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Message : Re: Caracteres

(Jacques Andre) - Lundi 08 Mars 1999
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Subject:    Re: Caracteres
Date:    Mon, 08 Mar 1999 08:41:12 +0100
From:    Jacques Andre <Jacques.Andre@xxxxxxxx>

Thierry Bouche wrote:
> 
> Au fait, je ne ferai pas dans le triomphalisme outrageux, mais pour
> l'etymologie de contre-poincon, ca serait pas mal de regarder les
> planche de l'Encyclopedie Diderot, non ?
>
> planche "de la gravure des poincons"
> Fig. 1. n. 5, 2. Contre-poincon de la lettre B
> 2. poincon etampe par le contre-poincon.
> 3. Poincon de la lettre B entierement acheve, [...].

Oui tu as raison (c'est l'ambiguité de la phrase où j'avais compris que
l'on utilisait deux poinçons l'un après l'autre pour frapper la matrice
qui m'avait
choqué). Efectivement, on a créé les poinçons en utilisant un premier
poinçon pour créer les parties creuses du second. Le mot contre-poinçon
vient bien de cette 
technique.

Mais ...

Bien plus intéressant que l'Encyclopédie de Diderot, il faut regarder le
Manuel typographique de Fournier (1723) qui consacre plus de 10 pages
(et deux planches)
 à la taille des poinçons et contre-poinçons. Il y dit : « Pour faire le
poinçon, l'on commence par le contrepoiçon, qui est la figure intérieure
de la lettre ». Je ne peux pas reproduire ici la phrase qui suit, mais
en gros les deux  premiers exemples qu'il prend sont
le m et le M, le contrepoinçon ayant la forme des deux espaces entre les
pattes du m, et des deux triangles inférieurs du M. Pour A, le
contre-poiçon a la forme du triangle du A et du trapèze entre les deux
jambes. Pour le e, le contrepoinçons c'est le petit rond interne bien
sur mais aussi le demi-cercle dessous.
 Donc historiquement, le contre-poiçon concernait les formes
intérieures, qu'elles soient fermées
(comme dans le sens actuel de contre-poinçon) ou ouvertes (et je crois
donc qu'on parle de fond ou de contreforme). 

Cette technique était très délicate et a été abandonnée depuis longtemps
: 
dans la réédition des Métiers du livre de Diderot dans la bibliothèque
de l'image faite par Grinevald et Paput (tous deux du cabinet des
poinçons des l'Imprimerie nationale) qui ne se contentent pas de
reproduire les images mais aussi une partie du texte et de le commenter,
il est dit : « En fait une technique différente est employée de nos
jours et à notre connaissance depuis de longues années. Cette méthode
autorise beaucoup plus de précision. Elle consiste principalement à
créer les parties creuses en dernier en utilisant des échoppes comme
pour la gravure sur bois en taille d'épargne. »  C'est ce que j'avais vu
pratiquer ...


-- 
Jacques André
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