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Message : Massin assassin d'Azerty

(Eric Angelini) - Vendredi 26 Novembre 2004
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Subject:    Massin assassin d'Azerty
Date:    Fri, 26 Nov 2004 12:38:09 +0100
From:    "Eric Angelini" <keynews.tv@xxxxxxxxx>

Faites-vous plaisir pour les fêtes : n'achetez pas le
Massin récemment publié chez Gallimard, « AZERTY ».
Outre la laideur incroyable de l'objet, la mise en
pages est à gerber et le propos totalement insignifiant.
Mr Massin (que j'ai vénéré pour « La Lettre et l'Image »)
vient d'atteindre son niveau d'incompétence. Triste.
Tout ce qu'il avance est approximatif [le livre est
l'histoire des 26 lettres de l'alphabet, on y cause
protosinaïtique et phénicien, lesdites lettres étant
évoquées une à une dans l'ordre du clavier (français),
d'abord le A, puis le Z, puis le E... jusqu'au N]. Sauf
qu'on a lu beaucoup mieux déjà, plus documenté et fouillé.
Et beaucoup mieux présenté (le Massin semble avoir été
imprimé en 1964 -- façon Cantatrice chauve scolaire à
mort). Sans parler des innombrables fautes d'orthographe,
typo, coquilles, etc. -- le pire étant le style ampoulé
de l'auteur et les digressions totalement hors de propos
(il faut avoir lu l'incroyable histoire du Big Bang revue
et corrigée par Massin, un brouet de Science et Vie, des
frères Bogdanov et du café du Commerce). Ce type écrit
comme un pied, on dirait qu'il a dicté son bouquin par
GSM à l'éditeur et que personne n'est passé derrière
(en 4e de couv' l'écriture date de 5000 ans, quelques
pages avant la fin elle date de 6000 ans). J'avais com-
mencé par surligner qq erreurs puis j'ai arrêté :
- p.11 : « Pour rendre les quelque douze sons-voyelles,
nous ne disposons que de cinq voyelles : a e i o u »
(il y a seize « sons-voyelles » et six voyelles avec y,
il me semble)
- p.16 : « Enfin, la découverte, en 1982, d'une particule
élémentaire, le Z, laisse rêveur : sa durée de vie n'est
que de moins d'un trillionième de trillonième (sic) de
seconde » -- [ça laisse rêveur, effectivement -- comme
la « virgulite » obssessionnelle de l'auteur dans tout
l'ouvrage ainsi que la propension au hors-sujet qu'il-
lustre bien cette phrase (terminant le chapitre sur le Z)]
- p.50 et 51 : une ligne commence par un deux-points, les
« e » supérieurs des siècles (XIXe) sont dans deux corps
différents à 15 lignes d'écart (problème récurrent dans
tout le livre, les « e » supérieurs des siècles : j'ai
compté au moins trois corps différents -- avec parfois,
comme à la p.60 un corps *supérieur* à celui du texte --
avec apparition subséquente d'un interligne colossal.
En bas de la page 52 la mention italique « suite p.57 »
est dans un autre corps que celle de la p.75, etc.)
- p.84 une ligne commence par un guillemet fermant et le
mot « point-virgule » est coupé ainsi : (...) point-vir-
                                        gule (...)
en fin de ligne, etc.
- p.89 « se non è vero... » devient « si non è vero... »
- p.101 : « événement » (nouvelle orthographe -- alors que
plusieurs « graffiti » de la p.115 ne prennent pas la mar-
que du pluriel -- graffitis)
- p.146 : « Mlle de Vendôme », sans supérieures
- p.157 : j'ai des doutes sur les « kipou incas » et les
« wanpums des Indiens » (« kippus » -- au pluriel et
« wampums » ou « wampuns », non ?)
- p.165 et 166 [le meilleur (?), pour la fin] : « B. Cette
deuxième lettre dans tous les alphabets dérivant du phéni-
cien est absente de l'étrusque. » -- avec une splendide
illustration de B étrusque dix lignes plus bas, coincée
entre un B grec occidental et un B latin. Sur la page sui-
vante Massin se lance dans un délire sur Bach où l'on trou-
ve : « J'aime ces cantates joyeuses et dansantes, comme la
BWV 134 du troisième jour de Pâques. Les plus belles (für
mich) : les 4, 34 et 140 du BWV (...). Et j'ai depuis des
décennies des automobiles de la même marque : BWV ». Ah
bon ?! Avec autoravio ?
- j'oubliais, p.174 (où toute l'histoire des chiffres est
résumée en *une* page) : « Ainsi, les Aztèques et les Mayas
comptaient par vingt (probablement en se servant de leurs
dix doigts, auxquels, marchant pieds nus, on pouvait ajou-
ter les orteils) » -- des gros orteils alors, du côté de
Tchernobyl sans doute... Plus loin on lira encore : « (...)
de même qu'il faut monter 365 marches pour arriver en haut
de la pyramide de Chichén Itzà, au Mexique » -- pas de bol,
je les ai montées, ces marches, il n'y en a « que » 91...

... Bon, c'est pas trop grave tout ça, si ce n'était si
moche, cet opus...

à+
É.