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Message : Re: [typo] contribution et codage

(Christian Laucou-Soulignac) - Lundi 17 Mai 2004
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Subject:    Re: [typo] contribution et codage
Date:    Mon, 17 May 2004 00:24:30 +0200
From:    "Christian Laucou-Soulignac" <fornax@xxxxxxxxxxx>

Réponse au texte de "Jean-François Roberts"
<jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>
To: <typographie@xxxxxxxxxxxxxxx>
Sent: Sunday, May 16, 2004 8:38 PM
Subject: Re: [typo] contribution et codage


[...]

JFR : Un problème qui n'a pas trop été abordé jusqu'ici (il n'est pas évoqué
non
plus dans le recueil _Les Trois Révolutions du livre_, si je ne m'abuse) est
celui des encres utilisées par les imprimeurs chinois, ainsi que le rappelle
Tsien Tsuen-Hsuin  : solubles dans l'eau (l'encre de Chine), elles ne
convenaient ni aux types métalliques, ni aux types en terre cuite ou
porcelaine. Les types en bois, bien sûr, résolvaient cette question (mais
leur production était plus malaisée).

[...]

Je ne voulais pas intervenir dans cette discussion pour la lire et
l'apprécier de l'extérieur, mais je ne résiste pas au désir de faire une
réponse au sujet du petit point ci-dessus.
Les historiens sont généralement des gens compétents. Je suppose que Tsien
Tsuen-Hsuin en est un. Mais ils sont rarement praticiens des disciplines
qu'ils "historient". Un historien de la paysannerie ne tire généralement pas
ses ressources d'une exploitation agricole et un historien de l'imprimerie
n'est pas toujours un imprimeur (il est vrai qu'il y en a eu et j'en
connais).
Il est non moins vrai, _la plupart du temps_ que des encres à l'eau ne
peuvent encrer correctement un type métallique. Mais ce n'est le cas qu'avec
des métaux dont la surface imprimante est lisse et polie comme un miroir. Il
suffit d'imaginer une surface légèrement grenue, _grainée_, dirons-nous,
tout en gardant une surface parfaitement plane (ici dans le sens contraire
de _bombé_) et nous verrions l'encre à l'eau qui formait de désagréables
gouttelettes sur la surface miroir, s'étaler à loisir sur la surface
grainée. Ce que je viens d'expliquer est, en partie, le principe de la
plaque offset. Et ce principe est tout à fait valable pour l'oeil des
caractères typographiques. Il suffit de le dépolir sans l'abîmer à l'aide
d'un abrasif léger pour qu'une impression à l'aide d'encres à l'eau soit
possible. Cette chose, je ne la tire pas d'un manuel, mais de mon expérience
personnelle.
Entrons maintenant dans la 'Pataphysique et faisons des suppositions :
1. - les Chinois d'alors n'étaient pas plus stupides que Christian Laucou,
2. - les types métalliques qu'ils produisaient n'avaient pas un oeil
parfaitement poli _ou_
3. - ils les avaient dépolis
et ils pouvaient parfaitement imprimer avec des encres à l'eau.
N. B. : Une encre à l'eau, par ailleurs, n'est pas toujours liquide (comme
on a l'habitude de voir l'encre de Chine en bouteille). Elle peut avoir une
viscosité considérablement plus élevée. Cela dépend de sa concentration en
liant, généralement un colloïde, de la gomme arabique, par exemple. Les
phénomènes de rétractation des encres à l'eau sont inversement
proportionnels à la viscosité de l'encre.

C'est tout pour aujourd'hui. Il est tard, je vais me coucher.

Christian Laucou.