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Message : RE: [typo] La rousse orthotypo (Eric Angelini) - Mercredi 03 Octobre 2007 |
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Subject: | RE: [typo] La rousse orthotypo |
Date: | Wed, 3 Oct 2007 15:06:43 +0200 |
From: | "Eric Angelini" <Eric.Angelini@xxxxxxx> |
[JMS]: > Firefox, ou pour Microsoft ... MicroMou ;-) à+ É. ----------------------------- PONCTUATION ■ Généralités La ponctuation relève, d'une part, du libre choix de celui qui écrit, et, d'autre part, de certaines règles d'usage ; celles-ci ne doivent pas être négligées, car la ponctuation est porteuse d'information. La ponctuation correspond le plus souvent aux pauses à l'oral, ou plus exactement aux changements d'intonation (les « pauses » ne se faisant pas toujours entendre nettement). Non seulement la ville organise un festival, et un festival de qualité, mais il y a également une vie musicale très active pendant l'année. La ponctuation est porteuse de sens. Le chien, qui jappe, a faim. Le chien qui jappe a faim. La première phrase signifie qu'il y a un seul chien, qu'il a faim et qu'il jappe. La seconde signifie que, parmi plusieurs chiens, il y en a un qui a faim : celui qui jappe. La ponctuation permet de mettre en évidence la structure d'une phrase : énumération, épithète détachée ou mise en relief, etc. Dès le lever du soleil, bergers, troupeaux et chiens se mettaient en route. La ponctuation donne enfin des indications sur la nature globale de la phrase (marquée à l'oral par l'intonation : unie, montante, explosive, etc.). Il viendra avec nous. (phrase déclarative) Il viendra avec nous ? (phrase interrogative) Il viendra avec nous ! (phrase exclamative) ● Inventaire Les signes de ponctuation proprement dits sont le point, le point d'interrogation, le point d'exclamation, les points de suspension, le point-virgule, le deux-points et la virgule. Outre ces signes, les guillemets, les parenthèses, les crochets et le tiret se rattachent au système de la ponctuation. Dans l'usage courant, et sauf quelques exceptions concernant les points de suspension, les signes de ponctuation ne se combinent pas entre eux : on ne termine pas une phrase par trois points d'interrogation, pas plus qu'on ne fait suivre un point d'exclamation d'un point d'interrogation. Toutefois, ces procédés sont utilisés dans certains moyens d'expression, comme la bande dessinée, où le signe de ponctuation joue souvent un rôle proche de l'idéogramme. ■ Le point ● Le point en fin de phrase Le point est un signe de ponctuation forte : il marque la fin d'une phrase, le début étant marqué par la majuscule. Nous nous sommes levés à huit heures. Le soleil brillait. Notre départ était prévu à dix heures. Nous nous sommes tous préparés et nous étions prêts à l'heure dite. Le plus souvent, la phrase correspond à une unité de type « sujet + groupe verbal », comme dans l'exemple ci-dessus. Mais une phrase peut se composer d'un seul mot. C'est un procédé stylistique fréquent dans la littérature : « Du lieutenant au Khédive. Du Khédive au lieutenant. Les allées et venues d'un agent double. Épuisant. Souffle court. » (P. Modiano, la Ronde de nuit.) Les phrases comportant un verbe à l'impératif se terminent par un point (et non par un point d'exclamation, contrairement à une pratique courante, mais fautive). Faites bien attention à ne pas manquer votre train. Prenez place. Le premier mot après un point commence par une majuscule ; ce n'est pas toujours le cas, en revanche, pour les mots placés après un point d'exclamation, un point d'interrogation ou des points de suspension. ● Le point dans les titres Il est d'usage de terminer les titres de paragraphes par un point, sauf s'ils sont centrés sur la ligne. Le romantisme à la fin du XIXe siècle 1. Introduction : la naissance du romantisme. ● Le point abréviatif Les abréviations se terminent par un point lorsque leur dernière lettre n'est pas la dernière lettre du mot abrégé. Si une abréviation se trouve à la fin d'une phrase, le point abréviatif se confond avec le point de fin de phrase. Le chœur avait interprété des œuvres de Vivaldi, Mozart, Bach, Schubert, etc. Merci de la rappeler pour prendre R.-V. Les symboles et les troncations ne sont jamais suivis d'un point abréviatif. C'est un prof qui enseigne à la fac depuis une dizaine d'années. ■ La ponctuation forte On appelle « ponctuation forte » un signe pouvant marquer la fin d'une phrase : point, point d'interrogation, point d'exclamation, points de suspension et point-virgule. ● Le point d'interrogation Toute phrase exprimant l'interrogation directe se termine par un point d'interrogation. Pourquoi refuserait-il de nous accompagner ? Avez-vous réussi à le joindre avant son départ ? Quels seront les invités à cette soirée ? Sais-tu quels seront les invités à cette soirée ? L'interrogation indirecte, en revanche, n'est jamais suivie d'un point d'interrogation. Je ne sais pas quels seront les invités à cette soirée. Il arrive que le point d'interrogation marque la fin d'une question qui ne coïncide pas avec la fin de la phrase. Le mot suivant s'écrit alors avec une minuscule. Que voulez-vous obtenir ? Une révision du procès ? Contrairement au point, le point d'interrogation est maintenu dans les titres centrés. Le romantisme est-il décadent à la fin du XIXe siècle ? I. Introduction : la naissance du romantisme. ● Le point d'exclamation Le point d'exclamation se place : - À la fin d'une phrase exclamative. Comme il fait beau aujourd'hui ! - Immédiatement après les interjections. Lorsqu'il suit l'interjection, il est souvent repris en fin de phrase. Chut ! Laissez-le dormir. ou Chut ! laissez-le dormir ! On écrit avec une majuscule le premier mot qui suit une phrase se terminant par un point d'exclamation (ponctuation forte), mais on laisse en minuscule le mot qui suit le point d'exclamation employé avec une interjection. Ah ! Quelle surprise de le voir ici ! Je ne m'attendais pas à sa venue. Lorsqu'une interjection est répétée, on ne met le point d'exclamation qu'à la suite de la dernière. Oh oh ! Vous voilà dans de beaux draps ! ● Les points de suspension Les points de suspension (appelés également « trois points ») marquent une hésitation, un sous-entendu, une interruption ou une suppression. Je ne sais plus comment il s'appelle... Dumont ou Dupont... Quelque chose dans ce genre. Je vous laisse imaginer la suite... L'interruption peut concerner une énumération dont on ne souhaite pas donner tous les éléments ; les points de suspension ont alors la même valeur que etc. On n'emploie donc pas ensemble etc. et les points de suspension. Nous développerons nos contacts avec la Grèce, l'Espagne, le Portugal, l'Italie... ou avec la Grèce, l'Espagne, le Portugal, l'Italie, etc. Les points de suspension peuvent être combinés avec les autres signes de ponctuation, sauf avec le point simple, auquel ils se substituent. Quand pars-tu ? Pourquoi ? Quand reviens-tu ?... Il voulait savoir quand je partais, pourquoi, quand je revenais... Dans une citation, on note par des points de suspension entre crochets les passages supprimés. Voici un extrait de sa lettre : « Je vous écris de Marseille. [...] Il fait un temps superbe. » Les points de suspension se placent immédiatement après l'initiale d'un nom propre (en général, nom de personne ou nom de lieu) que l'on ne souhaite pas révéler. Il avait rencontré F... dans un café de P... ● Le point-virgule Le point-virgule se place à la fin d'une phrase qui a un lien étroit, pour le sens, avec la phrase suivante. « Alors, on voit les deux tornades sulfureuses bondir au fond de la vue ; elles aspirent des paquets entiers d'eau saline, soufflent