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Message : Re: [typo] Capitale universitaire..

(Thierry Bouche) - Lundi 13 Octobre 2003
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Subject:    Re: [typo] Capitale universitaire..
Date:    Mon, 13 Oct 2003 11:14:25 +0200
From:    Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Le lundi 13 octobre 2003 à 10:31:28, goudal goudal écrivit :



>>
>>L'orthographe et l'orthotypographie  ne sont pas là pour faciliter les
>>premiers pas en lecture, mais pour permettre au lecteur confirmé de se
>>couler dans un texte. Votre argument ne tient donc pas.

gef> Source de cette affirmation ?


ben c'est tout à fait exact, Frédéric : les règles d'orthotypo sont
destinées aux lecteurs aguerris, pas aux bébés. Le bénéfice évident des
ligatures en _f_ pose quelques problèmes aux apprentis lecteurs, par
exemple...

Je faisais référence aux difficultés d'un enfant non pas pour prétendre
que la discussion portait sur les premières heures de la lecture, mais
pour bien marquer le fait que le « naturel » auquel J.-F. R. faisait
référence était la conséquence d'un apprentissage plutôt
contre-intuitif. Ça n'est pas en soi un argument définitif, puisque
l'usage de l'alphabet est probablement aussi un acquis contre-intuitif
imposé par le milieu social...

Ce que je conteste, c'est la naturalité d'un procédé qui est très
historiquement marqué : un type de la cinquantaine qui est passé dans sa
jeunesse par les oukases scolaires anti-accentuation, qui a lu ensuite
une majorité d'imprimés dans lesquels les majuscules sont dénuées
d'accent, _préfère_ voir des caps sans accent. Il peut même aller
jusqu'à trouver plus simple une relation complexe entre une minuscule
et sa majuscule qu'une limpide correspondance biunivoque, pour garder le
vocabulaire de son époque.

Les problèmes relatifs à ce discours sont nombreux, mais mon sentiment
est qu'ils ne relèvent en rien d'une argumentation rationnelle, ce qui
explique le dialogue de sourds.

On a d'un côté un école récente, qui s'assied sur une longue tradition
assez largement entâchée d'incohérences, tout de même. Cette école
prône : clarté, intégrité, généricité. Les tenants de cette école qui se
cherchent des références indiscutables, des arguments d'autorité, n'ont
pas de chance : c'est une école nouvelle, on trouvera des plaidoyers, des
argumentaires de qualité, voire même des comptines plutôt marrantes
(é, E, É du ci-devant J.-P. Lacroux dans son funeste _Tombeau_), mais
pas de vieux dogme poussiéreux estampillé de quelque cachet prestigieux.

On a de l'autre côté l'école classique, qui ne trouve rien à redire à
l'incohérence du traitement des accents selon la (les) tradition(s),
voire qui la justifie par des sommets de mauvaise foi pseudo
gestaltienne.

Il n'y a rien à ajouter à cela : on ne peut que constater que la plupart
des journaux appliquent ça, qu'il y a toujours eu des livres où tous les
accents ont été imprimés, d'autres où seuls certains accents survivent
dans certains contextes.

il faut voir qu'une référence à l'Académie pour trancher cette question
est périlleuse : que disait-elle il y a vingt ans, cinquante ans, cent
ans ? L'orthographe était-elle différente ? Les imprimeurs ne
disposaient-ils pas de la capacité d'imprimer les caps accentuées ? La
référence au lexique de l'I.N. est également dangereuse : selon
l'édition, on n'accentuera pas les majuscules, ou toutes sauf le À, ou
carrément toutes ! Je suis entièrement d'accord avec Jean-François sur
le fait que prendre un dictionnaire en exemple est débile : heureusement
que les impr. cour. ne sont pas c. comme des Dict.* !

Bref, là où nous convergeons, c'est sur le fait qu'il faut se décider en
son âme et conscience (et en fonction des contraintes : c'est le donneur
d'ordre qui a raison !). Là où nous divergeons, c'est juste sur le fait
qu'en regardant bien les diverses éventualités dans le blanc des yeux,
il y en a une qui n'a que des avantages et l'autre qui a un seul
avantage : ne pas choquer les yeux de ceux qui s'y sont habitués.
Mais ça aussi, c'est un des rôles de l'orthpotypo ! lisser la
présentation du texte pour que sa forme ne dérange pas le lecteur.

On avait convenu il y a déjà quelques années que quasiment tous les
avantages de la « marche » panaccentuée étaient assurés si l'on
saisissait l'information intègre (bon code ISO ou unicode) et qu'on
utilisait une police où les glyphes des capitales seraient dépourvus
d'accents. Mais cette « solution » montre bien, il me semble, de quel
côté se trouve la simplicité !





 Thierry Bouche