Archive Liste Typographie
Message : [typo] Etymologie du mot esperluette [fut : Jules Verne et l'&]

(Jacques Melot) - Mercredi 22 Novembre 2006
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    [typo] Etymologie du mot esperluette [fut : Jules Verne et l'&]
Date:    Tue, 21 Nov 2006 23:01:05 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

Title: Etymologie du mot esperluette [fut : Jules Verne et l'&]
 Le 2006-11-21, à 20:09 +0000, nous recevions de Jacques Melot :

 Le 2006-11-21, à 20:45 +0100, nous recevions de mediagraphie :

Bonsoir,

je viens de trouver dans le TLFI (un peu mieux que Wikipédia :-) ):


[J. M.]   Oui, en principe, un peu, mais en l'occurrence pire !


[J. M.]   Ici j'ai oublié de dire le principal. Le mot esperluète ou perluète est le résultat de l'évolution phonétique de l'_expression_ latine « n per se » où n désigne une lettre quelconque ayant une signification en tant que mot réduit à un seul caractère. C'est ainsi que le a de « il y a » peut-être dit (en latin) « a per se », l'opposant ainsi à a en tant que simple lettre de l'alphabet. De même &, en tant que mot (soit « et ») et non comme ligature, était dit « & per se », ce qui en vieux français a été rendu par « & por li et » (on se rappellera que jadis on prononçait les consonnes finales) et par « & per se and » en anglais.

   Le premier a donné « éporle'et » ou peut-être même « éperle'et » (il est admis que le latin per a probablement influencé l'évolution du latin por d'où vient notre moderne pour ; l'influence est d'autant plus vraisemblable dans le cas présent que, du point de vue du sens, remplacer l'un par l'autre mène sensiblement à la même idée) et le second, suite à la prononciation, « and-per-se-and », qui, en anglais moderne est devenu ampersand, comme le premier est devenu esperluète, puis esperluette (et, parallèlement, perluète, puis perluette par aphérèse, sur le modèle de especiel devenu spécial), Si mes souvenirs sont exacts, on trouve déjà non pas le terme, mais la portion de phrase « & per sé et » chez Palatino, calligraphe du XVIe siècle, dans son Libro (ou chez Arrighi, peut-être). C'est cette _expression_ banale qui, à force d'être utilisée, a été lexicalisée.

   En anglais & fut un moment aussi appelé ipseand par corruption, sous l'influence du latin ipse. Le mot, d'étymologie hermétique comme en français, a parfois été très sensiblement déformé et l'on relève, au cours du temps, les variantes ampussy and, ampassy and, ampusand, amperzand... En français comme en anglais, le mot n'est pas antérieur à l'invention de l'imprimerie et a très probablement son origine chez les typographes. Ce n'est que récemment, avec l'avènement de l'ordinateur individuel, que le mot a commencé à être utilisé hors du monde de l'imprimerie, du moins en France. Il n'est listé dans les dictionnaires d'usage que depuis relativement peu.

   Pour en revenir à la signification et à l'usage de la ligature &, elle représente la conjonction et, et si elle a été utilisée pour etc. ce n'est que par abus d'écriture.

   Jacques Melot



PERLUÈTE, subst. fém.
Caractère d'imprimerie représentant la conjonction et. Connaissez-vous la perluète? Chacun comprend le sens du caractère &, mais quel nom faut-il lui donner? En diplomatique et en paléographie, il s'agit d'une ligature mérovingienne (...). Dans l'ancienne typographie, c'était une abréviation de la locution latine et caetera, écrite aujourd'hui etc. (SPR. 1967, p.68).
[Début de l'objet 1 de la requête (Paragraphe)] Prononc.: []. Étymol. et Hist. 1878 (Lar. 19e Suppl.: Nom donné autrefois, dans les écoles élémentaires, au caractère &, qui terminait l'alphabet et qui représentait le mot et [...] le caractère & se nommait ète; mais l'usage s'était établi, quand on faisait répéter l'alphabet aux enfants, de leur faire ajouter perluète après ète, par une sorte de jeu et pour terminer par une rime plaisante. Au lieu de perluète, on disait quelquefois pirlouète ou esperluète). Mot prob. d'abord pic. et de création enf. (cf. CORBLET 1851: Esperluette. Mot que les enfants ajoutent à l'alphabet qu'ils récitent),


[J. M.]   Ceci est une fable, de l'étymologie populaire, qui n'a plus sa place dans un ouvrage moderne.

   J. M.


d'orig. obsc. (v. FEW t.22, p.168a), peut-être formé p.plaisant. à partir de épeler* et de pirouette*. Bbg. Encyclop. (36)... Informatique (L') nouvelle. 1976, no 72, p.53.

bonne soirée

Le 21 nov. 06 à 20:00, Jacques Melot a écrit :

Le 2006-11-21, à 19:47 +0100, nous recevions de chamontin :

Merci de votre réponse, mais je crois que Jules Verne était plutôt attentif à ne pas commettre d1erreurs,
ce qui me porte à imaginer qu1il s1appuyait sur un usage (usage erroné, certes) dont il serait intéressant de chercher les traces dans les journaux de l1époque S

Par ailleurs, on trouve ceci dans l1encyclopédie Wikipédia :

[J. M.] Ah, je sors donc mon revolver !

« À l'origine, cette graphie ligaturée était plus ou moins systématiquement utilisée par les copistes médiévaux, qui utilisaient de nombreuses autres abréviations. En l'occurrence, on trouve l'esperluette fréquemment employée pour les termes et etc. (&c.). Alors que le plus souvent, dans les manuscrits européens, seuls ces deux termes étaient abrégés en &, les scribes anglais s'en servaient aussi pour n'importe quelle séquence -et- : deberet pouvait être écrit deber&. »

[J. M.] Ceci est d'une imprécision telle qu'en lisant un peu vite on pourrait facilement comprendre que & a été mis pour « et » aussi bien que « etc. », ce qui est faux. & a été utilisé pour écrire « etc. », qu'on écrivait alors &c et non & (seul).

&c., donc a peut être été un temps abrégé en &.

[J. M.] C.Q.F.D. !
Cordialement,
Jacques Melot

Elisabeth CHAMONTIN
http://blogotobo.blogspot.com
http://www.habiletes.com
06 83 27 45 98