des trombes d'écume qui se mettent à circuler vertigineusement » (P. Grainville, les Flamboyants). Le point-virgule peut terminer une phrase, mais il ne termine jamais un texte. Le mot qui suit le point-virgule ne s'écrit jamais avec une majuscule, sauf s'il s'agit d'un nom propre. On met un point-virgule après chaque terme d'une énumération disposée en alinéas et annoncée par le deux-points. Le dossier comprend : - un rapport de quinze pages sur la question ; - un plan détaillé du quartier ; - une étude comparative du coût de chacune des solutions proposées. ■ Le deux-points Le deux-points sert à annoncer une énumération ou une citation encadrée par des guillemets. Alfred de Musset affirme : « Tout le réel pour moi n'est qu'une fiction. » Les sept notes de la gamme sont : do, ré, mi, fa, sol, la et si. Lorsque la citation fait partie intégrante de la phrase, elle n'est pas introduite par le deux-points. Le renard « par l'odeur alléché » fit tout pour flatter le corbeau. Le deux-points sert également à marquer un lien logique entre deux propositions (cause, conséquence...). Il arrivera en retard : son train a eu un incident technique. On évite d'utiliser le deux-points deux fois dans la même phrase. Ainsi, dans l'exemple suivant, on préférera l'emploi des parenthèses à celui du deux-points après façade Votre permis de construire doit comprendre les pièces suivantes : le formulaire complété et deux plans de la façade (un plan avant travaux et un plan après travaux). ■ La virgule ● La virgule dans la coordination La virgule sépare des mots ou des groupes de mots juxtaposés sans conjonction de coordination. Le chœur a déjà interprété des œuvres de Mozart, de Schubert, de Vivaldi. Il garde les mêmes exigences quant à la qualité de ce qu'il entreprend quelles que soient les personnes avec lesquelles il travaille, quelles que soient les conditions dans lesquelles il travaille, quel que soit le lieu où il travaille. Les mots ou groupes de mots coordonnés par les conjonctions et, ou, ni ne sont pas séparés par une virgule. Le chœur a déjà interprété des œuvres de Mozart, de Schubert et de Vivaldi. ● La virgule avec les relatives Le pronom relatif est précédé d'une virgule s'il est séparé de son antécédent par un mot ou un groupe de mots, ou s'il introduit une proposition relative donnant une information, une explication. Il admirait l'étendue des connaissances de cet homme, qui semblait n'avoir aucune limite. (C'est l'étendue des connaissances qui n'a pas de limites et non l'homme.) Ces animaux, qui sont importés des pays tropicaux, restent de dix à vingt jours dans la zone de quarantaine de l'aéroport. Dans les autres cas, il n'y a pas de virgule. ● La virgule avec les sujets et les compléments On ne sépare pas par une virgule le verbe de son sujet ni de ses compléments (et cela quelle que soit la longueur de l'ensemble qu'ils forment). Un sondage réalisé auprès de mille jeunes des banlieues dites « difficiles » est publié cette semaine dans votre hebdomadaire. Lorsqu'un complément est mis en relief par sa position en début de phrase, il peut être suivi d'une virgule. C'est le cas également lorsque le sujet est repris par un pronom. Cette semaine, vous trouverez dans votre hebdomadaire un sondage... Moi, je préfère la mer. ● La virgule encadrant des éléments de phrase Les éléments de phrase qui apportent une information secondaire (les propositions incises, les épithètes détachées, les appositions...) sont encadrés par des virgules. Sa sœur, avocate de grand renom, a plaidé dans cette affaire. (apposition) Il faudrait, nous dit-il, approfondir davantage la question. (proposition incise) ■ Les signes de ponctuation doubles Certains signes de ponctuation vont par deux, un élément ouvrant et un élément fermant. Il s'agit des guillemets, des parenthèses, des crochets et, dans une certaine mesure, du tiret. ● Les guillemets Les guillemets délimitent les paroles rapportées, les citations, les extraits d'ouvrage, etc., qui sont annoncés par le deux-points. Il nous a écrit : « Nous sommes arrivés hier et repartons demain. » La Fontaine termine sa fable par la morale : « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute. » Si la citation est une phrase complète, elle commence par une majuscule. On met alors un point, un point d'interrogation ou un point d'exclamation avant les guillemets fermants. Si la citation n'est pas une phrase complète, la ponctuation se met après les guillemets fermants. Il nous a posé la question : « Êtes-vous satisfaits ? » Selon les propos de l'auteur, il vaut mieux « une vie mouvementée qu'une vie sans histoire ». On ne met entre guillemets que les citations rigoureusement fidèles. Pour ajouter ou supprimer un élément dans une citation, on utilise des crochets. On mettait autrefois des guillemets ouvrants au début de chacun des paragraphes d'une citation en comportant plusieurs. Cet usage est aujourd'hui presque entièrement abandonné. Les guillemets servent également à indiquer qu'un mot ou un groupe de mots ont un emploi spécial (registre, sens, connotation...). Il lui reprochait de l'avoir traité « par-dessous la jambe ». ● Les parenthèses Elles servent à encadrer un élément annexe de la phrase : digression, complément d'information, etc. « Dois-je me soucier de l'universalité de l'écriture, d'universalité de la langue (réalité au demeurant douteuse, entre mythe, fantasme et sabir) ? » (R. Millet, le Sentiment de la langue). La virgule se place, s'il y a lieu, après la parenthèse fermante (et non avant la parenthèse ouvrante). Auteur de plusieurs romans (le Lecteur, les Escaliers de Chambord), Pascal Quignard a également écrit des essais. ● Les crochets Les crochets sont utilisés pour mettre en évidence dans une citation un élément extérieur à la citation. « Maître Renard par l'odeur [du fromage] alléché » (J. de La Fontaine). Lorsqu'on fait une coupure à l'intérieur de la citation, on la note par des points de suspension entre crochets. Il m'a écrit : « Nous sommes arrivés hier [...] et nous rentrons demain. » ● Le tiret Le tiret peut avoir le même emploi que les parenthèses avec un mot ou avec un groupe de mots annexes. Dans ce cas, il est double, un tiret au début, un tiret à la fin. Auteur de plusieurs romans — le Lecteur, les Escaliers de Chambord —, Pascal Quignard a également écrit des essais. Le point final tient lieu de deuxième tiret. On lui a beaucoup reproché quelques erreurs — erreurs sans réelle gravité, à mon avis. Le tiret employé seul se met au début de chaque alinéa dans une énumération et au début de chaque réplique dans un dialogue. Vous trouverez dans ce colis : - une notice de montage ; - trente-quatre éléments à assembler ; - dix-sept écrous et boulons ; - une clé de dix. « Où vas-tu ? — Je pars au marché. — À quelle heure rentres-tu ? » ■ Ponctuation et espaces Lorsqu'un texte est dactylographié ou saisi à l'aide d'un logiciel de traitement de texte, on observe les règles de la typographie française concernant les espaces avant et après chaque signe de ponctuation. Virgule et point (signes composés d'une seule unité) : aucune espace avant, une espace après. Point-virgule, point d'interrogation, point d'exclamation, deux points (signes composés de deux unités) : une espace avant, une espace après. Parenthèses, crochets, guillemets : une espace avant les signes ouvrants, mais aucune espace après ; aucune espace avant les signes fermants, une espace après. Cette règle s'impose avec les guillemets anglais (“ ”). Les guillemets français (« »), en revanche, sont séparés par une espace du texte qu'ils encadrent. Points de suspension : toujours une espace après. Une espace avant si les points remplacent un mot