Re: usages/traditions diverses (fut par erreur Re: fhv@xxxxxxxxx)

["Francois H. Villebrod" <fhv@xxxxxxxxx>]

Thierry Bouche et moi avons eu une petite discussion de couloir, non pas
parce qu'on se croit à la Chambre des Députés, mais à la suite d'une
erreur d'aiguillage du premier avec le bouton Reply To, ce qui a privé
la liste de la poursuite de la discussion.

Pour rectifier, Thierry m'autorise à retransmettre la partie
intéressante de cette discussion. Que Thierry envoie lui aussi l'essence
de son message d'origine s'il le juge utile au débat.
Voici donc:

Thierry Bouche écrit:
> ...
> Francois H. Villebrod écrit :
> « Mais on peut déjà régler pas mal de problèmes avec ce qu'on a entre les
> « mains aujourd'hui. L'un de mes intérêts est justement de trouver au
> « niveau des polices de caractères des moyens de palier aux problèmes
> « posés par les différences d'usage typographique -ou de tradition
> « typographique, comme vous voulez. Par exemple les histoires de
> « cohabitation des tirets et signes de punctuation avec l'espace, de même
> « que beaucoup d'autres problèmes d'espaçage, peuvent être résolus avec le
> « tableau d'approche (kern).
> 
> résolu peut-être pas, mais disons que les même glyphes combinés avec
> des métriques différentes peuvent très bien faire l'affaire, oui. Le
> problème, sauf erreur de ma part, est que les programmes utilisent en
> général la fonte elle-même pour déterminer la chasse des caractères
> (donc les talus d'approches) et un fichier extérieur (type AFM) pour
> le crénage.

C'est correct.

> Pour ajuster l'espacement, il faut souvent commencer par
> modifier les talus d'approche, ce qui doit être difficile à reproduire
> à l'aide de paires d'approches corrigées -- mais pas impossible après
> tout.

(talus d'approche = sidebearing; je prends note :-)
Les talus d'approche doivent être réglés avant de faire le crénage afin
de produire le meilleur compromis d'approche. Ce réglage est le propre
du créateur de fonte. Le crénage par contre peut être facilement modifié
par l'utilisateur. Lorsque ce dernier pourra un jour jouer sur les
taluts d'approche et faire du sur-mesure, les problèmes courants seront
éliminés. Celà dépendra de la manière avec laquelle les logiciels
exploiteront le très flexible format OpenType.

En attendant, _dans certains cas_, on peut utiliser les paires de
crénage pour faire des retouches d'espacement. Par exemple si la
distance caractère-punctuation est trop grande lorsque vous insérez une
espace entre les deux, une paire <espace><caractère> négative peut
rétablir l'ordre. Ces paires avec l'espace seraient ainsi bien utiles,
mais...

> Au fait combien de programmes honorent les paires
> <caractère><espace> ?

C'est tout-à-fait la misère que j'ai avec Quark XPress et la version 3.3
qui n'a rien résolu. C'est une bogue ou une erreur de conception.
Peut-être les ingénieurs de Quark sont-ils des ignards, on pourrait leur
envoyer un courrier collectif, à moins que ce ne soit corrigé dans une
version plus récente. Ce n'est pas que les américains ignorent la paire
<caractère><espace>, les fontes made in U.S.A. y font fréquemment appel,
ne serait-ce que pour maintenir un espacement uniforme à l'?il avec les
A, Y, etc placés en extrémité de mot.

Si c'était le seul problème...! Je ne peux même pas sortir d'espace
insécable avec le Mac en système grec. Ces idiots ont programmé le
changement de clavier Latin-Grec avec la même combinaison de touches
utilisée par Quark pour l'insécable. Il me faut la coller à la main
("paste"), et je "peste"! Mais passons sur ces histoires de casserole.

> Combien de programmes permettent de tricher sur
> les métriques sans éditer la fonte ?

Oui, c'est le problème dont on parlait, mais transitoire je pense, qui
se résoudra avec l'avance de la technologie des fontes (cf. Open Type).
 
> (je pense par exemple au cas où
> on veut aligner des chiffres elzéviriens à chasse proportionnelle,
> donc leur affecter de fausses métriques qui les centrent dans une
> chasse constante) [les points d'interrogation ne sont pas une figure
> de rhétorique : j'aimerais _bien_ connaître la réponse !]

Ce genre de situation me parait beaucoup moins fréquent que celui de
l'espacement des ponctuations. Pour les cas particuliers est-ce si
difficile à un typographe de modifier avec un éditeur de fontes la
chasse et les taluts d'approche d'un nombre limité de caractères? Il y a
des éditeurs simples pour ce travail, et qui reconstituent la fonte dans
sa qualité originale (hints, crénage et métriques non touchés par
l'utilisateur, format). Je n'ai pas de nom de logiciels à l'esprit, mais
on peut faire une recherche. Si vous travaillez sur PC, voyez du côté de
FontLab.

> « Chacun peut le faire avec un petit logiciel,
> « mais le créateur lui-même peut aussi fournir des tableaux différents
> « pour chaque groupe d'usage typographique. Les matériels sont désormais
> « assez rapides pour que les traitements utilisant une approche complexe
> « ne détériorent pas sensiblement le délai de déroulement des textes.
> 
> oui, c'était probablement une des bonnes idées de GX de pouvoir
> modifier dynamiquement les propriétés (métriques ou esthétiques) d'une
> fonte. J'ai cru comprendre qu'Opentype en reprend en fait une partie
> d'une façon différente.

Je n'ai pas le temps d'étudier OpenType (et TrueType Open*) en
profondeur en ce moment, mais après un nouveau survol de la
documentation il parait certain que ce format possède tout ce qu'il faut
pour résoudre nos problèmes actuels, si toutefois le créateur sait en
profiter dans ses fontes et si les logiciels s'y adaptent.
[* Open Type réutilise les tables de TrueType Open, format d'extension
de TrueType qui apparemment n'est jamais entré dans le cycle de
production.]

> ...

Cordialement,
 
Francois H. Villebrod
type designer

http://www.typiko.com
fhv@xxxxxxxxx
fhv@xxxxxxxxxx

<+> whatever the style, type is meant to be read <+>