Re: OE et petit classique Larousse

[Olivier Randier <orandier@xxxxxxxxxxxx>]

>Nils Gesbert wrote:
>>
>> J'ai un petit classique Larousse de 1949 où le ¼ (O-E pour ceux qui ne
>> lisent pas le latin9) est constitué d'un O plus étroit que le O ordinaire
>> mais néanmoins de forme elliptique, les trois barres horizontales (je ne
>> connais pas le terme technique) du E venant s'appuyer directement sur la
>> courbe du O ; j'ai trouvé ça plus joli et plus élégant que le dessin qu'on
>> voit partout où le O ressemble à un D retourné.
>
>Il y a en effet toute une panoplie de OE :
>- ceux où le O est réduit à un C (p.ex. Bodoni),
>- ceux où l O ressemble à un D à l'envers (p.ex. Baskerville, Caslon, Antique
>Olive),

Je ne vois pas très bien la différence que tu fais entre ces deux formes.

>- ceux où le O est fort et le E moins important (p.ex. Avant-Garde),
>- etc.

Personnellement je distinguerai quatre formes bien précises :
-- le D inversé-E (la plupart des fontes, surtout en labeur) ;
-- Le O collé à l'E (Avant-Garde), moins courant ;
-- Le O à barres' sortantes (celui de Nils), plutôt rare ;
-- Le E sur l'O (lettres superposées, fut du E au centre du O) que j'ai vu
surtout sur des caractères de l'I.N., il me semble.
Y en a peut-être d'autres, mais c'est ce qui me vient spontanément.

En corollaire, si l'OE est à barres sortantes, la logique voudrait que le Æ
soit de la même veine, un A normal avec les barres du E qui en sortent (ce
qui donne un curieux air penché au E de l'Æ). C'est sans doute à cause de
ça que la forme gesbertienne est plus rare. Pour l'Æ, il n'y a que deux
formes, je crois :
-- le A penché, E droit (le plus courant) ;
-- le A droit, E penché.
Pas de forme avec le fut du E au milieu de l'A (à moins que quelqu'un ait
croisé un jour ce monstre ? Pas de forme équivalente au OE de
l'Avant-Garde, elle n'aurait pas de sens.

>donc en gros, très lié à la classification des caractères !

???

>De là à dire que l'on voit partout "ça" ou que tel autre est plus joli qu'un
>autre... Affaire de goût et d'usage.
>Le Times est réputé dégueu, mais si on le voyait moins souvent, il paraitrait
>beau. Et c'est peut-être pour ça qu'il a encore du succès comme fonte
>passe-partout (au moins on est sûr de ne pas se tromper : il marche !).

Mmmmouais, si on veut. Si on le voyait moins souvent, est-ce qu'on se
rendrait moins compte que son t est tout rabougri, ses descendantes et
ascendantes riquiqui(es ?), et ses empattements agressifs (on dirait du
Tiffany) ? Quant à son succès, il l'a sans doute dû aussi au prestige du
journal dont il est l'éponyme, puis au fait qu'il fasse partie des fontes
installées sur toutes les machines et, surtout, surtout, qu'il soit la
fonte par défaut de Mot?.
Il suffit de comparer un Plantin et un Times pour être convaincu que
Morison a plutôt desservi son modèle (non que le Plantin soit fidèle,
d'ailleurs).


1. Le terme technique est « barre ». Lorsque j'ai appris le dessin de
lettres, on parlait de futs pour les traits verticaux épais (et ceux du
ductus descendant) et de barres pour les traits horizontaux fins (et ceux
du ductus montant).

Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
	http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse
(projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
illustrative).