unique ; aucune espace avant s'ils indiquent une phrase ou un mot incomplets. Il ne savait plus que dire... Que venait-il faire dans cet ... endroit ? GRAMMAIRE ■ La coupure des mots Lorsqu'il n'y a pas la place nécessaire pour écrire un mot en entier à la fin d'une ligne, on le coupe par un tiret de division (plus petit que le tiret de ponctuation) et on reporte à la ligne suivante la partie du mot qui suit la coupure. Cette coupure ne se fait pas au hasard, elle obéit à quelques règles simples. Dans les exemples qui suivent, le crochet ([) indique les coupures possibles. ● Mots simples Les mots simples sont coupés selon la division syllabique. On ne sépare jamais deux voyelles, la division se fait toujours devant une consonne : di[vi[sion, sa[la[rié, trou[ve[rez, jo[lie, eu[ro[péen, ré[gu[liè[re[ment. Dans les groupes de deux consonnes, la division se fait entre les deux consonnes : es[poir, aban[don[ner, ap[pel, meil[leur, sauf dans deux cas : - lorsque la seconde consonne, différente de la première, est l ou r : ta[bleau, fé[vrier - lorsque les deux consonnes notent un seul son (ch, ph, th, gn) : fau[cher, élé[phant, forsy[thia, éloi[gner. Dans les groupes de trois ou quatre consonnes, la coupure se fait après la deuxième consonne : domp[teur, abs[tention, ex[trait, abs[trus, sauf si celle-ci fait partie d'un groupe de deux notant un seul son (ch, ph, th, gn), ou si la troisième consonne est un l ou un r ; dans ce cas, la coupure se fait avant la deuxième consonne : exem[plaire, em[phase, épar[gnant, an[thracite ; mais hémi[sphère, strato[sphère (coupes selon l'étymologie). Le tiret de division se place toujours à la fin de la ligne, jamais au début. On ne laisse jamais une lettre seule ni une apostrophe en fin de ligne : apeu[rer (et non a[peurer), éva[cuer (et non é[vacuer), aujour[d'hui (et non aujourd'[hui), pres[qu'île (et non presqu'[île). On évite dans toute la mesure du possible de renvoyer en début de ligne une syllabe muette seule sur[prise (et non surpri[se), imagi[nable (et non imagina[ble), matéria[lisent (et non matériali[sent) ; mais ces coupes sont tolérées lorsque le texte se présente en colonnes. ● Mots composés Les mots composés avec un trait d'union se coupent après le trait d'union : après-[midi (et non après-mi[di), micro-[ordinateur (et non micro-ordi[nateur). Du point de vue de la coupure, on considère comme des mots composés les mots écrits soudés dont on peut distinguer clairement les éléments ( portefeuille , par exemple). On préfére alors la division qui sépare les constituants du mot à la division syllabique : porte[feuille (plutôt que por[tefeuille), bio[logie (plutôt que biolo[gie), auto[critique (plutôt que autocri[tique), ré[adapter (plutôt que réa[dapter), sub[mersion (plutôt que submer[sion). Lorsque les éléments constituant le mot ne se distinguent plus clairement, que le mot est perçu comme une seule unité, on applique les règles exposées aux mots simples : manus[crit (du latin manu scriptus, écrit à la main), téles[cope (du grec têle, au loin, et skopein, observer). ● Cas particuliers Lorsqu'un verbe conjugué est suivi de -t- (t dit « analogique » ou « euphonique ») et d'un pronom personnel, le groupe est coupé avant le t et ce dernier est rejeté en début de ligne : souhaite-[t-il. On ne coupe un mot ni avant ni après x ou y s'ils sont placés entre des voyelles : fixa[tion (et non fi[xation ou fix[ation), bé[gayer (et non béga[yer ou bégay[er). On évite de couper les noms propres (de même, on évite d'aller à la ligne entre le prénom et le nom). On ne coupe jamais ni un sigle ni un nombre écrit en chiffres (de même, on évite d'aller à la ligne entre un nombre écrit en chiffres et le nom qui le suit). ■ Abréviations et symboles L'abréviation consiste à n'écrire qu'une partie des lettres d'un mot. Elle se distingue de la troncation, dans laquelle un nouveau mot est créé par la suppression d'une ou plusieurs syllabes. ● Principes de l'abréviation L'abréviation suit quelques principes simples. On peut abréger un mot de plusieurs façons. Le mot est réduit à sa seule initiale suivie d'un point : M. (Monsieur), p. (page), s. (siècle), v. (voir). L'usage français applique ce principe pour monsieur. On doit donc écrire M. Dupont (et non Mr, qui est l'abréviation de l'anglais Mister). Le mot est réduit à ses premières lettres ; l'abréviation se termine toujours par une consonne, jamais par une voyelle, et cette consonne est suivie d'un point : av. (avant), apr. (après), env. (environ), suppl. (supplément), vol. (volume). Le mot est réduit à sa lettre initiale suivie de la ou des lettres finales, écrites au-dessus de la ligne (en exposant) ; dans ce cas, l'abréviation n'est pas suivie d'un point : Mme (Madame), Mlle (Mademoiselle), Dr (Docteur), Me (Maître). Dans les textes manuscrits ou tapés à la machine, les lettres finales peuvent être sur la ligne, mais on évite cette façon d'écrire si elle risque de prêter à confusion : Mme, Dr, mais No (plutôt que no), Cie (plutôt que Cie). Certaines abréviations font apparaître, par tradition, une lettre intermédiaire (ni initiale ni finale) du mot abrégé. Si la dernière lettre de l'abréviation est la lettre intermédiaire du mot abrégé, cette lettre est suivie d'un point : ms. (manuscrit). En revanche, si la dernière lettre de l'abréviation est aussi la dernière lettre du mot abrégé, celle-ci n'est pas suivie d'un point : Mgr (Monseigneur). ● Mots composés et expressions Dans les mots composés et les expressions, chaque terme s'abrège selon les règles exposées dans les principes de l'abréviation. Les traits d'union sont maintenus : ch.-l. (chef-lieu) ; p. ex. (par exemple) ; c.-à-d. (c'est-à-dire) ; b. à t. (bon à tirer). ● Prénoms Pour abréger les prénoms, on ne donne que la première lettre : V. Hugo ; E. Poe ; E. Labiche ; A. Camus ; P.-É. Victor. On note les deux premières lettres lorsqu'elles correspondent à un son unique. C'est le cas avec les groupes contenant h : Ch. Baudelaire ; Th. Gautier. Pour les prénoms commençant par une consonne suivie d'un l ou d'un r, on a le choix entre donner seulement la première lettre ou donner les deux premières : F. Mauriac ou Fr. Mauriac ; C. Bernard ou Cl. Bernard. ● Numéraux ordinaux Les numéraux ordinaux à partir de deuxième s'abrègent en écrivant le chiffre suivi d'un e sans point (et non ème, è, me) : 2e, 3e, 4e ; le XIXe siècle. Premier, première et second, seconde s'abrègent respectivement en 1er, 1re, 2nd, 2nde. Au pluriel : 1ers, 1res, 2ds, 2des. Le e abréviatif n'est employé que pour les numéraux ordinaux, jamais pour les fractions. Une échelle au 1/5 000 (et non au 1/5 000e). 