Archive Liste Typographie
Message : Re: [typo] relativisme et absolutisme...

(Thierry Bouche) - Mercredi 26 Octobre 2005
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re: [typo] relativisme et absolutisme...
Date:    Wed, 26 Oct 2005 10:25:57 +0200
From:    Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Le mercredi 26 octobre 2005 vers 05:35:08, Jean-François Roberts écrivait :

JF> Orthotypographie (s.f.) : concept idéal, dont divers ouvrages
JF> donnent des interprétations contradictoires. 

votre définition ne me semble pas définir grand chose... Je ne pense pas
que l'orthotypographie soit un concept idéal (si ce n'est que peut-être,
tous les concepts le sont ? il y a du platonisme tautologique dans votre
dico ?)

Comme l'orthographe, l'orthotypographie est à la fois le système
orthotypographique de tel ou tel (ou son absence), l'ensemble des
questions que pose la normalisation des enrichissements typographiques
qui sont hors de portée des discours linguistiques.

Les marches relèvent pour partie d'une instanciation d'un système
orthotypographique dans un contexte donné (maison d'édition, type
d'ouvrage) mais débordent sensiblement de ces questions pour empiéter
parfois sur le territoire de l'orthographe ou de la maquette.

Dans le relativisme absolu qui vous est cher, l'orthotypo est une notion
vague, il n'y a que des marches qui toutes se valent (du moment qu'elles
ont une cohérence interne ?) ; le seul travail du typo et du correcteur
est d'appliquer sans état d'âme telle marche dans tel contexte et de
s'assurer de la cohérence du système à l'échelon le plus petit (un
volume, une publication). Les lecteurs qui lisent plus d'une publication
sont aimablement invités à se débrouiller.

Apparemment, les américains et quelques autres fonctionnent
effectivement comme ça (il y a des livres de style qui fournissent des
exemples de marche, dont on s'inspire quand on produit ou refonde la
marche d'une publication donnée, toute publication ayant sa marche). Les
français ne fonctionnent pas comme ça : il y a un certain nombre de
règles fondamentales qui forment le coeur des codes publiés (qui sont
parfois des marches, j'en conviens), il y a un certain nombre de cas
litigieux pour lesquels aucune règle ne se dégage : c'est le domaine où
les marches s'appliquent, il y a ensuite les questions de maquette.

Ex. Dans _le Rouge et le Noir_, l'italique (sa portée), et les deux
capitales à rouge et noir sont des *règles*. La capitale à l'article
initial relève de la marche.

Une orthotypographie française n'est pas la mise dos à dos de marches,
mais la reconnaissance d'un système pondéré : règles intangibles, zone
de liberté contrôlée, exceptions et marches très particulières pour des
ouvrages spécialisés. C'est la valeur astronomique de l'ouvrage inachevé
de J.-P. Lacroux d'avoir entamé une mise à plat de cela, avec en outre
la recherche des principes qui fondent les règles.

En balkanisant, en communautarisant l'orthotypo française, vous cherchez
seulement à la détruire. À moins que vous n'ayiez juste pas compris sa
singularité ?



-- 
Cordialement,
 Thierry