Re: Hermes (long)

[Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxx>]

>Espaces.
>Interlettrage.
>valeur optimale de l'espace à 80 % de sa valeur de départ.
>valeurs minimales de 75 % et maximales de 85 %
>interlettrage minimum de 2 %.
>interlettrage maximum de 5 %.

Plus ça va, plus j'ai tendance à préférer jouer plutôt sur les espaces que
sur l'interlettrage, parce que j'ai constaté que, quand je lis, je suis
moins perturbé par des espaces qui m'agresseraient l'oeil à l'écran que par
l'interlettrage. Mais le résultat est agréable, et Bordas imposait sans
doute ses contraintes. Par contre, lorsque j'ai remonté les pages, j'ai
passé la zone de justif' de 1 à 2 mm, ce qui permet de terminer au pavé les
paragraphes raisonnables. Et je serais tenté d'augmenter la zone de césure.

>(sans compter que l'imbécile croit que l'apostrophe est une lettre, et
>qu'il se croit autorisé à césurer juste après !)

Ha ! C'que ça peut m'énerver, ça ! :(((

>Une affaire de virgules?

>Je pense que la démonstration est doublement faite :
>- d'une part le lecteur n'est pas exagérément perturbé par cette
>espace inhabituelle et peut-être même cela aide-t-il sa lecture - je
>n'en infère naturellement pas que c'est _comme ça_ qu'il faut
>composer, je n'oublie pas qu'il s'agit d'un essai, d'un jeu
>typographique - ;

Là, je suis d'accord, c'est parfaitement convaincant.

>- d'autre part, loin de générer des lézardes, l'ajout d'espaces tend
>à les faire disparaître.
>
>Cet espace, je l'ai créée directement dans Fontographer, en
>élargissant la bounding box de la virgule. J'ai rajouté un chouia de
>blanc (la valeur du quart de l'espace, si ma mémoire est bonne).
>
>Une autre solution aurait consisté à rajouter cette espace
>directement dans XPress (à l'aide d'un paramétrage spécifique de
>ProLexis, par exemple). Je n'y tenais pas, d'une part pour ne pas
>avoir une espace trop importante (qu'on se souvienne de la largeur
>prédéfinie de ma fine !), d'autre part pour que cette espace ne se
>dilate pas trop au hasard des justifications de lignes trop blanches.

Là, par contre, je suis moins d'accord. La question était de savoir si
l'ajout d'une espace avant la virgule pourrait aider à améliorer le gris
typo, en augmentant le nombre d'espaces sur lesquelles répartir le blanc à
ajouter ou soustraire. Ce n'est possible que si l'espace avant la virgule
varie aussi. Ce n'est pas le cas si une espace fixe est rajoutée au talus
d'approche de la virgule. La démonstration me paraît donc moins patente. À
mon sens, il aurait été plus intéressant de rajouter une espace insécable
du quart du corps avant la virgule (c'est réalisable en XTags).

>Enfin, comment faire lorsque la virgule doit être juste un peu
>décollées de la lettre, mais pas franchement séparées (cas de la
>séquence « v, », par exemple). Un triplet [lettre-espace-virgule]
>n'est pas gérable? Seule la fine « en dur », dans la police, permet
>de contourner l'obstacle.

« v, », c'est quand même assez rare... Les triplets douteux auraient pu se
gérer au coup par coup, je pense, voire par cherche-remplace.

Question con : pourquoi une espace avant la virgule, et pas avant le point ?

