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Message : Re: Abréviation de courrier électronique

(Jacques Melot) - Vendredi 20 Mars 1998
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Subject:    Re: Abréviation de courrier électronique
Date:    Fri, 20 Mar 1998 10:02:01 +0000
From:    Jacques Melot <melot@xxxxxx>

 Le 20/03/98, à 1:59 +0000, nous recevions de Olivier RANDIER :

>Tiens, puisque qu'on est dans le sujet des abréviations, y en a-t-une qui
>me chiffonne depuis un bon moment, c'est celle du courrier électronique, de
>plus en plus fréquente.
>
>On voit souvent « e-mail », « E-mail », voire « e-Mail ». Personnellement,
>à un moment, il m'a paru évident (l'ais-je lu quelque part ?) que, ce « e »
>signifiant « électronique », il faudrait composer « eMail », comme « eV »
>(électronvolt*). Seulement, il semble que je soit le seul à penser comme
>ça, à l'exception notable d'Apple, à l'époque où ils avaient leur propre
>projet de réseau (eWorld).
>
>Il devient urgent de trancher. Vos opinions ?
>
>* À propos, pour cette unité, il me semblait que le « e » devait être en
>italique (pour distinguer de la base des logarithmes népériens ?), non ?
>L'I.N. semble l'oublier. En tout cas, Apple écrivait eWorld avec un « e »
>italique.
>
>Note de l'animateur : inutile de nous bassiner avec les histoires de
>traduction (mèl, courriel, etc.), le sujet, c'est l'abréviation en tant que
>convention internationale, hein !


   Olivier, vous m'étonnez (et achevez de me réveiller) !

   Y a-t-il une convention internationale pour « téléphone »,
« télécopie », « adresse », etc. ? Du reste le français EST une langue
internationale, qui plus est LA langue universelle des Postes (à
l'exclusion de toute autre langue, de l'anglais notamment :  partout dans
le monde, les étiquettes postales, de douane, etc., sont rédigées dans la
langue du pays et en français). Le fait de le refuser, comme le font de
plus en plus souvent les non francophones... avec l'aide enthousiaste de
francophones, est l'application d'une politique d'expulsion. Votre question
ou, plus exactement, votre remarque est parfaitement vide de sens... ou
n'en n'a que trop ! (Vous ne me ferez tout de même pas croire que vous êtes
à ce point colonisé que vous considérez, consciemment ou non, l'anglais non
pas comme une langue internationale, mais comme la langue universelle !)


   En ce qui concerne « mél », je me suis accroché avec le responsable de
cette ignominie, une personne de la Délégation à la langue française,
Élisabeth Blanchon, avant que la décision de l'imposer soit prise et
publiée au Journal officiel en septembre dernier :  ce fut peine perdue.
Cette personne nous prépare maintenant la même chose avec l'arrobe (ou
arobe)... Je reproduis en annexe, plus bas, une partie de mes échanges avec
elle dans le forum de terminologie tlsfrm.


>Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
>		http://perso.wanadoo.fr/thierry.vidal/
>Claviers et scripts WorldScript translittérés pour faciliter la composition
>des langues est-européennes, du grec et du cyrillique.


ANNEXE

X-POP3-Rcpt: melot@xxxxxx
Resent-Date: Fri, 2 May 1997 12:23:56 +0200 (MET DST) Old-Return-Path:
<melot@xxxxxx>
Date: Fri, 2 May 1997 10:08:59 GMT
X-Sender: melot@xxxxxxxxxxx
Mime-Version: 1.0
To: tlsfrm@xxxxxx
From: Jacques Melot <melot@xxxxxx>
Subject: Re: Le point sur e-mail, courriel mel Cc: "E.BLANCHON"
<blanchon@xxxxxxxxxx>
Resent-From: tlsfrm@xxxxxx
X-Mailing-List: <tlsfrm@xxxxxx> archive/latest/161 X-Loop: tlsfrm@xxxxxx
Precedence: list
Resent-Sender: tlsfrm-request@xxxxxx

   Le 30/04/97, à 10:29 -0000, nous recevons de E. BLANCHON :

>97-04-30

>Le point sur les différentes manières de désigner le courrier électronique.

>Je vous joins ci-dessous deux documents : les propositions de la
>commission générale de terminologie, acceptées par l'académie française,
>et la note de synthèse que j'ai élaborée pour cette même commission.
>Effectivement l'essentiel est de bien distinguer les NOTIONS. Il est à
>noter que les TERMES consacrés sont bien COURRIER ÉLECTRONIQUE, MESSAGE
>ÉLECTRONIQUE et ADRESSE ÉLECTRONIQUE. Comme abréviation, c'est Mél qui a
>été retenu (dans le cadre mentionné ci-dessus), en raison de son
>parallélisme avec Tél (téléphone) et Tlc (télécopie).
>Mon humble avis (mais pas seulement le mien) est qu'il n'y a besoin de
>RIEN pour indiquer l'adresse électronique sur la carte de visite, la
>présence de l'arrobe (nom officiel et normalisé du signe @) étant
>suffisamment explicite.



