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Message : Re: Accentuation des capitales (Jacques Melot) - Mardi 19 Juin 2001 |
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Subject: | Re: Accentuation des capitales |
Date: | Tue, 19 Jun 2001 11:45:57 +0000 |
From: | Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx> |
Le 19/06/01, à 12:01 +0200, nous recevions de Louis Bouyssoux :
Pardon de lancer un sujet sans doute éculé, mais une querelle nous oppose en ce moment, entre divers professeurs de français sur l'obligation ou non d'accentuer les capitales. J'affirme que cette obligation n'est nulle part, sinon dans la conscience du tapuscripteur, qui doit faire en sorte de se faire comprendre (LE PALAIS DES CONGRÈS plutôt que LE PALAIS DES CONGRES). D'aucuns parmi mes escarmoucheurs estiment que l'accentuation des capitales est obligatoire dans tous les cas. Je vous demande donc : existe-t-il un texte résolvant noir sur blanc ce problème ? Quelles sont les différentes écoles qui s'opposent ? Louis
Nous connaissons bien ce genre de question ici et nous en avons traité à maintes reprises, comme ailleurs, et de manière guère moins passionnée, hélas.
Le problème est généralement posé de manière regrettable, si l'on peut s'exprimer ainsi. On cherche, là, symptomatiquement, une vérité absolue, se traduisant par une obligation, contrairmement à ce que l'on ferait dans bien d'autres cas où l'on sefforcerait, à la place, de raisonner ou d'examiner les usages. A-t-on, par le passé, accentué systématiquement les capitales dans l'écrit imprimé français ? La réponse est clairement : non. Les règles d'accentuation que l'on peut dégager à l'examen des usages sont multiples et contradictoires, non seulement entre elles, mais souvent même aussi dans leur application dans un même ouvrage. Mais, les choses évoluent, notamment sous l'influence des techniques à disposition et sous la pression de besoins nouveaux. Nous sommes devenus plus exigent en ce qui concerne l'univocité du sens et l'exactitude des noms, et pas seulement dans les sciences. On attache plus d'importance à une restitution exacte des mots étrangers et du nom propre des personnes, même français. Tout cela, joint à un soucis d'éviter les ambiguïtés dans un contexte international, justifie une règle d'accentuation systématique des capitales, puisque maintenant nous disposons de machines aussi répandues que les machines à écrire jadis, sinon plus, permettant d'accentuer sans difficulté toutes les capitales (théoriquement du moins, car sur dans le système d'exploitation Windows, « tout » s'y oppose encore). Du reste, ayant à disposition les capitales accentuées, il suffit de constater que la capitale correspondant à é est É, à ê est Ê, etc., et donc que l'accentuation des capitales ne peut être une faute, déjà pour cette simple raison. Prenons l'exemple du dictionnaire français-latin de QUICHERAT ET CHATELAIN. Si vous décidez de citer cet ouvrage dans une bibliographie, vous allez devoir transcrire le titre, le lieu d'édition, la date, etc. Arrivé au nom des auteurs vous allez vous demander : « Mais comment donc vais-je restituer exactement le nom du second auteur en bas de casse ? » En effet, aux endroits où ce nom apparaît, il est partout écrit en capitales sans aucun accent. Or, si vous examinez la page de titre, vous verrez que tout ce qui est écrit en capitales n'est que partiellement accentué. Le sous-titre est composé en capitales où l'on remarque « ÉGLISE », mais aussi « MOYEN AGE » (sans accent circonflexe). Dans ces conditions un doute est jeté, et il vous est impossible, sans aide extérieure, et donc sans perdre du temps à des recherches qui aboutiront... ou non, de savoir à quelle variante orthographique exacte appartenait le nom du second auteur (présence ou non d'un accent circonflexe sur le a). C'est ainsi que, par une sorte de « téléphone arabe » typographique, apparaissent des artefacts bibliographiques qui, à terme, entraînent des pertes de temps considérables ou des confusions. Donc, de grâce, ne cherchez pas une vérité révélée dans ce domaine, ce qui débouche à l'évidence sur des querelles sans issue, mais considérez les choses comme elles sont et faites votre choix en conséquence. Le dogmatisme y est très malvenu, car il ne mène à rien, sinon à pousser les gens à prendre systématiquement le contre-pied de leurs adversaires ! Si, dans une oeuvre de fiction le texte est composé sans accentuer la préposition « à » en début de phrase, il n'y a pas lieu de s'en offusquer et encore moins de décréter que c'est une erreur : il y a un usage indéniable pour cela. Si dans un ouvrage didactique on accentue systématiquement les capitales, de même, il n'y a pas lieu de s'en plaindre : cela ne peut en aucun cas nuire à l'information que le lecteur y trouvera. Bien au contraire, cela évitera des ambiguïtés insolubles dans bien des cas. Vous écrivez un livre d'apprentissage du français destiné aux étrangers ? Ne pas y accentuer les capitales ne pourra que participer à donner un sens de l'orthographe plus vague que dans le cas contraire. Etc. L'accentuation systématique des capitales s'instaure peu à peu, d'ailleurs facilement, comme règle dans l'écrit spécialisé, car la raison parle en faveur de cette règle. Les domaines moins spécialisés, pour finir par celui de la fiction littéraire, suivront vraisemblablement sans qu'il soit nécessaire de faire pression dans ce sens. Encore une fois, les « il faut », « on doit », etc., sont à proscrire formellement lorsqu'on parle d'accentuation des capitales : c'est inutile, déplacé et inefficace. Il faut faire marcher sa tête, c'est tout.
Jacques Melot
- Re: Accentuation des capitales, (continued)
- Re: Accentuation des capitales, Jean-Denis (19/06/2001)
- Re: Accentuation des capitales, Patrick Cazaux (19/06/2001)
- RE: Accentuation des capitales, Pierre Duhem (19/06/2001)
- Re: Accentuation des capitales, Jacques Melot <=
- Re: Accentuation des capitales, Damien WYART (19/06/2001)
- Re: Accentuation des capitales, Lacroux (19/06/2001)
- Re: Accentuation des capitales, Jacques Melot (19/06/2001)
- Re: Accentuation des capitales, sabine (19/06/2001)
- Re: Accentuation des capitales, Jacques Andre (19/06/2001)
- Re: Accentuation des capitales, Thierry Bouche (19/06/2001)
- Re: Accentuation des capitales, Patrick Cazaux (19/06/2001)