Archive Liste Typographie
Message : Re: Livres

(Thierry Bouche) - Mardi 12 Octobre 1999
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re: Livres
Date:    Tue, 12 Oct 1999 13:58:12 +0200 (MET DST)
From:    Thierry Bouche <Thierry.Bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Mouais, faut dire aussi que la demande est floue. Qu'est-ce qu'un
amateur, qu'est-ce que la typographie...

Pour certains colistiers, ça se limite à apprendre des règles
d'orthotypo et un peu de vocabulaire de typo descriptive, pour
d'autres comprendre pourquoi certains sont prêts à s'entretuer pour
le demi-empattement manquant à gauche du p de Sabon ou la forme idéale
du t petite cap de Baskerville... pour d'autres encore c'est
complètement lié à la pratique d'un logiciel plus ou moins conciliant
ou adapté...

Je suis très réticent pour ma part à conseiller des livres du genre
Gid, Peignot et Cie. À mon avis, ils sont hors-sujet ici : à chacun sa
sensibilité, ses goûts, sa culture. La culture typographique (ou
autre...) ne s'apprend pas, elle s'acquiert, parce qu'on a le goût de
tels détails, parce qu'on aime certains livres et qu'on veut savoir
pourquoi, parce qu'on aime regarder un livre à l'envers et comprendre
pourquoi les marges ne produisent pas la même impression. Si on se
fout de ça, c'est même pas la peine de s'y échiner, ça n'a pas de
sens, c'est comme écouter les variations Goldberg en boucle parce
qu'Untel a dit que c'était très beau et qu'on n'y prend aucun plaisr,
mais qu'on voudrait accéder dans le groupuscule des gens qui y
prennent un plaisir évident. Je dis ça parce que j'ai vu ça tellement
souvent, dans les milieux enseignants, surtout, ces gens qui
voudraient pouvoir réduir la culture, la plaisir quoi, à des
mécanismes simples qui pourraient être appris.  Dans mon cas, par
exemple, un certain nombre de paramètres typo étaient frappés dans mon
esprit depuis mes premières lectures (Massin explique bien ça : il a
appris dans un caractère qu'il sait _a posteriori_ être un didot, ce
qui prouve que l'impression que lui avait laissé ce carcatère, en
l'absence de toute connaissance pour lui donner un nom, l'identifier,
le caractériser de façon savante, a duré suffisamment longtemps pour
qu'il recolle les morceaux plus tard). J'ai su les analyser
etc. beaucoup plus tard, mais ma sensibilité était déjà
aiguisée. Finalement, j'en ai appris beaucoup plus en lisant
comp.fonts à la belle époque et Typographie qui a toujours de bons
moments, que dans tous les livres...

Pour l'orthotypo, etc. La biblio de Jean-Pierre est imposante, mais
tout de même hiérarchisée (système d'étoiles, j'attends avec
impatience les première apréciations négatives, d'ailleurs !), donc il
est facile de repérer quelques incontournables.

Pour la typo plus proprement dite, je n'ai vraiment aucun livre à
conseiller, j'ai des réticences sur tous ceux que j'ai lus, je dirais
donc surtout de picorer et de ne _jamais_ prendre une seule référence
au pied de la lettre (ggros défaut de Méron avec Tschichold ou
Morrison, par exemple) parce que, comme l'a très bien dit Olivier, la
plupart de ces livres sont rédigés dans des conditions historiques
très précises, par des personnalités fortes, et qu'il serait absurde
d'appliquer aujourd'hui en France une recommandation édictée en
Allemagne pour faire face aux aléas de la linotypie...

Bringhurst conseillera de mettre plein de petites caps partout, JPL
pas : suivez JPL sans modération, même s'il n'a pas écrit _son_
livre ! 

Thierry Bouche, Grenoble.