   Chère Madame,

   un forum est un lieu d'échange où l'on discute et donc où les réponses
tiennent compte - et pas seulement évasivement - des réponses et des
apports qui ont précédé. Or, par l'absence de citation, vous donnez
l'impression de reprendre pratiquement à votre compte ce que d'autres
viennent de se donner la peine d'écrire dans le même forum (et le vague
« (pas seulement le mien) » dont on ne sait même pas s'il fait référence à
des personnes abonnées au présent forum ou non, n'y change rien).
   Je vous rappelle donc, par exemple, que deux jours avant votre
intervention j'ai envoyé un message au présent forum (Re: Courriel?),
message qui contenait :

--------------------- début de citation --------------------

   Notons aussi que, parfois, il n'est nul besoin d'employer le moindre
mot. En effet, une adresse telle que :

Alain Dupont
18, rue du Cheval
F­75013 PARIS
adupont@xxxxxxxxxx

ou

Alain Dupont
adupont@xxxxxxxxxx

ne nécessite aucune indication devant « adupont@xxxxxxxxxx » :  le @ suffit
à la caractériser comme une adresse électronique et ce, d'autant plus, qu'à
l'avenir la poste électronique est appelée à devenir aussi employée - sinon
plus - que la poste traditionnelle. (Voyez d'ailleurs mon adresse
ci-dessous, inchangée de forme depuis que j'ai accès au courrier
électronique (trois ou quatre ans environ).)


Jacques Melot, Reykjavík
melot@xxxxxx

--------------------- fin de citation --------------------

   Ma remarque s'étend également à d'autres éléments que l'on trouve plus
loin dans votre message.


   Maintenant, quelques remarques plus purement techniques.

   Vous acceptez la lourde responsabilité de participer à la normalisation
du français, soit, mais je vois, dans votre message, un certain nombre de
détails qui m'inquiètent.

[...]

   Dans la première partie de votre message, qui traite de normalisation,
vous écrivez « Mél » et « Tél » (et « tlc »), et dans la seconde, « Mél. »
et « Tél. ».
   S'il s'agit, dans les deux cas, d'abréviations, la seule écriture
possible, suivant les règles traditionnelles de la typographie française,
règles qui dans le cas précis de la formation des abréviations sont
claires, strictes et toujours observées dans les travaux soignés, est
(« tél. » et) « M. él. », si l'on tient absolument à utiliser les trois
lettres M, é et l. Ce ne peut pas être « Mél(.) », ou alors il ne s'agit
pas d'une abréviation.
   Effectivement, « Mél » a bien plutôt les allures d'un néologisme forgé
sur le modèle de « cédérom », une aberration adoptée récemment par
l'Académie française. Si tel est le cas, l'écriture « Mél. » est une erreur
pour « Mél », un mot que, soit dit en passant, je n'adopterai jamais, pas
plus que cédérom, lequel est d'ailleurs inutile parce que superflu. Ces
formations, ne sont à l'évidence que des formes de démission déguisées qui
stigmatisent le désarroi actuel de l'Académie.


   Je vous prie d'agréer, Madame, l'expression de ma considération distinguée,

Jacques Melot, Reykjavík
melot@xxxxxx


[Élisabeth Blanchon :]

>Que l'on choisisse d'utiliser Mél ou courrier, il serait désastreux de
>créer une trop grande homonymie et de souhaiter que Mél ou courriel
>désigne les trois notions différentes.
>Réservons les abréviations pour les cartes de visites, et parlons de
>courrier, de message ou d'adresse (électroniques), le contexte étant
>suffisant pour ne pas avoir à préciser électronique.


>1 Propositions de la commission générale de terminologie, acceptées par
>l'académie française

>ADRESSE DE COURRIER ÉLECTRONIQUE ou
>ADRESSE ÉLECTRONIQUE

>	DOMAINE : télécommunications - informatique

>DÉFINITION : Désignation conventionnelle permettant l'identification d'un
>utilisateur du courrier électronique et l'acheminement des messages
>électroniques qui lui sont destinés.

>NOTE : 	 1. L'adresse de courrier électronique est constituée des
>éléments
>suivants. Dans l'ordre : le nom de l'utilisateur ; le symbole séparateur
>@, dit arrobe ou a commercial ; la désignation de l'ordinateur hôte ; le
>domaine et, éventuellement, un ou plusieurs sous-domaines (domaines et
>sous-domaines correspondent soit au pays, soit au type d'organisme). 2.
>L'abréviation Mél., pour messagerie électronique, peut figurer, sur un
>document (papier à lettres ou carte de visite, par exemple), devant
>l'adresse électronique, tout comme l'abréviation Tél. devant le numéro de
>téléphone.

>TERME IMPROPRE : E-mail


>COURRIER ÉLECTRONIQUE

>	DOMAINE : télécommunications - informatique

>DÉFINITION : Service permettant aux utilisateurs habilités la saisie, la
>consultation différée et la transmission, sur des ordinateurs connectés en
>réseau, de documents informatisés, ou messages électroniques.

>SYNONYME : messagerie électronique

>TERME IMPROPRE : E-mail


>MESSAGERIE ÉLECTRONIQUE

>DOMAINE : télécommunications - informatique

>ABRÉVIATION : Mél.

>VOIR : courrier électronique



>MESSAGE ÉLECTRONIQUE

>DOMAINE : télécommunications - informatique

>ABRÉVIATION : Mél.

>DÉFINITION : Document saisi, consulté ou transmis au moyen du courrier
>électronique.

>NOTE : Le message électronique peut être constitué par un texte ou une
>suite de sons ou d'images.

>	TERME IMPROPRE : E-mail


>2 Note de synthèse sur e-mail, rédigée par Élisabeth Blanchon pour la
>commission générale de terminologie.
>CTN-EB-97-03-04

[...]

>Elisabeth Blanchon
>Délégation Générale à la langue française
>>>1 rue de la Manutention
>75116 PARIS
>France
>Téléphone : +33 - 1 40 69 12 62
>Télécopie : +33 - 1 40 69 12 80