Re: [typo] question de reliure

[Serge Bourdin <serge.bourdin@xxxxxxxxx>]

Bonsoir,

En toute logique, les feuilles sont pliées un coup verticalement, ce  
qui crée le décalage horizontal dont on cause, un coup horizontalement 
— d'où un  décalage horizontal également, non ?

Serge
Le 26 févr. 08 à 14:46, Christian Laucou-Soulignac a écrit :

> Philippe Jallon a écrit :
> > Le 26 févr. 08 à 12:13, Christian Laucou-Soulignac a écrit :
> >
> > > 3. Un maquettiste professionnel qui méconnaîtrait ces questions  
> > > ne connaîtrait pas son métier à fond.
> >
> >
> >
> > Une question au sujet des « marges de reliure » (pas sûr que ce  
> > soit le terme idoine).
> >
> > Il me semble logique que les « marges de reliure », du moins les  
> > marges intérieures, soient plus larges à mesure que le nombre de  
> > pages du bouquin augmente. Autrement dit, il faut prévoir des  
> > marges intérieures plus spacieuses pour un pavé de mille page que  
> > pour un opuscule de cent pages, non ?
> >
> > Le cas échéant, ces « marges de reliure » se gèrent au niveau du  
> > maquettiste, c'est bien ça ? Et l'imprimeur, a-t-il son mot à dire  
> > au sujet des « marges de reliures » ?
> >
> > PS : merci pour ton passionnant exposé.
> Merci pour ce merci.
>
> « marges de reliure » : Tout dépend ce qu'on entend par là.
>
> I.
> La marge « intérieure » d'un livre, (du côté de la liure, de la  
> couture ou du collage) s'appelle marge de _petit fond_. Elle est  
> fixe pour tout l'ouvrage et fixée par  le « concepteur esthétique »  
> de l'ouvrage au même titre que les autres marges (tête, grand fond,  
> pied), que la justification, la hauteur de texte et que (en amont  
> de ces choix) le caractère (dessin, style, pente, graisse, corps)  
> et l'interlignage. C'est pour que cette marge de petit fond reste  
> fixe que l'on est conduit parfois à quelques adaptations.
> Que le livre ait mille pages ou qu'il n'en ait que quelques  
> dizaines importe peu. Nous partons du principe que ce livre est  
> fabriqué à l'aide de cahiers empilés  les uns sur les autres (on  
> dit : assemblés) pour constituer le corps de l'ouvrage. Le problème  
> se situe à l'intérieur du cahier, il se répète sans variation d'un  
> cahier à l'autre. Ce qui revient à dire qu'il faut connaître le  
> nombre de pages d'un cahier pour pouvoir y remédier (donc savoir  
> comment travaille l'imprimeur). Ce problème, quel est-il ? d'où  
> vient-il ? Il provient de l'épaisseur du papier. Une expérience  
> simple permet d'en prendre conscience : prendre quatre feuilles de  
> papier de même format (4 feuilles de papier A4, par exemple). Les  
> plier en 2 soigneusement chacune puis les insérer l'une dans  
> l'autre. On a constitué ainsi un cahier de 16 pages. En regardant  
> le côté opposé aux plis on voit que les bords de feuilles sont  
> décalés en triangle avec, du côté de la pointe, la feuille centrale  
> du cahier. C'est dû, bien sûr, aux épaisseurs de papier qui  
> s'additionnent. Quand l'on fabriquera le livre, on coupera au  
> massicot ces « petits triangles » afin d'avoir une tranche de livre  
> lisse. De ce fait, la marge de grand fond sera d'autant plus  
> réduite qu'on est à l'intérieur du cahier. Si l'on n'a pas tenu  
> compte de ce phénomène lors de la maquette de l'ouvrage et que les  
> marges de petit fond et de grand fond sont fixes pour toutes les  
> pages de la maquette, on aura l'impression que le pavé de texte  
> fuit vers l'extérieur du livre au fur et à mesure qu'on entre à  
> l'intérieur d'un cahier.
> Si le papier n'est pas trop épais (papier bible, certains papiers  
> orientaux, etc.), le décalage est négligeable et l'on aurait tort  
> de se prendre la tête. Si le papier a une épaisseur moyenne  
> (papiers "offset" de 80 ou 90 grammes), le décalage est décelable  
> et le maquettiste agit en son âme et conscience pour savoir si oui  
> ou non il doit corriger. Si le papier est épais (papiers bouffants,  
> carte, etc.) le problème est réellement visible et il se doit d'y  
> remédier (ce qui ne veut pas dire qu'il va le faire). Ce constat  
> est valable pour les livres cousus-collés.
> Maintenant que se passe-t-il quand on a à faire avec un livre dos  
> carré collé : mêmes feuilles d'impression, mêmes cahiers, même  
> assemblage des cahiers mais au lieu de coudre les cahiers entre eux  
> on massicote le pavé de pages sur les 4 côtés avant de coller du  
> côté du petit fond et de poser la couverture. Et la marge de petit  
> fond varie elle aussi mais en proportion inverse de celle de grand  
> fond. Elle sera plus petite à l'extérieur du cahier qu'à  
> l'intérieur. Et l'impression de décalage du pavé de texte vers  
> l'extérieur (1re moitié du cahier) ou l'intérieur (2e moitié) sera  
> accentuée.
> Solutions pour le maquettiste :
> 1. Tous types de brochage : empagement à grandes marges pour que  
> les petites variations dues au massicotage soient négligeables.
> 2. Cousus-collés : diminuer la justification du pavé de texte de la  
> valeur de l'épaisseur de papier à mesure que l'on va vers  
> l'intérieur du cahier.
> 3. Dos carrés collés :  décaler le pavé de texte de l'épaisseur du  
> papier à mesure que l'on va vers l'intérieur du cahier.
> 4. Ne rien faire s'il s'en fout ou si son client s'en fout. Mais  
> savoir qu'il aurait pu faire.
>
> II.
> Dans les cas de reliures à systèmes (nombreuses sortes), de  
> reliures spirales (plastique ou métalliques), de piqûre à plat  
> (agrafage sur le plat de l'ouvrage), de couture à l'orientale, de  
> reliures classeur (feuilles perforées), il convient de prévoir, en  
> plus de la marge de petit fond, une marge supplémentaire égale à la  
> largeur de la bande de papier utilisée par le système choisi pour  
> lier les feuilles ensemble.
>
> Voilà mon bon monsieur,
> avec les compliments de la maison CLS.