1°, 2°, 3°..., abréviations de primo, secundo, tertio…, sont couramment utilisés comme abréviations de premièrement, deuxièmement, troisièmement… ● Pluriel des abréviations Quand l'abréviation conserve la dernière lettre du mot abrégé, le pluriel se marque comme s'il s'agissait du mot entier : Mmes (mesdames) ; Maux (maréchaux). Pour les mots dont l'abréviation se réduit à l'initiale, le pluriel peut être marqué par le redoublement de cette lettre. Le point abréviatif n'apparaît pas entre les deux lettres, mais après : pp. (pages) ; MM. (messieurs). ● LISTE DES ABRÉVIATIONS USUELLES Se reporter au tableau figurant dans l'Encyclopédie, à l'article abréviation. ● Les symboles Un symbole est un signe ou une lettre représentant l'expression d'une unité, d'une grandeur, etc. Beaucoup de symboles peuvent être compris quelle que soit la langue dans laquelle ils sont lus : = (égal), % (pour cent), $ (dollar), £ (livre sterling), € (euro). Le symbole, contrairement à l'abréviation, n'est jamais suivi du point abréviatif : Il les vend 2 € les 100 g. (Et non 2 €. ; le point après le g, symbole du gramme, est le point de fin de phrase.) Le symbole est invariable ; il ne prend pas la marque du pluriel : Marseille se trouve à 700 km de Paris (et non à 700 kms). ● Symboles des principales mesures : are : a, centilitre : cl, centimètre : cm, centime : c, décilitre : dl, décamètre : dam décimètre : dm, degré (angle) : °, degré Celsius : °C, euro : €, gramme : g, hectare : ha hectolitre : hl, hectomètre : hm, heure : h, kilogramme : kg, kilomètre :km, kilowatt : kW, litre : l, mètre : m, millilitre : ml, millimètre : mm, minute (angle) : ', minute (temps) : min, octet : o, quintal : q, seconde (angle) : '', seconde (temps) : s, tonne : t, volt : V, watt : W. On associe à ces unités d'autres symboles pour exprimer les multiples et sous-multiples. giga : G, méga : M, kilo : k, hecto : h, déca : da, déci : d, centi : c, milli : m, nano : n, 2 Go (deux gigaoctets), 20 dal(vingt décalitres) ■ L'accent L'accent est un signe de l'écriture qui surmonte certaines lettres pour en préciser la prononciation ou pour distinguer certains mots les uns des autres (du, article contracté, et dû, participe passé du verbe devoir, par exemple). Il est conseillé de maintenir les accents sur les majuscules dans les textes imprimés ou saisis. Trois accents sont utilisés en français : l'accent aigu, l'accent grave et l'accent circonflexe. ● L'accent aigu L'accent aigu ne se trouve que sur le e. Utilisé d'abord sur les é finals pour les différencier des e muets (et distinguer, par exemple, passé de passe), il a ensuite été employé pour noter les [e] fermés (son é) quelle que soit leur position dans le mot : accélérer, décidément. Ces [e] fermés se trouvent devant une syllabe contenant une voyelle autre que e muet, sauf dans les mots de la liste ci-dessous : afféterie, allégement, céleri, crémerie, crénelage, créneler, crénelure, empiétement, féverole, hébétement, médecin, réglementaire, réglementairement, réglementation, réglementer, sécheresse, sécherie, sénevé, vénerie ● L'accent grave L'accent grave peut se trouver sur le e, sur le a et sur le u. Sur le e, il sert à noter un [e] ouvert. Il est donc utilisé notamment : sur les e suivis d'une consonne et d'un e muet en fin de mot (mère, pèle) ; sur les e suivis d'un s en dernière syllabe d'un mot (accès, près). Sur le a et sur le u, l'accent grave permet de distinguer certains homonymes très courants : ou (conjonction) et où (adverbe), a (verbe avoir) et à (préposition), la (article) et là (adverbe), ça (pronom) et çà (adverbe) : écris-moi où tu pars ou laisse-moi un message sur mon répondeur. ● L'accent circonflexe Il n'y a pas de correspondance régulière entre l'accent circonflexe et la prononciation : la seule règle à observer si on n'est pas sûr de soi est de consulter un dictionnaire. Certains mots ne prennent pas d'accent circonflexe mais font, plus que d'autres, l'objet d'erreurs. En voici la liste : atome, bateau, boiteux, brèche, brème, chalet, chapitre, chrome, chute, cime, cyclone, dévot, diffamer, drainer, drolatique, égout, emblème, faine, gaine, goitre, gracier, havre, pédiatre, prèle, psychiatre, pupitre, racler, ruche, toit, zone. ● L'accent circonflexe des participes passés en -û On écrit avec un accent circonflexe les participes passés dû, redû, mû, crû (de croître), recrû (de recroître). Cet accent disparaît au féminin et au pluriel : cette somme reste due ; les arriérés dus doivent être réglés au plus tôt. ● L'accent circonflexe des adverbes en -ûment On écrit avec un accent circonflexe : assidûment, congrûment, continûment, crûment, dûment, goulûment, incongrûment, indûment, nûment. Les autres adverbes en -ument s'écrivent sans accent : personne n'adhérait à ces théories prétendument scientifiques. ● L'accent circonflexe dans la conjugaison L'accent circonflexe est utilisé dans la conjugaison pour marquer les terminaisons des première et deuxième personnes du pluriel au passé simple, de la troisième personne du singulier à l'imparfait et au plus-que-parfait du subjonctif : nous partîmes, vous fûtes ; qu'il vînt, qu'elle apparût ; qu'elle eût préféré. Il n'y a jamais d'accent circonflexe sur la terminaison de la troisième personne du singulier au passé simple : à peine eut-il dix-huit ans qu'il fut chef de famille. À l'imparfait du subjonctif, à la troisième personne du singulier, tous les verbes s'écrivent avec un accent circonflexe sur la voyelle de la terminaison. L'accent circonflexe est, à cette personne et pour les verbes des deuxième et troisième groupes, la seule différence entre l'imparfait du subjonctif et le passé simple : elle courut longtemps mais il aurait fallu qu'elle courût plus longtemps ; quand il eut vingt ans et qu'il fut majeur, il quitta la France mais bien qu'il eût vingt ans et qu'il fût majeur, il manquait de maturité. ■ Le tréma Le tréma se place essentiellement sur le i, parfois sur le u ou sur le e, lorsque ces voyelles sont précédées d'une autre voyelle : il indique alors que les deux voyelles doivent être articulées séparément et ne servent pas à transcrire un seul son (comme par exemple eu, ai ou ou dans beurre, maison et douche) : coïncidence, baïonnette, capharnaüm, ciguë. On écrit notamment avec un tréma les féminins et les dérivés en -ité des adjectifs qui se terminent par -gu : aiguë, ambiguë, ambiguïté, contiguë, contiguïté, exiguë, exiguïté. ■ La cédille La cédille se place sous le c lorsqu'il précède a, o ou u pour indiquer qu'il se prononce [s] comme dans sa, sot ou sur et non [k] comme dans cadeau, code ou culot. La lettre c ne se prononçant jamais [k] devant e ou i, ç ne précède jamais l'une de ces deux voyelles. prononçable mais prononciation ; reçu mais réception. On ne met pas de cédille dans les mots scientifiques écrits avec æ et œ. cæcum(appendice), cœlacanthe (poisson). Dans ces mots, le c se prononce s. On dit [sek}m] (sé-komm), [selak|t] (sé-la-kantt). La cédille est maintenue lorsque le C est une majuscule. Ça n'a pas de prix. ■ Le trait d'union Le trait d'union sert à marquer un lien entre deux mots, soit pour former un mot nouveau, soit pour indiquer un rapport syntaxique. ● Le trait d'union lexical Bien que l'emploi du trait d'union dans les composés ne soit pas très cohérent (on écrit coffre-fort mais château fort, bec-de-lièvre mais chemin de fer), on peut dégager quelques grands principes. On met un trait d'union : - quand la suite de mots change de nature grammaticale. C'est notamment le cas pour les composés formés d'un verbe et d'un nom, et ceux formés d'une préposition ou d'un adverbe et d'un nom : ce cas peut être envisagé mais elle viendra peut-être ; un sèche-cheveux ; des après-skis ; un rouge-gorge ; une arrière-pensée ; - dans les composés empruntés et dans les calques de locutions étrangères : le basket-ball ; un week-end ; un osso-buco ; un fac-similé ; le libre-échange ; nord-américain. Les mots composés avec un ou plusieurs éléments savants s'écrivent parfois avec un trait d'union. ● Noms propres composés ; prénoms doubles Les noms composés de monuments, de villes, de départements, de régions administratives et les prénoms doubles s'écrivent avec un trait d'union : la basilique Notre-Dame-de-Lourdes ; le lycée Louis-le-Grand ; Aix-en-Provence ; Domrémy-la-Pucelle ; le Val-de-Marne ; le Languedoc-Roussillon ; Jean-Jacques Rousseau. Les noms des rues sont écrits avec un trait d'union : avenue du Maréchal-Foch, place Henri-Martin. Dans l'usage courant, on écrit le plus souvent : avenue du Maréchal Foch, place Henri Martin. ● Le trait d'union syntaxique On met un trait d'union entre le verbe et le pronom personnel complément ou sujet qui le suit. On met deux traits d'union s'il y a deux compléments : sans doute ont-ils eu raison de refuser l'offre ; « Viendras-tu à sa soirée ? — Non ; dis-le-lui de ma part. » ; Quand doit-on le prévenir ? On écrit entre deux traits d'union le t analogique placé entre le verbe et son sujet (à ne pas confondre avec t', pronom élidé de la deuxième personne) : Se rappelle-t-elle notre rendez-vous ? Rappelle-t'en. Le trait d'union peut marquer la coordination ; il remplace alors la conjonction et : un café-restaurant (= un établissement qui est à la fois un café et un restaurant) ; aigre-doux (= à la fois aigre et doux). C'est le rôle du trait d'union dans les adjectifs de couleur composés et les numéraux inférieurs à cent : un feuillage bleu-vert (= d'un ton intermédiaire entre le bleu et le vert) ; cinquante-quatre (= cinquante et quatre) Quand et est exprimé, il n'y a pas de trait d'union : soixante et onze (et non soixante-et-onze). Les noms de fraction s'écrivent sans trait d'union : les trois cinquièmes de la population ont répondu oui au référendum. On écrit avec ou sans trait d'union l'expression du dénominateur (ce qui est sous la barre de fraction) s'il s'agit d'un composé de centième, millième, millionième… : chacun reçut un trois-centième de part ou un trois centième (= 1/300). ■ L'apostrophe et l'élision L'apostrophe sert à marquer à l'écrit certains cas d'élision : elle remplace la voyelle non prononcée. L'élision est toujours notée pour a et i(l'île, s'il vient), mais ce n'est pas le cas pour e. ● En remplacement du e Il y a élision avec apostrophe pour le (pronom ou article), je, me, te, se, ce, de, ne, que et jusque : personne n'a su l'écouter si bien qu'il s'est plaint jusqu'à minuit d'être incompris. Si je et ce suivent le verbe, on ne note pas d'élision, bien qu'à l'oral le e de je ou de ce ne soit pas prononcé : Ai-je été bien compris ? Est-ce clair ? (mais : j'ai été compris ; c'est clair). On ne marque pas l'élision du e final de quelque et de presque sauf dans presqu'île et quelqu'un(e) : il aura été retardé par quelque incident ; elle a presque immédiatement réagi. Selon l'Académie, on doit toujours noter l'élision pour lorsque, puisque et quoique. Toutefois, la réalité de l'usage est moins tranchée. ● Lettres de l'alphabet ; mots cités Avec les lettres de l'alphabet et les mots cités, on peut choisir de faire ou de ne pas faire l'élision. L'absence d'élision est plus fréquente, surtout avec les mots cités d'une ou deux syllabes : le r de art, le a de ami (plutôt que l'r d'art, l'a d'ami). ● Titres Avec les titres, le choix est également possible : L'auteur de Au bonheur des dames (ou d'Au bonheur des dames). ● Noms propres de personnes Avec les noms propres de personnes, on fait l'élision. Mais on constate dans l'usage une tendance à ne pas la faire, surtout s'il s'agit de noms courts : le théâtre d'Hugo (mais on dit souvent aujourd'hui le théâtre de Hugo) il ne voit personne d'autre qu'Anne (souvent : que Anne). ■ Majuscules et minuscules On met toujours une majuscule au premier mot d'une phrase. Outre cette règle, la plus simple de toutes, quelques principes régissent l'usage des majuscules et des minuscules. ● Noms propres Les noms propres de personnes, de divinités, d'animaux, de lieux, etc., s'écrivent avec une majuscule. C'est ce qui, à l'écrit, les distingue immédiatement des noms communs : Toulouse, la Méditerranée, les Invalides, Trenet, Toto, Zeus, Minou. Certaines choses, notamment celles qui sont conçues selon un modèle ou un type, reçoivent un nom qui s'écrit avec majuscule : un Airbus, un Concorde, une Clio. Dans un tel cas, la majuscule marque que le modèle ou le type et le nom qui le désigne ont fait l'objet d'un ou plusieurs brevets, d'un dépôt de marque, etc. : c'est un des éléments qui signalent la propriété industrielle. Les noms de lieux et les noms ou surnoms de personnes comportant plusieurs éléments prennent la majuscule à chacun de leurs composants, à l'exception des prépositions, conjonctions et articles : Bar-le-Duc ; Cagnes-sur-Mer ; le Loir-et-Cher ; Colombey-les-Deux-Églises ; Jean sans Peur ; Charles le Téméraire ; Poil de Carotte. Si le nom propre détermine un nom commun qui forme avec lui l'appellation complète, ce nom commun ne prend pas de majuscule : la cordillère des Andes ; l'île d'Elbe ; la mer Rouge ; la tour Montparnasse ; la reine Élisabeth II d'Angleterre ; le docteur Knock. Seuls les noms d'habitants et les noms dynastiques issus d'un nom de personne s'écrivent avec une majuscule : les Européens, les Marseillais, un Auvergnat, les Capétiens. Les autres dérivés de noms propres s'écrivent avec une minuscule : les mozartiens apprécieront ce nouvel enregistrement de la Flûte enchantée ; un ouvrage très instructif sur l'art de vivre des bouddhistes. On écrit ces dérivés avec une minuscule s'ils sont adjectifs ou s'ils désignent une langue, un patois, un dialecte : les capitales européennes ; la cuisine marseillaise ; les rois capétiens ; les Allemands parlent souvent très bien l'anglais. ● Titres d'œuvres Le nom donné à un ouvrage, un journal, un film, une œuvre musicale, etc., est considéré comme un nom propre. Il s'écrit avec la majuscule : le phénomène est analysé dans la revue Esprit ; nous vous recommandons Microcosmos, un remarquable film sur la vie des insectes. Si le titre commence par l'article défini et qu'il ne forme pas une phrase, on met une minuscule à l'article et une majuscule au premier nom du titre et aux adjectifs qui le précèdent : le Monde ; le Figaro ; le Grand Dictionnaire encyclopédique Larousse ; la Guerre des Gaules. Quand le titre se compose de noms coordonnés, on met une majuscule à chacun des noms et éventuellement aux adjectifs qui les précèdent : le Diable et le Bon Dieu ; le Rouge et le Noir. Dans les autres cas, on met toujours une majuscule au premier mot du titre. Les autres mots s'écrivent avec une minuscule : Un dimanche à la campagne ; Bonjour tristesse ; J'accuse ; La guerre de Troie n'aura pas lieu. Les titres doubles suivent les règles ci-dessus : Candide ou l'Optimisme ; Émile ou De l'éducation. ● Jours et mois Les noms de jour et de mois s'écrivent avec une minuscule : nous l'avons vu lundi dernier ; notre prochaine réunion aura lieu le mardi 30 septembre à 20 h 30. En revanche, les noms de fête s'écrivent avec une majuscule : la Toussaint ; Noël ; la Pentecôte ; nous avons fêté le Nouvel An avec des amis. ● Noms d'institutions Quand un nom commun sert à désigner une institution, une société, une association, un groupe doté d'une existence singulière, on écrit ce nom avec une majuscule ; mais les adjectifs qui, le cas échéant, qualifient ce nom ou les autres noms qui lui servent de complément s'écrivent avec une minuscule : l'Académie française ; la Bibliothèque nationale ; la Sécurité sociale ; l'Éducation nationale ; la Cour des comptes ; le Parlement ; la Compagnie générale des eaux ; le Conseil d'État (institution unique) mais le conseil municipal (institution qui existe dans toutes les communes). Cette règle vaut également pour les noms qui donnent lieu à un sigle : l'Agence nationale pour l'emploi (et non l'Agence Nationale Pour l'Emploi). ● Fonctions et titres civils Les noms de titres ou de fonctions s'écrivent normalement sans majuscule : nous avons rencontré le directeur ; il a obtenu un rendez-vous auprès de madame Dupont. Mais les usages de courtoisie demandent qu'on mette la majuscule au titre d'une personne à qui l'on s'adresse par écrit, notamment dans la correspondance Veuillez recevoir, Monsieur le Préfet, mes sentiments respectueux. Je me permets, Monsieur le Président, de vous faire parvenir une note sur la situation actuelle de nos succursales. ● Points cardinaux Quand les noms des points