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Message : Re: [K2] Gestion du crénage [I.1.d]

(Francois H. Villebrod) - Mercredi 25 Février 1998
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Subject:    Re: [K2] Gestion du crénage [I.1.d]
Date:    Wed, 25 Feb 1998 20:51:21 +0200
From:    "Francois H. Villebrod" <fhv@xxxxxxxxx>

Olivier RANDIER wrote:
> [...] Mais il ne faut
> pas oublier que les fontes ne sont pas faites que pour être utilisées dans
> des logiciels de P.A.O. Les talus d'approche sont généralement réglés pour
> donner un résultat correct, même dans un logiciel qui ne tient pas compte
> des approches de paires.
> Dans mon idée, il y aurait trois niveaux de gestion des fontes :
> Chasses simplement juxtaposées, pour le petit logiciel à 10 F (calepin,
> SimpleText),
> Chasses + corrections d'approche pour le traitement de texte plus élaboré,
> Enveloppes + crénage logiciel pour le logiciel de mise en pages.

Juste remarque, et c'est correct pour les deux premiers niveaux, ce qui
est d'ailleurs le propre de la situation actuelle. Mais pour ce qui est
du crénage logiciel il faudra attendre une génération ultérieure
d'intelligence artificielle, lorsque --peut-être malheureusement-- on
n'aura plus besoin de l'oeil du typographe pour équilibrer les
approches!

Il y a quelque temps j'avais posé la question sur la liste Typo-L:
pouvait-on faire confiance a un logiciel, soit-il le meilleur, pour
réaliser automatiquement une bonne approche? Pratiquement toutes les
réponses furent négatives. Même Kernus fut rejetté au rang de simple
auxilliaire de préparation ou de solution de dépannage vite-fait, ce qui
correspond à ce que Thierry disait sur ce programme.

La gestion du crénage par enveloppe demeure toujours limitée dans ses
possibilités. L'enveloppe doit de toute façon être créée par le
dessinateur (avec FontStudio par ex.), ce qui représente pas mal de
travail à tâtonner sans grande assurance de satisfaction dans tous les
cas de combinaison de paires.

L'oeil --mais surtout le cerveau qui travaille en arrière-- opère une
série de calculations complexes sans que le dessinateur lui-même ne s'en
rende compte. La difficulté est facilement constatée lorsque, après
obtention manuelle d'un équilibre plaisant des distances, aucune règle
géométrique simple (de maintien d'une distance d'enveloppe par ex.) ne
semble pouvoir s'appliquer pour expliquer le résultat.

Une manipulation comparative des valeurs de blanc et de noir a lieu à
l'interface des deux caractères, mais elle ne tient pas compte d'une
seule série de valeurs selon un axe particulier (le contour de
l'enveloppe), mais plutôt d'une multitude hiérarchisée de séries de
valeurs sur différents axes et à différents points du voisinage de
contact des deux caractères. Des facteurs subjectifs et esthétiques
entrent aussi en jeu. Essayez donc de normaliser cette procédure
complexe et de la passer sur silicone!

Pour améliorer la situation du crénage dans le logiciel de mise-en-page
de haut-de-gamme, restons donc pragmatiques. Je pense qu'il faudrait
plutôt demander une meilleure procédure de gestion des paires, y compris
des paires avec espace (je me suis plaint récemment auprès de Quark à ce
sujet), et même des triplets et quadruplets*, ainsi que des artifices de
simplifications tels le regroupement des lettres aux contours latéraux
identiques en classes de crénage*. (* particularités d'ailleurs prévues
par le format de fontes OpenType).

Un auxilliaire d'édition de paires doit pouvoir utiliser le texte de
mise-en-page lui-même (zoomable de préférence à 1000% plutôt qu'à 400%)
pour emmagaziner les corrections d'approche faites par l'utilisateur en
plein texte, au gré de son travail. Les nouveaux tableaux de crénage
obtenus doivent non seulement voyager avec le document, mais aussi être
récupérables sur d'autres docuemnts et pouvoir être exportés sous format
AFM en vue de récupération sur un éditeur de fontes. Celà revient à
gérer le crénage tout comme on gère les exceptions orthographiques ou de
césure.

On devrait même pouvoir enregistrer des tableaux de crénages différents
selon le corps utilisé, puisque le crénage du texte et celui des
titrages sont différents.

Le fin du fin serait évidemment de pouvoir jouer sur les talus
d'approche afin de modifier aussi le placement des glyphes dans leur
"bounding-box" (jargon? pardon!:). Faudra-t-il alors aussi un
dictionnaire des talus d'approche associé à celui des crénages? Çà se
complique, mais pourquoi pas?


Francois H. Villebrod
type designer

http://www.typiko.com
fhv@xxxxxxxxx
fhv@xxxxxxxxxx