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Message : Re : [typo] Réglage de l'approche des caractères

(Xavier) - Mercredi 23 Avril 2003
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Subject:    Re : [typo] Réglage de l'approche des caractères
Date:    Wed, 23 Apr 2003 14:41:18 +0200
From:    "Xavier" <xlegrand@xxxxxxxxxxxxxxxx>

Bonjour,

Je viens de lire la contribution d'Olivier Randier et je me rens compte que
j'ai à peu près les mêmes pratiques. Je confirme que je modifie très peu
l'interlettrage dans la composition courante.
Question conditions de travail, je compose essentiellement pour des éditeurs
de littérature. "L'ennemi" ici n'est pas un DA ou un chef de fab', mais le
ou les gestionnaires qui imposent des budgets draconiens au directeur
littéraire. Comme la plupart des bouquins dont le tirage est supérieur à
2500 ex. sont imprimés sur Cameron ou un autre système du même genre, la
division de l'ouvrage en cahiers se fait en 22 ou 24 pages non divisibles
(exit les multiples de 4). Ainsi lorsqu'un manuscrit arrive chez l'éditeur
on le budgète au plus petit nombre de cahiers possibles. A charge pour le
metteur en pages de le faire rentrer.
Voilà une contrainte supplémentaire qui demande au sous-traitant de tester
de nombreuses variantes avant de jeter l'éponge et de convaincre l'éditeur
de dépasser son budget pour augmenter l'ouvrage d'un cahier supplémentaire.
Ceci dit il existe tellement de variations possibles - sans massacrer pour
autant le fameux gris typographique -, que le besoin de négocier un cahier
de plus est rare. En revanche, aucun livre de l'éditeur ne ressemble au
précédent ou au suivant : hauteur du corps, étroitisation, modification de
l'empagement, chapitres démarrant ou non en belle page, etc. : toutes les
astuces utilisées détruisent l'harmonie d'une collection.
Et "avant" ? Pour la littérature étrangère - à part quelques exceptions - le
texte était calibré : c'est-à-dire coupé. Prenez des collections comme Le
Masque (dès l'avant-guerre) et la Série Noire : des coupes de l'ordre de 30
à 40 % selon les cas pour tomber "juste". Dans d'autres cas, j'ai constaté
des coupes jusqu'à 50 %. Et ces pratiques n'ont pas totalement disparu en
raison - essentiellement - des coûts de traduction des pavés anglo-saxons.
Chez un autre éditeur de romans sentimentaux de grande diffusion, les
traducteurs calibrent tout en traduisant ou plutôt en adaptant. Une autre
façon de tomber "juste". Tout ceci n'affecte pas vraiment la qualité de la
composition. Cet aparté pour signaler que même chez les éditeurs de
littérature, il existait - et il existe encore - des astuces pour calibrer
les ouvrages.
Enfin, quand on regarde la composition de la littérature de l'époque du
plomb il n'y a pas de quoi, en général, s'extasier. A part les ouvrages de
luxe, certaines revues etc. les compositions étaient médiocres. La seule
différence avec maintenant, c'est que le travail de composition s'est
déplacé des ateliers avec des gens formés, vers des lieux privés avec des
personnes équipées à faible coût et à la formation hétérogène.

Pour conclure et pour répondre à la remarque suivante :

> Ben, tant qu'il y aura des couillons pour accepter de faire de la merde pas
> chère...

Je ne sais pas si je fais de la merde - je suis mal placé pour être juge -,
mais ce qui est sûr c'est que c'est pas cher payé !

Cordiales salutations,


Xavier Legrand-Ferronnière

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Le Visage Vert/Entrelignes
Xavier Legrand-Ferronnière
xlegrand@xxxxxxxxxxxxxxxx
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