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Message : Re: Question aux maquettistes

(Olivier RANDIER) - Mardi 16 Janvier 2001
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Subject:    Re: Question aux maquettistes
Date:    Tue, 16 Jan 2001 02:00:13 +0100
From:    Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxx>

>» Ma prose avait alors été reprise par Olivier Randier et Alain Hurtig,
>» mais je ne retrouve donc pas la page où il avait été mis des dessins
>» et explications plus clairs que les miens !
>
>je trouve ceci (sans commentaires !)
>
>http://listetypo.free.fr/macro/cheap.gif
[...]

Bon, je réponds un peu en retard, mais, puisqu'on parle de moi... J'avais
effectivement fait une page proposant diverses méthodes d'empagement
dérivées des tracés régulateurs classiques, permettant d'obtenir des
empagements différents, mais basés sur le même genre de logique interne.
Ces méthodes étaient présentées, sans appréciation esthétique, par rapport
à un A4, suite à un fil qui avait eu lieu sur l'impossibilité d'obtenir un
empagement potable sur ce format avec les méthodes classiques. Après une
conversation récente avec Ahache au sujet de l'empagement de son Hermès qui
tombait pile sur un empagement que j'avais proposé, j'ai décidé de
développer un peu cette page, dès que j'aurais un moment, notamment en
présentant les résultats des différentes méthodes avec la plupart des
proportions usuelles.
En attendant, je peux vérifier l'état de cette page et te l'envoyer pour
que tu la remette en ligne, si tu veux.

Concernant ta question de départ, je ne me hasarderais pas à proposer des
méthodes pour le calcul du corps et de l'interligne en fonction de
l'empagement. Par contre, la modélisation des tracés régulateurs est
généralement assez simple. Je pense que les canons des ateliers sont
suffisamment expliqués pour ne pas poser de difficultés.
Pour le canon de Villard de Honnecourt, il suffit d'oublier un peu les
diagonales de la figure de Villard et de se rabattre sur la figure de
Rosarivó, qui donne strictement le même résultat, mais est plus adaptée au
traitement informatique.
Il s'agit alors de diviser largeur et longueur de page par un facteur x,
comme suit :
largeur/x = A = blanc de petit fond
longueur/x = B = blanc de tête
On multiplie ensuite ces valeurs par un facteur y, pour obtenir
A · y = C = blanc de grand fond
B · y = D = blanc de pied
Pour un format 2/3, on obtient ainsi la progression des marges 2, 3, 4, 6
(avec y = 2). Mais comme le dit Tschichold, cette progression n'est valable
que pour cette proportion. L'erreur serait de partir de la progression. Il
y a une relation logique directe entre la proportion et la progression des
marges. Pour un format 3/4, la bonne progression est 3, 4, 6, 8 (toujours
avec y = 2).
De même, il y a une relation logique, qui reste à établir de façon plus
précise, entre les proportions et les facteurs x (nombre de subdivisions)
et y (facteur d'augmentation des grandes marges). Pour x, certaines valeurs
sont traditionnelles (6, 9 et 12), dont la relation avec le couple de
proportions usuelles 2/3 et 3/4 est évidente. La valeur de y est
généralement de 2, qui permet d'avoir l'angle extérieur supérieur de
l'empagement sur la diagonale de la double page, selon la figure de Villard.
Mais pour des formats basés sur des rationnels et non des entiers, on
pourrait imaginer x et y non entiers, par exemple y = 1/?2 pour un format
ISO.
Je n'ai pas modélisé le tracé de Hambidge, mais je pense qu'avec un peu de
réflexion ce doit être faisable.

>On me pose la question suivante, dans l'optique de « programmer » les
>paramètres d'une maquette.
>
>Quels sont les paramètres qui définissent une maquette, dans quel
>ordre les détermineriez-vous, y a-t-il une sorte d'arbre logique dans
>les décisions à prendre ?
>
>par exemple, admettons que l'ordre soit :
>1. format de la page (papier),

Généralement, le format du papier est imposé au départ pour des impératifs
de fabrication, et le maquettiste n'est pas libre sur ce point.

>2. empagement (tracés régulateurs, tout ce que vous voulez)
>  2a. sous question : considérez-vous que les entêtes font partie de
>  l'empagement ? est-ce que ça dépend de l'entête ?

Normalement non, mais ça dépend effectivement de l'entête et du type de
mise en page. Dans les ouvrages scolaires comme ceux sur lesquels je
travaille actuellement, par exemple, il est fréquent qu'il y ait un double
"empagement" : un pour le texte du cours, un deuxième, l'englobant, qui
contient en plus les notes et l'icono marginale. Dans ce cas, l'entête peut
être inclus.

>3. choix d'une police et d'un interligne.

Le choix du corps est souvent imposé, aussi. En scolaire, on essaie
d'éviter les corps trop petits qui pourraient rebuter les petites classes.
En prépas scientifiques, on est moins attentionné, on considère qu'ils sont
motivés... C'est pour ça qu'il est tentant de jouer sur des empagements
particulièrement "cheap". J'essaie de montrer qu'il existe de meilleures
solutions (choix de fontes de petit oeil plus lisibles et chassant moins,
composition en alinéa plutôt qu'en espaces interparagraphes...), le message
passe, petit à petit.

>Dernière énigme : qu'est-ce que l'« empagement » : le rectangle
>visuellement gris sur chaque page pleine (donc en fait ça commence un
>x au-dessus de la première ligne de base et ça finit avec la dernière)
>ou la « boundingbox » du bloc de texte (une ligne de base au-dessus
>de la première, ou un À au-dessus..., jusqu'aux descendantes de la
>dernière ligne) ?

Pour moi, c'est le rectangle visuel qui compte, donc : hauteur des caps en
haut (majuscules et ascendantes sont beaucoup plus fréquentes que
descendantes), ligne de base en bas. L'emmerdement, c'est qu'XPress prend
systématiquement en compte les descendantes, pas la ligne de base (on a le
choix en haut, pas en bas). :(((

Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
	http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse
(projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
illustrative).