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Message : Meilleurs claviers pour les ergomanes

(Alain LaBonté ) - Mercredi 29 Juillet 1998
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Subject:    Meilleurs claviers pour les ergomanes
Date:    Wed, 29 Jul 1998 15:41:08 -0400
From:    Alain LaBonté  <alb@xxxxxxxxxxxxxx>

A 01:14 98-07-29 +0200, Olivier RANDIER a écrit :
>Y a aussi le Dvorak, qui est censé améliorer considérablement les
>performances des dactylographes (il en existe des versions Mac).

   [Alain] :
   J'avais oublié de réagir à cette phrase. Le problème du clavier DVORAK
(*), c'est qu'il optimise les performances des dactylographes anglophones
non habitués à un clavier QWERTY. Cela ne s'applique pas du tout au
français. Les lettres y ont été redisposées de manière à faciliter la
frappe, en fonction de leur fréquence d'utilisation en anglais américain.

   Je me dois de rappeler que les claviers QWERTY (nom donné d'après les 6
premières lettres de la 3e rangée de touches alphabétiques) ont été conçus
pour *ralentir* la frappe d'un texte anglais à une époque où les
dactylographes trop efficaces faisaient s'entrechoquer les marteaux des
machines à écrire mécaniques, ce qui enrayait le mécanisme...

   L'histoire du clavier AZERTY est plus terre à terre encore... On a
légèrement changé en France la disposition des touches de l'invention
américaine, non pas en fonction du ralentissement de la frappe en français,
mais parce que l'on évitait ainsi totalement de payer des redevances à
Remington, même si seules quelques touches étaient alors différentes. 

   Cela étant, un clavier QWERTY est aujourd'hui légèrement plus efficace
qu'un clavier AZERTY en français, mince consolation pour nous, Québécois.

   Mais cela ne justifie pas un changement radical en Europe, car personne
ne voudrait d'un clavier QWERTY en France ou en Belgique francophone, pas
plus que les Américains [sauf peut-être un millionnième de la population
(**) ] ne seraient prêts à passer de QWERTY à DVORAK, pas plus que les
Québécois ne changeraient d'un QWERTY à un AZERTY !

   Toutes les améliorations de claviers qui ont une chance de s'établir
doivent tabler (expériences multiples à l'appui) sur l'immuabilité de la
disposition des 26 lettres non accentuées. C'est ce que le clavier Neuville
a fait en France, c'est ce que le clavier canadien normalisé a fait aussi.
Les reste est psychologiquement moins vulnérable, car tous savent que l'on
peut améliorer les choses, c'est l'évidence même... mais il ne faut pas que
la terre se dérobe sous les pieds des Québécois ou que le ciel tombe sur la
tête des Gaulois. (; 

   La question des claviers est en fait extrêmement délicate... lorsque
l'on a démarré en 1986/1987 le projet de normalisation des claviers
canadiens, en jeune naïf, je croyais que nous aurions tyerminé en un
après-midi après la première runion. Cela aura pris cinq ans, souvent à
plus d'une réunion de travail par mois ! Et là aussi, le Québec a failli se
séparer du reste du Canada, ou plutôt l'inverse dans ce cas-ci (plutôt plus
que moins) ! Certaines réunions auraient tourné à l'émeute si nous avions
été plus nombreux [nous étions en général 20 autour de la table, et tous
les travers racistes, xénophobes, francophobes surtout, s'y sont manifestés
! Cela s'est terminé à l'unanimité, croyez-le ou non, en présence de tous
les antagonistes en prime !]

   Pour terminer, une anecdote : il semble que France Télécom, lors de la
sortie du Minitel, ait pondu un clavier ABCDEF (toutes les lettres
disposées en ordre alphabétique, sur les trois rangées de touches
alphabétiques). Après deux minutes, tous ceux qui avaient un tel clavier
sous la main voulaient le défenestrer... On a donc placé ces objets de
musée sur le bureau des employés de France Télécom. L'histoire ne dit pas
combien de temps cela a duré ! (;

Alain LaBonté
Québec

* : du nom de son inventeur - à noter la disparition de l'accent aigu sur 
    le a et de l'accent CARON [un accent circonflexe inversé] sur le r 
    [en tchèque, cela se prononce RJ comme dans « Dvo[r<]ák », mais il 
    s'agit ici d'un Américain d'origine tchèque, et non d'un petit frère 
    du grand compositeur de musique, qui a lui aussi séjourné aux États-
    Unis, bien sûr)

** : Je connais personnellement chez Apple (au siège de Cupertino) un
     ex-maniaque du clavier DVORAK. Il s'agit d'un ergonome, et après 
     quelques mois, il s'est lui-même remis à un clavier QWERTY...
     En passant, j'ai fait remarquer à ce collègue et ami que ce qu'il
     écrivait comme profession sur sa carte d'affaires, « Ergomaniac »,
     au lieu d'« Ergonomist », voulait dire « maniaque du travail », en 
     d'autres mots « workaholic » en anglais américain (et « ergomane » 
     en français bien formé). Je crois qu'il a changé sa carte tout comme 
     il a changé de clavier depuis (; Comme quoi même l'humour n'est pas
     beaucoup plus permanent que les modes... (: