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Message : Re : [typo] accent

(Didier Pemerle) - Jeudi 26 Mai 2005
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Subject:    Re : [typo] accent
Date:    Thu, 26 May 2005 15:44:23 +0200
From:    Didier Pemerle <didpem@xxxxxxx>

 > De : Didier Pemerle <didpem@xxxxxxx>
 Répondre à : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
 Date : Wed, 25 May 2005 22:01:57 +0200
 À : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
 Objet : Re : [typo] accent



 Ce qui revient à dire que l'accent circonflexe est la trace d'un signe qui
 qui n'a même pas toujours - tant s'en faut, pour nombre de mots : ainsi,
 "pâle" - commencé par avoir la valeur /s/.

 Si "pâle" vient du latin _pallidus_, il ne peut
 être question d'un "s" après le "a".


Et justement : "pâle" s'est d'abord écrit, en français, "pasle", devenu
régulièrement "pâle" conformément à l'évolution générale de l'orthographe.

Non. La première occurrence, dans la _Chanson de Roland_ (XIe siècle) se lit "pale" d'après Dauzat.


Ce "s"-là, bien entendu, ne s'est jamais proncé /s/ : c'était le "s" muet du
XVIe siècle, servant à marquer une voyelle longue *sans référence nécessaire
à une étymologie*, vraie ou supposée.

Voyez Nina Catach (dir.), _Dictionnaire historique de l'orthograophe
française_, s.v. "pâle".

Non, ce n'est pas un "s muet" (au sens où l y a un "e" muet), mais, dans le cas de "pasle", un "s" postiche, ou, plus précisément, graphique.


Ce qui prouve bien, une fois de plus, l'inanité des mythes populaires sur
les accents. La typo n'a pas à s'en inspirer.


Je ne comprends pas la valeur probatoire de cette phrase.


 > Si c'est pour dire que l'écriture n'est pas une
 stricte notation des phonèmes (en supposant connu
 le sens exact du terme), la porte que vous
 enfoncez longuement était ouverte depuis
 longtemps, aprroximativement depuis l'adoption de
 l'alphabet phénicien par les Grecs -- pour s'en
 tenir au domaine européen.
 Didier pemerle


Non : ce n'est pas cette porte ouverte-là qui m'intéresse. Mais bien la
distinction entre les accents - qui n'ont *aucune valeur univoque*, et
n'indiquent pas fiablement un phonème particulier - et la cédille, qui a une
valeur fixe, et modifie effectivement la prononciation de la seule lettre
(le "c") à laquelle elle s'applique. Merci de *lire* ce que je dis, plutôt
que ce qui vous arrangerait que j'eusse dit.

Ce qui m'arrangerait, vous ne pouvez en avoir l'idée, particulièrement quant à ce que vous écrivez. Je ne discute pas pour l'avantage d'avoir raison, ce qui n'est qu'un problème de narcissisme, et qui m'est étranger, mais pour essayer de comprendre ce que vous écrivez, et que je lis. Jusque-là, j'ai échoué. La cédille n'est rien d'autre qu'un procédé graphique. Un phonème n'a strictement rien à voir avec la notation qui en est faite. Ce sont des "objets" et même des systèmes totalement hétérogènes. Il me semble que professer le contraire relève de la pensée magique. Oui, on peut constater que la lettre "e" est surmontée d'un certain nombre d'accents qui sont purement graphiques et conventionnels (donc ortho-graphiques si on est d'accord pour dire que c'est bien de les employer), et dont les oppositions (au sens qu'on donne à ce mot en linguistique) ne coïncident pas avec les oppositions (idem) de phonèmes. Et quand on a constaté ça, et qu'on le constate un peu partout dans les langues écrite et parlée, qu'est-ce qu'on fait ? Rien. Ou alors on lit (inutile de coincer ce mot entre des astérisques emphatiques !), de manière à faire coïncider les deux séries d'objets et de systèmes, phonèmes (non pas réalisés, mais imaginés, ce qui est assez balaise) et signes graphiques.

Didier Pemerle