cardinaux servent à exprimer une direction, une orientation, une position par rapport à un autre point, ils s'écrivent avec une minuscule ils marchaient dans la direction du nord-est ; le vent du nord est plus froid ; une maison orientée au midi est bien éclairée. Ils s'écrivent également avec une minuscule quand ils ont la valeur d'un adjectif : l'hémisphère sud ; 80° de latitude nord ; l'axe sud-est. Quand le nom d'un point cardinal désigne une région, il s'écrit avec une majuscule s'il n'est pas déterminé par un complément ils se sont acheté une maison dans le Midi mais dans le midi de la France ; la société a ouvert des succursales dans les ex-pays de l'Est ; le pôle Nord ; le pôle Sud. ■ Le genre des noms ● Mots difficiles Le genre des noms est arbitraire. Il est tributaire à la fois de l'étymologie et de l'usage. Certains noms ont changé de genre au cours des siècles ; ainsi comté, aujourd'hui masculin, était autrefois féminin (le féminin a survécu dans le nom propre Franche-Comté). Toutefois, on peut remarquer que les noms terminés par -age, -ment, -oir, -ier sont généralement masculins, et que les noms terminés par -tion, -ssion, -ie, -ise, -ase, -oire, -té sont généralement féminins. On hésite parfois sur le genre de certains noms. Sont masculins : abaque, acrostiche, aéronef, air, amalgame, ambre, amiante, anathème, anchois, antidote, antipode, antre, aparté, aphte, apogée, arcane, armistice, aromate, arpège, asphalte, astérisque, augure, balustre, basalte, chrysanthème, colchique, décombres, éclair, effluve, élytre, emblème, en-tête, entracte, épilogue, équinoxe, esclandre, exode, exorde, globule, haltère, hémisphère, hémistiche, intermède, interstice, intervalle, ivoire, jade, jute, méandre, obélisque, opprobre, opuscule, ovule, pénates, pétale, planisphère, poulpe, rail, schiste, tentacule, termite, tubercule. Sont féminins : absinthe, acné, alcôve, algèbre, alluvion, anagramme, apostrophe, argile, arrhes, atmosphère, autoroute, azalée, campanule, câpre, clepsydre, coriandre, dartre, ébène, échappatoire, écritoire, encaustique, éphéméride, épigramme, épithète, épître, équivoque, escarre, gemme, glaire, hécatombe, hypallage, immondices, mandibule, météorite, nacre, octave, omoplate, orbite, orge (plante), oriflamme, patère, silicone, volte-face. Certains mots présentent l'un ou l'autre genre selon qu'ils sont au singulier ou au pluriel (amour, délice, orgue…) ou selon qu'ils sont pris dans un sens ou dans un autre (espace, foudre, hymne…) ; certains mots peuvent être employés, au choix, au masculin ou au féminin (alvéole, après-midi…) ; certains homonymes, enfin, ne se distinguent que par le genre (voile, manche…). ● Noms de bateaux Le genre des noms de bateaux pose une difficulté particulière, dans la mesure où la règle édictée par le ministère de la Marine diffère de l'usage courant. En effet, deux circulaires ministérielles datant de 1934 et 1955 et approuvées par l'Académie française stipulent que les noms d'usage courant gardent leur genre lorsqu'ils servent de noms de bateaux. Ainsi devrait-on dire la Normandie, la Liberté, la France. Cette règle est assez peu suivie et on rencontre l'article masculin aussi bien dans l'usage courant que dans l'usage littéraire, sous l'influence des mots navire, bateau, paquebot considérés le plus souvent comme sous-entendus le France pouvait transporter plus de deux mille passagers. Dans une phrase, lorsque l'article précède le nom du bateau sans en faire partie, il ne prend pas de majuscule. ● Noms de villes Il n'y a pas de règle quant au genre des noms de villes et les hésitations sont nombreuses. Dans l'usage courant, le masculin l'emporte, mais, dans l'usage littéraire, le féminin est fréquent, trace sans doute d'un usage ancien qui faisait des noms de villes des noms féminins : le Paris d'autrefois photographié par Atgetmais Venise la belle. ● Lettres de l'alphabet Aujourd'hui, les noms des lettres de l'alphabet sont tous masculins un f mal dessiné ; un h aspiré. ● Personnes Les noms désignant des personnes sont généralement masculins ou féminins selon qu'il s'agit d'hommes ou de femmes : maître est un nom masculin qui désigne un homme, maîtresse est un nom féminin qui désigne une femme. Cependant, un certain nombre de noms n'ont qu'un seul genre, qu'ils s'emploient à propos d'un homme ou à propos d'une femme. Notamment, sont masculins, qu'ils désignent des hommes ou des femmes : acolyte, acquéreur, agent, agresseur, amateur, ange, apôtre, armateur, assassin, assesseur, auteur, cadre, censeur, charlatan, chef, commissaire, défenseur, écrivain, génie, gourmet, imposteur, imprimeur, juge, magistrat, maire, mannequin, médecin, modèle, otage, professeur, sauveur, sculpteur, successeur, témoin, usager, voyou. Remarque. Les féminins auteure, écrivaine, magistrate, professeure, sculptrice sont d'un emploi de plus en plus fréquent. Notamment, sont féminins, qu'ils désignent des femmes ou des hommes : altesse, baderne, canaille, clarinette (instrumentiste), crapule, estafette, frappe (voyou), fripouille, idole, recrue, sentinelle, star, vedette, victime, vigie. ■ La formation des féminins ● Règles générales Le plus souvent, on forme le féminin d'un nom ou d'un adjectif en ajoutant un e à la forme du masculin : un Français, une Française ; un ami, une amie. L'ajout du e s'accompagne dans certains cas d'un doublement de la consonne finale. C'est le cas des finales -el, -eil, -en, -on, -et : actuel, actuelle ; pareil, pareille ; lycéen, lycéenne ; breton, bretonne ; cadet, cadette. De même : gentil, gentille ; nul, nulle ; paysan, paysanne ; chat, chatte ; sot, sotte ; vieillot, vieillotte ; pâlot, pâlotte. Les masculins terminés par la consonne c ont un féminin en -que : public, publique. Fait exception grec qui donne grecque, avec la finale -cque. ● Suffixation De nombreux féminins sont formés par adjonction d'un suffixe à un nom masculin. Ainsi le suffixe -esse, très productif, a-t-il donné, entre autres, ânesse (formé sur âne), comtesse (sur comte), diablesse (sur diable), etc. ● Suffixes à forme masculine et féminine Beaucoup de suffixes présentent une forme masculine et une forme féminine. Le suffixe -eur, par exemple, s'ajoute à une base verbale pour former des noms désignant des personnes de sexe masculin ayant telle activité ou exerçant tel métier (chanteur, celui qui chante ; coiffeur, celui qui coiffe ; fumeur, celui qui fume, etc.). Sous sa forme féminine, -euse, il permet de former des noms féminins : chanteuse, coiffeuse, fumeuse. De même -teur, -trice (conducteur, conductrice ; instituteur, institutrice ; producteur, productrice), -er, -ère (boucher, bouchère), -ier, -ière (banquier, banquière ; façonnier, façonnière), etc. ● Paires trompeuses De nombreux mots masculins et féminins sont associés sans pour autant constituer des paires au même titre que celles qui sont citées au paragraphe précédent. À cet égard, les désignations du mâle et de la femelle des espèces animales sont trompeuses : si l'étymologie et la régularité morphologique manifeste de chat et de chatte, de chien et de chienne permettent de présenter les deux formes sous la même entrée du dictionnaire et donc de les considérer comme le masculin et le féminin du même « mot », il en va tout autrement pour les paires dont les constituants sont étymologiquement et morphologiquement différents : chèvre n'est pas plus le féminin de bouc que taureau n'est le masculin de vache. ■ Les néologismes Le besoin de nommer des réalités nouvelles, mais aussi les caprices du temps et de la mode ou le besoin qu'éprouve une génération d'affirmer son identité par rapport à celles qui la précèdent conduisent à utiliser des mots nouveaux. Ces