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Message : [typo] Re: Esthétique de la ponctuation

(CLS) - Vendredi 27 Avril 2012
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Subject:    [typo] Re: Esthétique de la ponctuation
Date:    Fri, 27 Apr 2012 21:13:02 +0200
From:    CLS <cls@xxxxxxxxx>

« Le Point-virgule (;), qu'on nomme aussi Virgule ponctuée, est appelé par nous Petit-qué, parce qu'autrefois il servoit à abréger en latin le mot que au lieu duquel on écrivoit q;. »
B. Vinçard, typographiste, en son Traité de ponctuation de 1809.

Nous ne saurions dire, pour des raisons de convenances, comment est appelé par nous le maréchal Pétain.
Christian Laucou
[habitant des marais de Saint-Gond]
cls@xxxxxxxxx
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Le 27/04/2012 13:25, Eric Angelini a écrit :
Métèque de la ponctuation  

Par Jean Birnbaum 

Le Monde des livres du vendredi 27 avril 2012 
 
Le maréchal Pétain exécrait le point-virgule; il y voyait un signe bâtard. Ni point ni virgule, ni masculin ni féminin, voilà en effet une douteuse confusion des genres. Là où le point pose virilement une borne, ce signe hybride brouille les frontières ; quand la virgule fait délicatement le lien, il sépare sans réunir, semant le trouble au cœur de notre belle langue française. En ce sens, le point-virgule mérite bien la défiance qu’il suscite parmi les hommes d’ordre. Ingratitude de l’histoire, il n’est guère mieux traité par les plumes progressistes. Certes, dans les journaux, sur Internet et sur un réseau social comme Twitter, elles sont aussi promptes à chanter les bienfaits du métissage qu’à traiter leurs ennemis de « pétainistes ». Et pourtant, rares sont celles qui, tirant les conséquences symboliques de leur discours, donnent asile au point-virgule, ce métèque de la ponctuation. Or ce mal-aimé, tous les amis du texte devraient prendre s
a défense. Pour s’en convaincre, il faut lire le fort essai d’Isabelle Serça qui paraît aujourd’hui, _Esthétique de la ponctuation_ (Gallimard, 320p., 23,50 euros). Tout art digne de ce nom, affirme l’auteur, exige le respect de la ponctuation : celle-ci constitue l’« énergie motrice » qui permet d’écrire l’expérience du temps, de l’inscrire dans l’espace. L’espace du roman, bien sûr, et Isabelle Serça consacre de belles pages au temps retrouvé de Marcel Proust, au temps suspendu de Claude Simon, au temps mesuré de Julien Gracq. Mais aussi l’espace de l’art contemporain, comme en témoigne le chapitre qui nous guide à travers les installations rythmées de l’Américain Richard Serra. Ou encore l’espace bâti : « Les architectes savent que les fenêtres sont les virgules d’une façade, les colonnes les points-virgules d’un édifice... », résume de son côté le linguiste Jacques Drillon. Une colonne, le point-virgule ? Oui, grinceront e
ncore les suspicieux, mais une « cinquième » colonne ; autrement dit un traître en puissance.

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É.