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Message : Re[2]: Normes selon les pays ? [espace fine]

(Thierry Bouche) - Lundi 05 Août 2002
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Subject:    Re[2]: Normes selon les pays ? [espace fine]
Date:    Mon, 5 Aug 2002 23:51:28 +0200
From:    Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Le dimanche 4 août 2002, à 19:55:12, Bernard Déchanez écrivit :

BD> Vrai que tout cela paraît subtil à première vue. Connaissant bien Roger
BD> Chatelain, je sais qu'il a supervisé scrupuleusement la composition du
BD> « Guide du typographe » selon les principes typographiques décrits à la
BD> page 227, soit : « L'espacement entre les mots doit être régulier, ni trop
BD> serré ni exagérément large. En principe, l'espace normale entre deux mots
BD> est de la valeur d'un Рr ð pour une ligne en minuscules et d'un РR ð pour
BD> une ligne en capitales. »

c'est marrant, ce « r », c'est spécifique à la typo Romande ?

En général, j'avais vu recommandé la chasse du _i_. En repartant sur
Utopia, qui n'est certes pas romande, on voit que l'espace chasse 225
millièmes de cadr., _i_ 291 et _r_ 389... pour AGaramond, on a 250, 257 et
332, et des valeurs quasi identiques pour Times. Helvetica, emblême
supposé de la typographie du même nom, reste dans la même zone : 278,
222 et 333 (on comprend pourquoi le _i_ n'est peut-être pas toujours
idéal...), alors qu'Univers a une vision différente du monde : 278,
278 et 389.

En somme, pour une garalde plus ou moins modernisée, la chasse du _r_
n'est autre que le tiers de cadratin, tandis que la chasse du _i_
voisine le quart.

BD> Le « Guide du typographe » a été composé sous QuarkXPress, donc l'espace
BD> fine a certainement été réglée sur 25 %, donc un quart de cadratin pour tous
BD> les corps (soit la valeur d'un « i ») et les C&J sur des valeurs assez
BD> serrées pour retrouver l'espace normale de la valeur d'un « r ». Tout cela
BD> plaît à un typographe suisse, mais déplaît manifestement dans l'hexagone. Je
BD> n'ai pas d'explication rationnelle à ces perceptions visuelles différentes.

Il doit y avoir une incompréhension ici, car je doute qu'Olivier
reproche à la fine d'être trop fine si elle diffère de l'espace mot
d'un douzième de cadratin !

Il est difficile de décrire un « goût françois » en matière
d'espacement. On a beaucoup parlé du « look de l'étroit », qui
correspond à une compo serrée, mais surtout à des approches réduites,
voire à de l'interlettrage négatif. En fait, on voit beaucoup, dans la
pub, des compositions très lâches (interligne énorme, intermots
gargantuesques) dont les mots sont au contraire très serrés en
interne. Je suppose que c'est conçu comme message subliminal : le
produit vous éviterait à coup sûr la syncope dont vous souffrez en
lisant ces mots...

Si on balaie tous ces gens qui utilisent XPress sans avoir la moindre
notion de typographie, les gars formés sur linotype, et les lecteurs
de Libé ; je crois (en n'oubliant pas que tout énoncé portant sur les
éléments d'un ensemble vide est nécessairement vrai) que le goût des
survivants serait plutôt une espace mot caoutchoutant entre le quart
et le tiers, un fine entre la neuvième et la dixième partie du
cadratin. Ceci me semble cohérent avec les compositions parfaites du
XVIe siècle, avec le léger bémol suggéré par Olivier que le cadratin a
probablement perdu de l'embonpoint depuis ces temps éloignés, et que
la compo informatisée permettant de réduire et d'ajuster infiniment
mieux les approches, l'espace mot devrait avoir une valeur au repos un
peu plus étroite que celle d'alors. Pour ce qui est de moins jouer
l'accordéon de nos jours, il faudra changer de logiciel ténor du
marché...

À mon sens, le gris d'un pavé n'est satisfaisant que si la fine et
l'intermot sont réglés en fonction du gris naturel de la police, qui
dépend évidemment de sa graisse, mais aussi énormément des blancs
internes que sont les approches et les contrepoinçons. Dans ce sens,
je trouve très séduisante l'idée de calculer l'espace mot idéale à
partir d'une lettre. Mais en fait, je préférerais encore un calcul
prenant en compte la comparaison de plusieurs lettres (i, n, m,
disons), voire de quelques unes de leurs combinaisons.

Pour la fine, en attendant que les programmes soient enfin capables de
la rendre semijustifiante, une valeur entre le point (minimum absolu,
ce me semble), le neuvième de cadratin, le tiers et la moitié de
l'intermot devrait faire l'affaire.










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Cordialement,
 Thierry