mots nouveaux, dits aussi néologismes, peuvent être empruntés à d'autres langues : c'est actuellement l'anglais qui est le plus souvent mis à contribution. Ils peuvent également résulter de l'emploi dans un sens nouveau d'un mot existant, c'est la néologie de sens : ainsi environnement, qui dans les années 1950 n'était que rarement utilisé, et avec le sens très vague de « ce qui environne », a-t-il acquis aujourd'hui le sens nouveau d'« ensemble des éléments physiques, chimiques ou biologiques, naturels et artificiels, qui entourent un être humain, un animal ou un végétal, ou une espèce ». Les mots nouveaux peuvent enfin être créés, selon différentes voies : dérivation, composition, troncation, formation de sigles et d'acronymes. ● La dérivation On peut dériver un mot d'un autre en lui ajoutant un suffixe. Ainsi, sur Maastricht, on forme maastrichtien avec le suffixe -ien. Sur R.M.I., on forme RMiste. On peut dériver un mot d'un autre en lui ajoutant un préfixe. Ainsi, sur cassable, on fabrique autocassable en ajoutant le préfixe auto-. (On réservait naguère le terme de dérivation à la dérivation au moyen d'un suffixe, la dérivation au moyen d'un préfixe étant rattachée à la composition. Beaucoup d'auteurs conservent cette distinction.) On peut former un nouveau mot en ajoutant à la fois un préfixe et un suffixe à une base. Ainsi, inusable est formé sur user, avec le préfixe in- et le suffixe -able, sans passer par l'intermédiaire de inuser ou de usable. ● La composition On peut former des mots nouveaux en assemblant des mots français existants (noms, verbes, adjectifs, adverbes, prépositions) ramasse-poussière, avant-veille, bracelet-montre, sourd-muet, pot-de-vin. Beaucoup de mots techniques et scientifiques sont formés à partir d'éléments latins et grecs : télévision, dactylographie, anthropomorphe. On évite en principe d'assembler dans un même mot un élément d'origine latine et un élément d'origine grecque, bien que certains mots ainsi formés soient passés dans l'usage : cartographie, monolingue, quadrichromie. ● La troncation La troncation consiste dans l'abrègement d'un mot par suppression d'une ou plusieurs syllabes. La ou les syllabes supprimées sont le plus souvent à la finale (prof pour professeur, diapo pour diapositive), parfois à l'initiale (car pour autocar, pitaine pour capitaine) ; beaucoup plus rarement à l'intérieur du mot (margis-chef pour maréchal des logis-chef). La langue orale use abondamment de ce procédé ( restau pour restaurant, sympa pour sympathique, télé pour télévision, etc.) ; nombre de mots ainsi créés, exclus à l'origine de l'expression soignée, deviennent si courants qu'ils perdent à la longue toute connotation familière : ciné, issu de cinéma, est encore ressenti comme familier, mais cinéma, issu de cinématographe, est neutre et peut être utilisé aujourd'hui dans le registre soutenu. De même moto (de motocyclette), pneu (de pneumatique), etc. ● Sigles et acronymes Un sigle est un mot formé d'une suite épelée de lettres initiales : C.S.G., H.L.M., R.M.I., V.R.P. Les sigles ne prennent pas la marque du pluriel : les H.L.M. de la ville ; on recherche des V.R.P. multicartes. Certains sigles sont empruntés, notamment à l'anglais, ce qui justifie leur prononciation : C.B. [sibi], O.K. [oke] Les habitudes typographiques françaises exigent en principe un point abréviatif après chacune des lettres d'un sigle : un V.R.P. Sous l'influence des sigles empruntés à l'anglais, on observe cependant depuis quelques années une tendance de plus en plus marquée à omettre les points abréviatifs : le salon d'attente des VIP. Un acronyme est un mot formé le plus souvent d'une suite de lettres initiales lues ou prononcées comme la suite des lettres d'un mot ordinaire (et non pas épelées, à la différence des lettres d'un sigle) : C.A.P.E.S. (certificat d'aptitude pédagogique à l'enseignement secondaire, prononcé [kap{s], comme le début de capétiens) ; O.T.A.N. (Organisation du traité de l'Atlantique Nord, prononcé [ot|], comme autant). Quelquefois, l'acronyme est construit à l'aide de syllabes : Benelux (Belgique-Nederland-Luxembourg). Les acronymes s'écrivent généralement avec des majuscules, avec ou sans points abréviatifs (O.N.U., NASA), mais parfois avec une seule majuscule à l'initiale et sans points abréviatifs (Cedex, Unesco). Certains acronymes deviennent si communs qu'ils finissent par être traités comme des noms ordinaires ; on les écrit alors en minuscules et sans points abréviatifs, et ils prennent la marque du pluriel : des radars ; des sidas. ■ Les mots composés ● La graphie des mots composés Les mots composés s'écrivent le plus souvent avec un trait d'union : haut-parleur, plateau-repas, semi-fini. Il arrive fréquemment, lorsqu'un mot composé devient très commun, qu'on finisse par l'écrire en un seul mot : tournevis, par exemple, s'écrivait naguère tourne-vis. Certains mots composés s'écrivent sans trait d'union. C'est le cas, notamment, de pomme de terre et de chemin de fer. On écrit soudés les mots composés à l'aide d'éléments savants : autocritique ; autoévaluation ; antidépresseur ; microprocesseur. Cependant, le trait d'union est conservé lorsque la rencontre de deux voyelles rendrait la lecture difficile, ou conduirait à l'articulation d'un son unique là où l'on doit normalement en entendre deux : anti-inflammatoire, micro-ordinateur, auto-immunité (et non antiinflammatoire, microordinateur, autoimmunité). ● Le pluriel des mots composés Le pluriel des mots composés est tributaire de l'usage bien plus que de règles simples et cohérentes. ■ Les emprunts Le vocabulaire du français moderne est, pour l'essentiel, issu du latin. Au cours des siècles, la langue qui devenait le français s'est enrichie d'apports germaniques. À partir du Moyen Âge et surtout de la Renaissance, d'autres éléments d'origines diverses (grecs, arabes, italiens, espagnols...) sont venus s'ajouter au fonds français. Les échanges commerciaux, les voyages d'exploration, les campagnes militaires contribuèrent à la connaissance de réalités nouvelles. Pour les désigner, des mots furent empruntés à toutes les langues de l'Europe et des autres parties du monde : portugais, hollandais, langues d'Amérique, d'Asie, d'Afrique. La plupart de ces emprunts sont complètement assimilés : comment reconnaître un mot arabe dans amiral, un mot aztèque dans chocolat, un mot italien dans saccager ? D'autres, en revanche, et notamment les plus récents, gardent la trace de l'appartenance à leur langue d'origine, et peuvent constituer autant de pièges orthographiques. ● Mots d'origine italienne Les mots d'origine italienne présentent essentiellement deux difficultés : le pluriel ; la présence ou l'absence d'un accent aigu pour marquer le timbre du é. En italien, le pluriel des mots masculins en o se fait en i, celui des féminins en a se fait en e. Beaucoup de mots italiens empruntés ont longtemps gardé un pluriel double, pluriel à l'italienne et pluriel français : un scenario, des scenarii ou des scenarios ; un impresario, des impresarii ou des impresarios. Aujourd'hui, le pluriel français s'est généralisé, et, dans l'usage courant, on écrit des scénarios, des imprésarios. La généralisation du pluriel en s est allée de pair avec celle de l'accent aigu. Le pluriel à l'italienne des impresarii, des scenarii... n'est pas complètement abandonné, mais c'est désormais une graphie savante, réservée aux ouvrages spécialisés. Certains mots ont été importés sous la forme du pluriel (gnocchi, graffiti, salami..., et presque tous les noms de pâtes alimentaires : macaroni, ravioli, spaghetti, etc.). Le français traite ces mots comme autant de singuliers, et on écrit au pluriel : des