[typo] Astiquons !

[Pascal Septeuil <pascal.septeuil@xxxxxxxxxxxxxxxx>]

La poussière les étouffe. Ils racornissent dans l’air trop sec. Le gondolement les guette pour excès d’humidité. Attaqués par les vers, trahis par l’encre acide, qui ronge les mots au pied de la lettre et laisse lire entre leurs lignes — la peste soit de cette noix de galle ! — nos livres inanimés souffrent comme âmes en peine. Ils vomissent l’obscurité, mais l’abus de lumière les dérange, livrant leurs plats gainés de cuir aux volutes moresques d’eczémas compliqués ; abandonnant l’entrelacs gordien d’un monogramme parfait à la mandorle laiteuse d’un hideux psoriasis. Pitié pour nos vieilles peaux ! Il est temps de sortir les onguents.

Quelques outils s’imposent avant de procéder au grand nettoyage. Une brosse en navette, à soie douce mais un peu ferme, assurera un dépoussiérage général préalable. D’aucuns utilisent un blaireau ou un pinceau « blush » pour ménager les tranches dorées. Les modernes préfèreront un ensemble d’embouts miniatures à fixer sur le tuyau de l’aspirateur¹, pourvu qu’il soit doté d’un variateur de vitesse. Les fonds de cahier apprécieront leur finesse longiligne capable de venir à bout des cheveux, miettes et autres vestiges d’inopportuns pétuns.

Méfiance avec les cuirs : l’huile de pied de bœuf, vieille comme les carnes dont elle attendrit les selles en lustrant les pommeaux, sied aux solides maroquins, réputés francs buveurs, mais ne fait pas le bonheur des veaux blonds et des basanes légères qu’elle fonce irrémédiablement. Ce conseil vaut leçon, nous dit Olivier Maupin, maître restaurateur ès-ouvrages fatigués, sis à Tigy en bord de Loire², inventeur d’une valise miracle³ réunissant quelques ingrédients nécessaires à l’entretien d’une centaine de pièces. Une éponge naturelle ; un chiffon doux; du savon Brecknell pour rafraîchir les peaux et raviver les dorures ; un flacon de « Klucel G », dilué dans de l’alcool absolu (98°, sur commande à la pharmacie), pour ré-encoller le cuir ; enfin, une crème hydratante, mélange de vaseline, de cire blanche et d’essence de cèdre. La recette, dont les proportions restent secrètes, a été mise au point par le British Museum. Entre chaque opération, notre spécialiste manie le sèche-cheveux, assurant de la rondeur de son éminence hypothénar, le gras de la main, de lents massages pénétrants. « Et c’est superbe », promet-il.

 

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1 – http://online.carrefour.fr/electromenager-multimedia/menalux/accessoires-pour-nettoyage-de-precision-d18n_a03068334_frfr.html (± 15 €)

2 – Tél. : 06 62 57 61 73. CFRPE (Centre de Formation de Restauration du Patrimoine Écrit) 3 ter, rue Abbadie 45110 Châteauneuf-sur-Loire. Tél : 06 62 57 61 73  –  olivier.maupin@xxxxxxxxxx

3 – http://www.ivres-de-livres.fr/#/kit02/3893313 « Kit entretien et conservation » (80 €).

Le 12/01/12 16:34, Anne Guilleaume a écrit :

Bonjour la liste,

Je me demandais comment préserver les couvertures de cuir de mes (4) livres anciens (début du vingtième siècle).
Elles commencent à craquer...

Cirage ? Huile pour le bois ?