[typo] Touche pas au plomb

["Jef Tombeur" <jtombeur@xxxxxxxxxxx>]

Revenu du salon L'Autre Livre (jusqu'à demain soir, Espace des Blancs
Manteaux, Paris), où j'ai eu le plaisir de voir de bouquin de typo de
Christian Laucou (colistier) en vente sur l'étal du Calcre, je tombe sur ce
titre :

« Touche pas au plomb ! »
Mémoire des derniers typographes de la presse parisienne

Et je m'aperçois, en allant consulter les archives de la Liste
typographique, qu'il en avait été question début septembre dernier (j'étais
alors à l'étranger, je consultais dans un cybercafé, cela m'avait échappé).

Or donc le site de l'éditeur est http://letempsdescerises.net/ et on le
trouve dans la coll. Le Cœur à l'ouvrage.

Je ne vais pas revenir en détail sur ce bouquin en détail puisqu'il a été
présenté mais un truc m'a amusé au passage...

Dans le chapitre consacré à Isabelle Monthier, typote et metteuse de 1983 à
1995, il y a un savoureux passage sur le mettage au sujet des horoscopes :
« Ce qui me fait rire, c'est lorsque l'horoscope du jour est perdu ou
n'arrive pas à temps. On pioche dans un grand tiroir pour en prendre un
autre, ancien, qui fera autant l'affaire que celui du jour. ».

Une fois, alors que je rédigeais une page de Livres pour un quotidien
régional, je reçois le bouquin d'une voyante sur ses prédictions pour
l'année suivante. J'ai payé de ma poche celui de l'année en cours et je me
suis payé une bonne tranche de rigolade en rédigeant mon papier...

Une légende voulait que ce soit les stagiaires qu'on chargeait de
l'horoscope dans certaines agences spécialisées...

Ce qui m'a aussi amusé, avec le chapitre « Photocompositeur à La Tribune »,
c'est les paragraphes de la partie « L'Ère de la glaciation des relations
journalistes-ouvriers du Livre : 1993 à 2006 » car j'y lis cette prédiction
rigolote :
« …c'est LVMH qui reprend _la Tribune_ (sic pour cette bas de casse,
j'aurais plutôt capitalisé la _l_, comme pour la suivante) (...) de Bernard
Arnault (...) malgré le fait qu'on sait qu'il reprend _la Tribune_ parce
qu'il espère avoir plus tard _le Figaro_ et qu'il veut se faire un peu les
dents là-dessus… ».

Au passage, le gars parle des salaires. En disant qu'un ouvrier se faisait
dans les 17 000 en travaillant le soir, les dimanches et les jours fériés.
Le salaire d'un grand reporter de la PQR diplômé bac+5 généralement, lequel
travaille très souvent le soir, les dimanches par roulement comme les jours
fériés mais pas en heures sup., car il est cadre, et que parfois il ne
rentre pas chez lui deux-trois mois et que c'est pas ou très peu
récupérable. Quel angélisme...

La partie d'Annie Béjean, correctrice, en rajoute sur les relations «
parfois conflictuelles entre typos et correcteurs ».

Sinon, il y a pas mal de blagues assez mémorables que je me trouve tout
surpris de découvrir (je croyais en connaître pas mal sur la presse et les
ateliers).

En tout cas, quand on voit la page d'annexe, avec les adresses de tous les
quotidiens dans les IIe et IX ar. (sans compter le Xe, car si _Témoignage
chrétien_ est bien, je crois, resté dans le bas du IXe, limitrophe, sur la
rue du Fg Poissonnière, _Pif le Chien_ et _Miroir du Cyclisme_ étaient en
haut, vers les numéros 130, côté Xe), on se dit qu'on a vraiment vécu la
seconde moitié du siècle dernier. Une page est vraiment tournée. Reste
Reuters, je crois, au Sentier… Et quelques petites revues ou petits
magazines avec très peu de personnel.