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Message : Re: [typo] Typographie des Furtifs, d'Alain Damasio (Olivier Randier) - Vendredi 26 Février 2021 |
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Subject: | Re: [typo] Typographie des Furtifs, d'Alain Damasio |
Date: | Fri, 26 Feb 2021 17:01:03 +0100 |
From: | Olivier Randier <olivier.randier@xxxxxxxxx> |
Bonjour Olivier,(Je devrais ajouter un truc du genre « Que deviens-tu, depuis le temps ? »)Je ne suis pas trop amateur de dystopies (Orwell m’est tombé des mains, par exemple) et en revanche je n’ai rien contre l’utilisation de google-books (peut-être est-ce lié), sauf que…Dans l’extrait qui m’apparaît suivant ton lien, je ne vois aucune division en bout de ligne et même si apprécier un gris à l’écran n’est pas facile, je vois bien qu’il y a un grand nombre de lignes lavées. Je me demande du coup quel est le format numérique adopté par google : si c’est un pdf provenant du bouquin papier, je ne comprends plus trop ta demande… Entendons nous bien : ça n’est pas l’absence de division en bout de ligne qui va me faire renoncer à une lecture (j’ai un Asimov en 4 tomes qui est entièrement sans division), c’est dire à quel point je suis fidèle au principe de Lacroux ;-) mais en revanche, ça me semble difficile alors d’aborder le livre sous l’angle typo…Du coup si tu pouvais préciser ce que tu attends vraiment, voire fournir un lien vers quelques pages scannées…Amicalement,— Michel BovaniLe 25 févr. 2021 à 22:56, Olivier Randier <olivier.randier@xxxxxxxxx> a écrit :Bonjour à tous,Je ne crois pas avoir vu ici, sur cet ouvrage, un fil de discussion équivalent à celui qui avait accueilli la Maison des feuilles, de Mark Z. Danielewski (avant même sa parution en français, si ma mémoire est bonne).Pourtant, je pense que les Furtifs, d'Alain Damasio, mérite que la communauté typo s'y intéresse. Comme je suis en train de le finir, je m'y colle.Il s'agit d'un bouquin de SF, ou d'anticipation, d'un auteur français qui s'est déjà fait une belle réputation dans le genre.Bon, le fond, d'abord, il décrit la France dans quelques décennies, dominée par une Gouvernance néo-libérale, une société d'ultra-surveillance où chacun est tracé sans arrêt pour lui offrir des services ciblés en fonction de ses données et du niveau d'accès (standard, premium, privilège) que chacun a pu ou voulu s'offrir. L'espace même de la ville, Orange (rachetée par la compagnie éponyme, comme la plupart des grandes villes), est accessible en fonction du niveau d'accès.L'histoire suit un couple en quête de sa fille, disparue à 4 ans, que le père croit s'être transformée en "furtive", une étrange forme vivante qui échappe avec une vivacité extrême aux regards des humains, qu'elle redoute au point de mourir, si elle est vue, pour protéger l'espèce...Le tout sur fond de résistance héroïque des marginaux à l'ordre ambiant, de plus en plus étroitement contrôlé.Toute ressemblance avec notre époque est purement fortuite.La forme, maintenant. D'Amasio approfondit un dispositif expérimenté dans la Horde du contrevent, où l'histoire est racontée par les différents personnages, identifiés par un glyphe spécifique en début de paragraphe.Dans les Furtifs, il va plus loin, mais le rend plus subtil en même temps. Chaque personnage est identifié par des signes qui s'intercalent avec les premières lettres ou mots du premier paragraphe, puis repris à l'aide de diacritiques, empruntés à des langues étrangères, disséminés sur les lettres du texte.Par exemple, le père est représenté par des points (deux points centrés au début du premier paragraphe, un après le premier mot, puis des points diacritiques occasionnels, dans les "L", sur les "c". La mère est représentée par des signes initiaux qui ressemblent à des extrémités d'accolade ou de parenthèse, puis par l'absence occasionnelle de point sur les "i" ou "j". Il y a ainsi une demi-douzaine de personnages qui racontent l'histoire, chacun avec ces "fioritures" qui répondent à leur accent, à leur personnalité, à leur façon de parler, à leur évolution. A mesure que chacun s'engage plus profondément dans une évolution furtive, la présence des fioritures s'accentue. Un moment de communion entre tous les personnages les voient toutes envahir le texte.On peut avoir un aperçu du livre et du dispositif typographique avec cet extrait :Mon opinion : autant je n'ai pas réussi à "rentrer" dans la Horde du contrevent, autant j'ai trouvé la narration des Furtifs très prenante. Surtout, les glyphes de la Horde me semblaient relever du gadget, alors que dans les Furtifs, ils participent complètement à l'histoire, qui explore profondément les capacités créatrices du langage, de la parole et du geste. L'auteur fait d'ailleurs preuve d'une inventivité impressionnante dans la langue (ou la "sangue") utilisée.Et ça reste malgré tout lisible, agréable même, parce que l'intégration de diacritiques étrangers, même s'ils sont de plus en plus nombreux, ne perturbe pas la lecture : ne faisant pas partie de notre langue, ils sont facilement ignorés, et leur présence ne gâche pas le gris du texte, à mon goût.Donc, personnellement, je recommande, et je serais ravi d'avoir l'avis d'autres lecteurs typos et d'en discuter, en souvenir des riches heures de la liste Typo.Bonne fin de semaine____________Olivier Randier
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