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Message : Re: Typographie et livre Èlectronique [long ]

(Brigitte Lebioda) - Lundi 22 Novembre 1999
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Subject:    Re: Typographie et livre Èlectronique [long ]
Date:    Mon, 22 Nov 1999 10:45:55 +0100
From:    Brigitte Lebioda <blebioda@xxxxxxxxxxx>

At 07:14 22/11/99 +0100, Patrick Cazaux wrote:
>Et que le format des « livres » électronqiues se rapproche de ceux du papier ne change rien à cet état de fait, même si ça les rapproche des vrais livres en terme de maniablité. Je pense qu'il y a un débouché pour des textes relatifs à de l'information à consulter, comme les résultats des courses, l'annuaire, la Bourse ou ce que vous voudrez, mais je ne crois pas que l'on puisse y plonger pour se taper deux heures de plaisir avec un bon roman. Trop dur, trop fatigant.
>
>Et je m'abstiens de faire des commentaires déloyaux en parlant du plaisir du contact, de l'odeur, des souvenirs, des notes marginales, des dédicaces et autres coups bas.
>

Bonjour,

Je ne veux pas me risquer à faire de pronostics sur les échéances à plus ou moins court terme sur les capacités des écrans, les prouesses de la typo électronique, le format des livres électroniques... Mais il est un fait que le rapport personnel à l'objet aura encore beaucoup de poids dans les années à venir je pense. Je suis la première à utiliser le texte électronique pour toute sorte de choses (y compris des recherches sur des textes littéraires) , mais je suis aussi la première à prendre un "bon livre classique" (sous-entendu support papier) lorsque je veux lire pour mon plaisir. D'ailleurs, même lorsque je trouve électroniquement un texte qui m'interesse, pour peu qu'il soit un peu long, je l'imprime pour pouvoir le lire de façon plus efficace, et je ne pense pas faire exception.
Je ne pense pas que le contact, l'odeur... soient des "commentaires déloyaux". Si annotations, dédicaces... seront trsè certainement possibles (on en voit déjà l'approche avec le dernier format Acrobat), que dire des ouvrages présentant des mélanges de papier (peut-on vraiment envisager de voir le dernier livre de Frédéric Clément "Muséum" transposé avec le même effet en version électronique ?), des découpes particulières (je pense notamment aux livres jeunesse), des reproductions "haut-de-gamme"...
Le livre électronique a certainement de beaux jours devant lui, peut-être même sera-t-il très utilisé dans le cadre des études, mais l'esprit humain a ceci de particulier, qui est de reconnaître la beauté (à laquelle je le concède, on peut donner mille formes).
Je tenterai presque un parallèlle avec le traitement de la photo : on trouve de plus en plus difficilement le matériel nécessaire à la réalisation de tirages noir et blanc argentique, idem pour les labos : cela redevient un luxe. La photo électronique fait de gros progrès, mais pour autant, l'accent est rarement mis sur la perception des photos à l'écran, la publicité se fait beaucoup plus sur la qualité de la restitution... papier!

C'est peut-être là que réside l'un des risques : non que le livre électronique fasse disparaître le livre-papier en tant que tel, mais que ce dernier ne soit plus utilisé que pour des ouvrages que l'on a l'habitude de ranger sous le vocable de "beaux-livres", et qui ne sont accessibles qu'à une partie de la population : un audacieux pari pour les éditeurs qui seraient prêts à le relever ?

Cordialement
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Brigitte Lebioda
centre de documentation - LFEEP
blebioda@xxxxxxxxxxx
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