>À la Bordas !
>Impossible de « jouer à Bordas », avec ses règles strictes, dans une
>justification si étroite, avec un si faible interlignage et une
>hauteur de colonne si faible (et encore mon auteur ne fait presque
>jamais de paragraphes ; qu'est-ce que ça aurait été s'il écrivait par
>fragments?)
>
Autant j'ai admiré le travail que tu as fait sur l'empagement, le gris, les
virgules, autant ton application du "principe de Bordas" ne me convainc
pas, et pourtant je trouve l'idée intéressante. Passons sur le fait qu'il
est quasiment inapplicable sur une justif' aussi étroite, et sur la
capitale après la lettrine qui fout le b..., malgré de bonnes idées pour le
raisonner, je crois que tu t'es fourvoyé en t'imposant, en plus de Bordas,
une foultitude de contraintes incompatibles et injustifiées, avec un
résultat inexploitable. Pourquoi t'imposer la double ligne en petites caps
après la lettrine, qui t'interdit la coupe dans la deuxième ligne ? Et
pourquoi interdire la coupe dans la première ligne ? Si tu t'impose deux
lignes de petites caps, il faut se contenter de ce qui tombe comme ça,
vouloir que ce soit aussi à chaque fois un fragment de phrase signifiant,
c'est de la folie. Trop de contraintes tue l'art aussi bien que trop peu.
Je pense qu'il faut ici se concentrer sur Bordas, qui est le sujet majeur.

Il serait trop long de détailler la façon exacte dont j'envisage
l'application de Bordas à ton Hermès. J'ai préféré reprendre ton fichier et
recouler quelques pages pour te montrer comment je l'envisage. Je te le
joins en privé, ainsi qu'un PDF -- que tu peux mettre en ligne avec le tien
pour que les gens puissent comparer, si tu veux. Je ne dis pas que c'est
parfait, j'ai fait ça vite fait, mais ça me paraît plus raisonnable. Je me
suis arrêté quand je suis tombé sur une impossibilité. Parce que c'est bien
joli, Bordas, mais ça devient impossible en deçà d'un certain nombre de
lignes (encore le problème de la ligne qui doit toujours doubler sous la
lettrine) et, ça, c'est un gros hic.
En fait, j'aurais tendance à récuser l'appellation de "paragraphe à la
Bordas" et à préférer celle de "chapitre à la Bordas". Au niveau des
paragraphes, ce système est ingérable. Par contre, c'est -- peut-être --
une alternative intéressante à envisager pour les chapitres, si on besoin
de les enchaîner, pour gagner de la place (encore que je ne vois pas trop
pourquoi) ou pour "shunter" un niveau supérieur (parties ?).
Enfin, tout à fait entre nous, les mains dans le cambouis, je trouve que tu
as exécuté tes Bordas comme un sagouin : pas étonnant que tu ais eu du mal
avec un truc aussi mal foutu ! Je t'ai aussi joint le fichier pour que tu
vois comment on peut monter ça beaucoup plus facilement, je ne comprends
pas que tu n'y ais pas pensé.

>D'où l'idée de subvertir le principe, de rompre les alignements, de
>créer le morceau de ligne blanche au dessus, etc.

>Lettrines, petites et grandes capitales.

J'ai déjà dit le mal que je pensais de la majuscule entre la lettrine et
les petites caps. Non seulement je trouve ce système très moche, mais il me
mettait très mal à l'aise sur le plan du statut bâtard de cette fausse
majuscule, et je me demandais pourquoi. J'ai compris en coulant tes pages :
p. 26, deux paragraphes commencent par "L'homme...", qui devient
"L'Homme..." avec "ton" système...
Sur le principe, je ne suis pas contre l'idée de lignes pleines de caps ou
de petites caps suivant la lettrine. La tradition (surtout manuscrite,
toutefois) est pleine d'exemples magnifiques. Mais je ne pense pas que ce
soit raisonnable dans le contexte.
Un truc m'a gêné : les guillemets ouvrants dans le corps de la lettrine en
début de paragraphe (cf. IN), c'est affreux.
Enfin, je me demande si, pour mieux fondre ces lettrines dans ce gris
recherché, il ne serait pas souhaitable de bidouiller une graisse
inférieure (ou alors les tramer ?).

Une co(q)uille, page 12 : [...] sa tendresse pour mois [...].

Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
	http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse
(projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
illustrative).