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Message : [typo]

(Rémi Jimenes) - Vendredi 04 Janvier 2008
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Subject:    [typo]
Date:    Fri, 4 Jan 2008 11:40:55 +0100 (CET)
From:    Rémi Jimenes <remi.jimenes@xxxxxxxxxxx>



>Ensuite, Gutenberg a mis en place la presse, les caractères amovibles. Pour
>créer un jeu complèt sur quoi il s'est basé ? il a sans doute imaginé chaque
>caractère d'après les formes de base de l'écriture manuscrite ou peut-être des
>livres prestigieux ? Sa fonte, était bien droite (en romain), non ?

Non, les caractères de Gutenberg sont une gothique batarde (enfin, il me semble: pour le gothique je suis sûr; pour la batarde, moins). Le romain n'apparaitra en Italie que plus tard: les écritures en usage ne sont pas les mêmes en fonction des aires géographiques.

>Comment est apparu l'italique et pour quelle raison ? Ou alors, on écrivait bien avant
>Gutenberg en italique.

Les premiers caractères italiques, gravés par Francesco Griffo furent utilisés pour la première fois par Alde Manuce en 1501. L'italique correspond tout simplement à une tentative de copier l'écriture cursive en usage en Italie au XVe s. (parce que l'on n'a pas les mêmes écritures en Allemagne, en France ou en Italie, je me répète).

Le problème de l'imitation de l'écriture manuscrite par la typographie remonte à Gutenberg, et même - avant la typo - aux graveurs de xylographie.
On peut faire un rapide catalogue (à la truelle, je vous l'accorde):  les premiers imprimés allemands reprennent la gothique en usage dans les manuscrits du coin (qui se prête très bien à l'imprimerie, puisque les caractères y sont naturellement séparés). Puis les italiens (enfin, Jenson est tourangeaux!) tentent de copier l'écriture humanistique en gravant des caractères romains. L'italique est, je crois mais je peux me tromper, la première tentative de copier une écriture cursive. Les Grecs du rois de Garamond se placent dans cette même dimension de tentative de retrouver le rendu de l'écriture manuscrite (en l'occurrence, celle du calligraphe Ange Vergèce). Granjon tente ensuite, vers 1550, d'imiter l'écriture en usage en France et grave des caractères dits de Civilité.
A mon sens, la plus réussie de ces tentatives de copier l'écriture manuscrite, après les Grecs du roi, est celle de Pierre Moreau, calligraphe et graveur, qui publie dans les années 1640 trente trois ouvrages imprimés avec de nouveaux caractères, qui sont une imitation extrèmement réussie des pages manuscrites du XVIIe. Vues d'un peu loin, l'aspect de ces pages imprimées est véritablement celui du manuscrit (enfin, pas l'écriture des notaires, mais celle des gens s'appliquent un peu), surtout pour le petit corps gravé.

Et on n'a toujours finit d'essayer de copier le manuscrit, puisque nos fontes contemporaines informatiques cherchant à imiter la cursive se comptent par dizaines.

J'espère ne pas trop dire d'aneries, c'est un résumé à la truelle!

Cordialement,

Rémi.

PS/ conseil de lecture: Y. Perrousseaux, Histoire de l'écriture typographique, t. 1, Ateliers perrousseaux, 2005. Très complet pour les incunables et le XVIe siècle.

PPS/ Et bonne année à tous!





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Rémi Jimenes
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