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Message : Re: Site et caract res pirat s

(Frederic Goudal) - Mercredi 10 Décembre 1997
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Subject:    Re: Site et caract res pirat s
Date:    Wed, 10 Dec 1997 07:52:46 +0100
From:    Frederic Goudal <goudal@xxxxxxxxxxxxxxxxxxxx>

> From: esperlue@xxxxxxxxxx (Elisabeth Domergue)
> Date: Tue, 09 Dec 1997 21:00:59 +0100
> Subject: Re: Site et caract res pirat s

>>
>>
>>J'ai dÈjý un mal fou ý me payer mes pelloches, si en plus je dois
>>ajouter quelques centaines ou miliers de francs dËs que je fais un
>>bout d'affiche, je ne fais plus rien.

>
>
>Je ne comprends pas du tout cette idée de gratuité.

Le problème est simplement complexe. Je vais vous donner un premier
exemple. Le logiciel TeX dont on parle régulièrement est gratuit. Si
vous voulez soutenir l'effort des gens qui font TeX, vous pouvez soit
acheter le manuel, soit donner de l'argent tout simplement. La même
chose pour tous les programmes gnu, la même chose pour le système
d'exploitation Linux. Tout ces projets sont issus de la première
culture internetienne : la collaboration et l'échange de ressources.
Certes ceci peut-être totalement incompréhensible, mais jusqu'à
récemment internet c'était 100% gratuit (hors les frais physiques de
connexion). Le corrolaire important c'est qu'il n'y avait pas grand
monde pour piller. (Même les grosses boites qui étaient sur internet
contribuaient à ça).

C'est une sorte d'idéal universitaire : le savoir dans les articles
publiés est gratuit. Ça permet à des individus, à une communauté  de
développer des choses sans avoir à rentrer dans un système
economique phynancier, mais une économie autre (qui ferait pleurer les
libéraux). Tout cela est à mon avis très politique.


Maintenant il faut bien voir que cette gratuité n'a pas de mise pour
un usage commercial. Là où on peut envisager la gratuité c'est dans le
cas où il n'y a pas perte pour le concepteur. 

>Les écoles vont être taxées pour le photocopillage,
>c'est à dire qu'on va enfin régulariser la situation des profs qui
>utilisaient les photocopieurs pour reproduire illégalement des documents.
>C'est normal, on aimerait que les ressources ainsi dégagées profitent aussi
>aux auteurs.

Dans le labo où j'ai fini mes études, un prof a écrit un bouquin, et
comme tous les bouquins d'informatique son prix de vente est censé
être prohibitif vu le petit tirage, et comme son prix est prohibitif,
ben vous allez dans n'importe quelle officine de photocopillage, ils
ont leur examplaire massicoté pour faciliter le travail, donc on en
vend moins, donc c'est cher. Le cercle est totalement vicieux. 

Mais on peut constater dans ce cercle vicieux, que l'acheteur n'a pas
son mot à dire - si ce n'est de faire le choix d'acheter quand il en a
les moyens, mais dans le cas d'études scientifiques, ça peut porter le
prix de la scolarité à des niveaux assez étonnants.

Ce prof donc a effectivement choisi de limiter ses droits à un
minimum afin de baisser le prix du livre pour essayer de casser le
cercle vicieux du photocopillage.


>Pourquoi les fontes seraient-elles essentiellement gratuites.
>En création graphique, le choix du caractère est tellement important, il
>détermine beaucoup l'esprit de la mise en page ou du logo !
>Le choix d'un caractère neuf apporte une réelle plus-value à un travail, non
?
Plus-value veut dire qu'il y a valeur, et si le travail n'a pas de
valeur, vous aurez beau ajouter un pourcentage quelconque on en reste
à zéro. 

>D'accord, comme enseignante je ne suis pas confrontée exactement à la même
>logique, mais les budgets de l'éducation nationale sont vraiment serrés,
>vous savez, ça ne nous empêche pas chaque année de choisir avec un intense
>plaisir quelques fontes neuves, de voir la tête inquiète des imprimeurs :
>"ça vient d'où ça?" et d'enrager si nous soupçonnons les mêmes d'avoir mis
>la fonte dans leur stoc sans licence.

Et je suis le premier a condamner cette attitude.


>Quand aux étudiants, leur appétit est
>sans limite et il bon qu'ils connaissent le prix du privilège de travailler
>avec des fontes qui sont une expression de l'air du temps.

Mon dieu quelle condéscendance quant aux étudiants. Je reconnais certe
qu'ils ont parfois du mal à évaluer la valeur de leur matériel
pédagogique (je suis ingénieur dans une grande école). Mais de grace
évitez nous ce discours de prof hautain...

>Mais bon c'est peut-être un dialogue de sourd. Dommage.

Vous semblez vouloir tout évaluer en terme phynancier. Pour moi une
création "artistique" s'évalue autrement, et doit être favorisée par
tous les moyens. 

f.g.
--
Look at the things around you, the immediate world around you. If you are
alive, it will mean something to you, and if you care enough about
photography, and if you know how to use it, you will want to photograph that
meaningness. If you let other people's vision get between the world and your
own, you will achieve that extremely common and worthless thing, a pictorial
photograph. 

Paul Strand "The Art Motive in Photography" the British Journal of Photography
1923, p 613
Frederic Goudal - goudal@xxxxxxxxxxxxxxxxxxxx - http://www.insat.com/~filh -