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Message : Re: Typo de la ponctuation : logique vs esthÈtique

(Jean-Pierre Lacroux) - Mardi 27 Janvier 1998
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Subject:    Re: Typo de la ponctuation : logique vs esthÈtique
Date:    Tue, 27 Jan 1998 20:04:21 +0100
From:    Jean-Pierre Lacroux <lacroux@xxxxxxxxx>

Bon, j'ai quelques minutes devant moi, alors je reviens sur le problème
des disgracieux petits points noirs.

L'esthétique et la logique ont été évoquées. Je n'ai rien contre ces
deux disciplines, je les crois mêmes très bénéfiques... mais, s'agissant
d'orthotypographie et de ponctuation, elles exigent des précautions. 
La logique est une aide précieuse pour résoudre les questions simples,
celles surtout qui dépendent d'une seule « règle »... Dès lors que l'on
concocte des exemples se situant aux confins du genre ou faisant appel à
plusieurs règles, il est vain de se montrer logique dans l'application
d'une règle si l'on oublie les autres. En d'autres termes, avant
d'acculer une règle dans les cordes, il est bon de se souvenir des
relations qu'elle entretient avec ses s?urs et singulièrement de leur
éventuelle hiérarchie.
J'aime bien les exemples vicieux, rétifs aux normes : pour le plaisir,
non pour adapter la règle à leurs caprices.
Si l'on trouve logique d'écrire :
    Tu m'as dit « Où vas-tu ? ».
ou
    Tu m'as dit « Où vas-tu ? » ?
pourquoi serait-il illogique d'écrire :
    Tu m'as dit : « Où vas-tu ? ».
    Tu m'as dit : « Où vas-tu ? » ?
Or, ici, on est en plein « solécisme typographique »...
Question (subsidiaire) : où mettre le point d'interrogation qui
correspond à mon pourquoi ? (La réponse se trouve dans le dernier
paragraphe...)

Si l'on retient ces façons de faire, on met à mal tout un pan de
l'orthotypographie française (ponctuation des citations)... Sous quel
prétexte ? Celui de donner une ponctuation logique à des formulations
illogiques... J'entends déjà les objections... alors voici mon
sentiment : à l'oral, je crois que les doubles interrogations sont
rarissimes et que la plupart des francophones diraient :
« Pourquoi m'as-tu demandé où j'allais ? » ou une des innombrables
variantes (« Pourquoi qu'tu m'demandes où je vais ? »...). Et là, aucun
problème de ponctuation. Quant à la phrase non interrogative (que je
trouverais plus crédible à la troisième personne...) imaginons qu'elle
se situe à la fin d'un dialogue globalement sis entre guillemets... Si
l'on retenait la méthode examinée plus haut, on aurait un point final
après le guillemet fermant le discours cité dans le discours... et on
aurait l'air malin, car pour être dans la même logique il faudrait le
faire suivre par un nouveau guillemet fermant le dialogue (impossible
dans ce cas de laisser un point final à l'extérieur du dernier
guillemet)...

« Qu'est-ce qu'il t'a demandé ?
- Il m'a dit : « Où vas-tu ? ». »

Certes, ça passerait mieux (?) avec des guillemets anglais de second
rang :
« Qu'est-ce qu'il t'a demandé ?
- Il m'a dit : ?Où vas-tu ??. »

mais mieux vaut (façon de parler...) :
« Qu'est-ce qu'il t'a demandé ?
- Il m'a dit : ?Où vas-tu ?? »

Pour terminer sur une généralité : la solution* de la plupart des « cas
extrêmes » ne réside pas dans la ponctuation mais dans la gomme, l'encre
rouge ou la touche backspace... Faut tout récrire, histoire que ça
devienne ponctuable... qualité (non suffisante, certes) qui témoigne que
la phrase correspond peut-être à un cheminement réel de la pensée. 
* Si l'on cherche une solution... Il n'est heureusement pas exclu de
jouer avec les embuches, mais ça, c'est déjà tomber dans la littérature.
Cordialement,
Jean-Pierre Lacroux
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Bibliographies, citations (langue française, orthotypographie) :
http://users.skynet.be/sky37816/Lx.html
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