salamis, des graffitis, des gnocchis, des macaronis, des raviolis, des spaghettis. L'emploi au singulier est possible, notamment pour désigner une pâte considérée isolément : un spaghetti, un macaroni, un ravioli. L'emploi du é pour noter le [e] fermé (sans accent) des mots italiens s'est généralisé en même temps que le pluriel en s ; dans l'usage courant, on écrit aujourd'hui : un imprésario, un scénario... Les graphies sans accent ne se trouvent plus que dans les ouvrages spécialisés. C'est le cas, en particulier, pour les termes de musique servant à noter le mouvement des morceaux (moderato, allegretto, allegro...). Employés en tant qu'adverbes, ces termes se rencontrent surtout dans les partitions musicales, au-dessus des portées. Ils gardent alors leur orthographe italienne. En tant que noms, ils font partie de l'usage courant ; ils prennent alors, s'il y a lieu, l'accent aigu notant la prononciation fermée de e, et la marque du pluriel : des allégrettos, des allégros, des largos... (= des morceaux joués allegretto, allegro, largo). ● Mots d'origine anglaise Outre leur prononciation (les sons de l'anglais sont souvent difficiles à prononcer pour un Français), les mots d'origine anglaise posent des problèmes de graphie : le système de l'orthographe anglaise est au moins aussi complexe et aussi peu régulier que celui de l'orthographe française. Les pluriels anglais sont pour la plupart marqués par la présence d'un s, comme les pluriels français ; mais l'adjonction du s s'accompagne parfois d'autres modifications : les mots en -ch, -x, -ss, par exemple, font leur pluriel respectivement en -ches, -xes, -sses (match, matches ; sandwich, sandwiches ; box, boxes ; boss, bosses), ceux en -y font leur pluriel en -ies (garden-party, garden-parties). Les mots composés avec -man (« homme », qui joue en anglais un rôle comparable à celui de nos suffixes -eur ou -iste) font leur pluriel en -men (jazzman, jazzmen). Comme pour les mots italiens, le français a longtemps conservé pour certains mots un pluriel double, pluriel à l'anglaise (des matches, des sandwiches, des garden-parties) et pluriel français (des matchs, des sandwichs, des garden-partys) ; d'autres mots, box et boss, par exemple, se sont alignés dès l'origine sur le pluriel des mots français en -x et en -s et on a toujours écrit des box, des boss ; en revanche, on a longtemps hésité à écrire des jazzmans. Le pluriel double reste en usage pour beaucoup de mots d'origine anglaise ; néanmoins, la tendance actuelle est à l'alignement sur le français. On incline aujourd'hui à écrire plutôt des matchs, des sandwichs, des gardens-partys, des jazzmans. ● Mots d'origine latine Les emprunts directs au latin ont été faits surtout à partir de la fin du XIIIe siècle et se sont multipliés du XIVe au XVIe siècle ; à partir du XVIIe siècle, ils ont connu une certaine défaveur. Les emprunts au latin entretiennent avec les autres emprunts et avec le reste du vocabulaire français un rapport particulier, dans la mesure où ils représentent souvent une forme savante qui double une forme populaire issue du latin par évolution phonétique. Ainsi le mot latin clavicula s'est-il transformé au cours des siècles en notre moderne cheville. Au XVIe siècle, les anatomistes ont emprunté au latin le mot clavicule, avec le sens que nous lui connaissons aujourd'hui. Ainsi, deux mots français n'ayant entre eux aucun rapport de sens ou presque, sont issus du même mot latin, clavicula ; ils forment ce que les historiens de la langue nomment des « doublets ». Les accents n'existaient pas en latin. Pendant longtemps, on a écrit sans accents les mots latins comportant un [e] fermé : artefact, criterium, deleatur...Aujourd'hui, beaucoup de ces emprunts ne s'écrivent plus que sous la forme francisée : critérium, duodénum, fac-similé ; d'autres ont une forme double : française (artéfact) et latine (artefact). ● Emprunts à d'autres langues La tendance est actuellement à assimiler au système graphique du français les emprunts aux autres langues, du moins en ce qui concerne le pluriel et les accents. On écrit de plus en plus fréquemment : des lieds (et non plus des lieder), des lands (et non plus des Länder), des leitmotivs (et non plus des leitmotive). Les signes auxiliaires nécessaires aux transcriptions des langues écrites dans des alphabets non latins restent utilisés dans les ouvrages spécialisés, mais on tend de plus en plus à en limiter l'emploi dans l'usage courant (par exemple, on écrit nirvana et non plus nirvâna). ■ Le pluriel des noms propres ● Noms de personnes Les noms qui désignent les personnes appartenant à une même famille sont invariables : hier, nous avons dîné avec les Dupont. Les noms désignant des personnes homonymes sont également invariables : en France, il y a beaucoup de Lefèvre ; les deux Mamadou N'Diaye que je connais. Toutefois, certains noms de familles célèbres de l'histoire s'écrivent avec un s au pluriel s'ils sont français ou francisés : les Curiaces, les Horaces, les Gracques, les Tarquins, les Flaviens, les Ptolémées ; les Stuarts, les Tudors, les Plantagenêts ; les Bourbons. Les noms qui ne sont pas francisés restent invariables : la fin des Romanov. Lorsqu'un nom de personne désigne la personne elle-même mais est précédé d'un article au pluriel (dans un effet de style), ce nom reste invariable : les Mirabeau, les Danton, les Robespierre sont exemplaires de l'art oratoire révolutionnaire. Lorsqu'un nom de personne désigne non pas la personne qui porte ce nom ou l'a porté, mais un type, il prend la marque du pluriel : des Mozarts, il n'en naît pas tous les jours. Lorsqu'un nom de personne est utilisé pour désigner ce que cette personne a produit (notamment une œuvre artistique ou littéraire, une production de l'esprit, etc.), l'invariabilité est la plus fréquente : plusieurs Sisley, deux Gauguin et trois Picasso. Toutefois, le nom peut prendre la marque du pluriel : une vente où étaient proposés plusieurs Sisleys, deux Gauguins et trois Picassos. ● Noms géographiques Les noms de lieux prennent la marque du pluriel s'ils désignent des entités géographiques distinctes : la réunification des deux Allemagnes ; le département des Deux-Sèvres ; le royaume des Deux-Siciles. Mais on écrit : les prochaines élections seront à nouveau l'occasion de voir les deux France s'affronter (c'est-à-dire les électeurs de deux familles de pensée, et non pas deux pays portant chacun le nom de France). Les noms désignant des lieux homonymes sont invariables : il y a en France sept Nogent. Lorsqu'un nom de lieu désigne non pas le lieu qui porte ce nom ou l'a porté, mais un type, il prend la marque du pluriel : ces nouvelles Romes que sont New York et Los Angeles fascinent la jeunesse. ● Noms déposés Les noms déposés (noms de marques, en particulier) s'écrivent avec une majuscule et sont le plus souvent invariables : il a bu trois Ricard ; ce garage ne vend que des Renault. Certains noms très répandus sont traités dans l'usage courant comme des noms communs. Ils sont utilisés sans majuscule, pour désigner tous les produits comparables, même ceux qui sont fabriqués sous une autre marque, et s'accordent au pluriel. Ces emplois abusifs sont en général combattus, dès qu'ils sortent du domaine privé, par les firmes propriétaires des marques, car ils portent atteinte à leur image et au droit de propriété industrielle. (etc.)
- [typo] La rousse orthotypo, Eric Angelini (03/10/2007)
- RE: [typo] La rousse orthotypo, Thibaud Sallé (03/10/2007)
- <Possible follow-ups>
- Re: [typo] La rousse orthotypo, Jean-Marie Schwartz (03/10/2007)
- RE: [typo] La rousse orthotypo, Eric Angelini <=
- Re: [typo] La rousse orthotypo, Jean-Luc BLARY (03/10/2007)