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Message : [typo] Fw: [Oulipo] contre la casse de la casse

(chris.dufour2) - Mardi 23 Octobre 2007
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Subject:    [typo] Fw: [Oulipo] contre la casse de la casse
Date:    Tue, 23 Oct 2007 17:57:05 +0200
From:    "chris.dufour2" <chris.dufour2@xxxxxxxxxx>


----- Original Message ----- From: "alain chevrier" <alain-chevrier@xxxxxxxxxx>
To: "liste oulipo" <oulipo@xxxxxxxxxxxxxxxxxx>
Sent: Tuesday, October 23, 2007 3:01 PM
Subject: [Oulipo] contre la casse de la casse


Pour info,
je transmets cette lettre communiquée à la revue "Formules" par un
ardent défenseur des Belles Lettres  :


Monsieur Nicolas Sarkozy
Président de la République Française
Palais de l’Elysée
Faubourg Saint Honoré                     Paris, le 26 septembre 2007



Monsieur le Président de la République,



Nombreux sont les philosophes qui ont soutenu que notre avenir est
inscrit dans notre passé. De cette pensée, vous vous êtes tout
récemment fait le défenseur. Lors du discours que vous avez prononcé à
l’occasion de l’inauguration de la Cité de l’Architecture et du
Patrimoine vous avez eu, en effet, cette phrase : « Il ne sert à rien
d’être si fier de notre patrimoine et de continuer à mégoter pour
l’entretenir. »

Il est une part essentielle de notre patrimoine national qui, Monsieur
le Président de la République, mérite d’autant plus votre attention
qu’à elle seule elle résume tout ce qui caractérise notre civilisation
française : l’Atelier du Livre de l’Imprimerie nationale. Il s’agit
d’un ensemble unique au monde. À l’héritage exceptionnel de ses
collections dont les plus anciennes remontent à François 1er — poinçons
et caractères, gravures sur bois et en taille douce, vignettes, fers à
dorer, soit au total plus de 500 000 pièces—, il allie l’essentiel des
métiers d’art qui composent l’histoire de l’imprimerie et de ses
techniques : gravure de poinçons, fonte de caractères en plomb,
composition manuelle et mécanique, impression typographique,
lithographie sur pierre, taille douce et phototypie.

Nos compositeurs orientalistes disposent en outre des fabuleux trésors
accumulés au fil des siècles. Les plus célèbres sont les Grecs du Roi,
dessinés par Claude Garamont pour obtempérer aux vœux de François 1er,
les Buis du Régent, 80 000 caractères chinois gravés sur bois de 1715 à
1740. Hiéroglyphes, cunéiformes, hébreu, araméen, samaritain et
rabbinique, douze styles de caractères arabes — coufique, karmatique,
d’Avicenne… —, sept langues de l’Inde, éthiopien, arménien, tifinag,
palmyrénien, tibétain, khmer, siamois, mongol, chinois, japonais, maya…
ce sont au total 72 écritures et plus de 50 langues du monde qui
peuvent être composées avec les caractères historiques de l’Imprimerie
nationale. À cet ensemble il faut  adjoindre une bibliothèque
historique de 30 000 ouvrages dont la plupart sont d’une valeur
inestimable.

Après la vente de l’immeuble de l’Imprimerie, rue de la Convention à
Paris, et celle de la maison d’édition de l’entreprise qui éditait,
entre autres, les Éditions du Patrimoine lancées par André Malraux,
l’atelier a été installé (il faudrait dire plutôt « parqué ») dans un
hangar de 1000 m2 alors qu’il en faudrait du double et, pour ce qui
concerne les livres, sans le degré hygrométrique convenant à leur
conservation à Ivry-sur-Seine où, très réduite, son activité est
fortement déficitaire. Cette dangereuse solution ne saurait être que
temporaire.

Un petit groupe d’intellectuels, le collectif Garamonpatrimoine*, a
émis sur Internet, il y a déjà trois ans, un manifeste appelant à la
défense de cette richesse que le monde entier nous envie. Ce texte qui
s’adresse au Ministre des Finances, sous la tutelle duquel se trouve
toujours aujourd’hui et de façon anachronique placé ce patrimoine, a
été signé par plus de 25 000 personnes, dont nombre de savants,
d’enseignants et d’intellectuels, tant français qu’étrangers.

Le collectif Garamonpatrimoine promeut depuis plus de deux ans un
projet vivant tourné veRs l’avenir où la production de l’Atelier serait
maintenue et articulée à l’enseignement, à la formation et à la
recherche. Nous en avons tracé les contours dans un projet pour un
Conservatoire de l’Imprimerie, de la Typographie et de l’Écrit — CITÉ
—. Deux pistes concrètes vont dans ce sens : la Maison internationale
de l’Illustration de Bobigny et le projet de l’École Estienne.

Nous comptons sur vous, Monsieur le Président de la République, pour :
1 – lever la tutelle du Ministère des Finances sur ce dossier et la
confier au Ministère de la Culture ;
2 – transférer ce patrimoine dans l’un des deux lieux évoqués dans le
cadre du projet CITÉ. En cas de blocage, nous savons que le Musée de
l’Imprimerie à Lyon et celui de Nantes seraient preneurs de ce trésor.
Encore faudrait-il que l’Éducation nationale participât à la mise en
œuvre de ce plan ;
3 – étendre le classement du Cabinet des Poinçons à l’ensemble des
caractères, des machines, de la bibliothèque, bref à l’ensemble de
l’Atelier et, bien entendu, de ses savoirs-faire ;
4 – engager enfin une politique active en faveur de  ce patrimoine.

Au terme de cette lettre, permettez-moi, Monsieur le Président de la
République, de citer ce superbe exorde de Diderot dans la Lettre sur le
commerce des livres : « Entre les différentes causes qui ont concouru à
nous tirer de la barbarie, il ne faut pas oublier l’invention de l’art
typographique. Donc, décourager, abattre, avilir cet art, c’est
travailler à nous y replonger et faire ligue avec la foule des ennemis
de la connaissance humaine. »

Avec l’espoir d’être parvenu à vous convaincre d’agir rapidement en
faveur de cette cause, je vous prie, Monsieur le Président de la
République, de bien vouloir croire à l’assurance de ma très haute
considération.

Jérôme Peignot
Écrivain
Docteur d’État




Jérôme Peignot
3, rue Aubriot
75 004 Paris                                       Copie au journal Le
Monde
01 42 72 21 45

*garamonpatrimoine.org/jeromepeignot.free


Si d'autres veulent la transmettre à la liste typo…
AC


***
Voilà qui est fait.
Christian