ou deux chez des bouquinistes, je suis
preneuse!
Il y a eu un numéro spécial de caractères en 1980 qui présentait la décennie
à venir. Je ne l'ai pas sous les yeux mais il y avait dans mon souvenir
plein de shémas interessants, sûrement très drôles aujourd'hui.
Il y a toute la collection des "Seybold Report on phototypesetting" des
années 80. Là dedans, c'est comme le cochon, tout est bon.

A plus tard pour la suite de Typografik Park
Dinosaurement vôtre
isabelle lévy