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Message : Re: Et si on se payait le luxe d'un vrai debat typo ? (Michel Bovani) - Mercredi 29 Avril 1998 |
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Subject: | Re: Et si on se payait le luxe d'un vrai debat typo ? |
Date: | Wed, 29 Apr 98 22:19:57 +0100 |
From: | Michel Bovani <michel.bovani@xxxxxxxxxx> |
Le 29/04/98 17:14, Thierry Bouche a ecrit >Bonjour à tous, > >Dans un article en cours de préparation, j'affirme qu'un logiciel de >mise en pages commet une erreur grave en crénant _a priori_ les >lettres diacritées comme leurs homologues « nus ». J'avais ailleurs >parlé -- sous les huées -- de « bugs » typographiques > Dans le fond, j'aurais préféré répondre avant que tu ne dises de quel logiciel il s'agissait (une fois de plus, je ne l'avais pas reconnu). Disons qu'il s'agit d'un pis-aller, une erreur grave, je sais pas... ça dépend du nombre de nouveaux copains que tu as envie d'avoir... >Un beta-testeur de l'article me dit que la typo étant un art, on ne >peut y commettre d'erreurs, seulement des choix « plus ou moins >optimaux ». Les beta-testeurs sont parfois un peu bêtas. >De même, nous avons fréquemment reçu des messages disant en substance >« la typo, c'est subjectif, la seule contrainte est la cohérence ». > C'est une question de contexte non ? si l'on parle du choix des fontes ou de l'usage des guillemets, c'est quand même assez vrai. Mais toute activité et j'ai envie de dire *surtout* si elle relève de la création artistique, suppose des contraintes. Pour un créateur de fonte (ou un créateur de programme utilisateur de fontes) le fait qu'un <f> suivi d'un <î> ne soit pas une horreur en est une. Et, pour prendre un exemple à ras de terre, pour un peintre le fait que le vernis de sa toile ne s'écaille pas en six mois en est une aussi... >Je suis le premier à penser que la typo est un art, relève d'une >esthétique, et que c'est typiquement un domaine dans lequel il y a >toujours plusieurs bonnes solutions (donc quelque chose qui ne découle >pas de la première page des _Éléments_ du sieur bourbaki). Je pense >qu'un aspect très important de l'esthétique et, plus généralement, des >sciences humaines, est qu'on peut à la fois débattre de questions à >l'infini, sans espoir d'aboutir nécessairement à une conclusion, même >multiple, _mais_ qu'on ne peut pas non plus tout dire. Il y a des >limites au-delà desquelles un « point de vue » est erronné. Pas trop d'accord avec la séparation sciences humaines/sciences dures pour ce qui concerne ce problème au moins. Même Bourbaki, (en passant je crois savoir qu'il considère lui même que le premier tome des _éléments_ est ce qu'il a fait de plus mauvais) a bien dû faire des choix, et la réalité est qu'au sein du groupe Bourbaki ces choix ont été périodiquement remis en cause (exemple : quelle est la « bonne » théorie de l'intégration ?) > Tout cela >sans aborder l'aspect _technique_ et utilitaire de la >typo... J'observe que les personnes qui ont une formation de type >« sciences dures » ont une difficulté importante à se confronter à ce >type d'erreurs, allant parfois jusqu'à abandonner tous leurs critères >objectifs. Je crois qu'il y a des gens comme ça partout... ils ont une version monolithique de la vérité (la leur), c'est parfois une qualité, mais ça empeche certainement toute création, en sciences comme ailleurs. C'est le travers de beaucoup d'enseignants, hélas... >Qu'en pensez-vous ? > ______________________________ > >D'un point de vue technique, le débat se résume à la considération de >paires d'approches comme Te vs Tê ou fu vs fü : si on donne une fonte >typique d'adobe (livrée avec seulement les corrections pour les paires >de caractères américains) à un informaticien, ce dernier sera certain >de faire pour le mieux en attribuant les paires concernant une lettre >de base à toutes ses déclinaisons diacritées. Il est clair que le >choix (du point de vue du programmeur) se limite à piquer le crénage >existant pour le caractère le plus proche, ou ne pas créner. Il y a de >nombreux cas pour lesquels aucune de ces deux alternatives ne donne un >résultat correct (exemple fè en Minion : catastrophique avec le >crénage de fe, mais inacceptable sans crénage). Inquiétant, non ? Si on part du principe que le signe diacritique n'est qu'un petit machin que l'on ajoute, ça induit certainement une contrainte forte pour le dessinateur de la fonte qui *doit* alors faire en sorte que le fè soit correct lorsque l'on utilise les approche du <f> et du <e> (etc.). C'est peut être jouable après tout (ça veut dire une goutte du f pas trop envahissante, un accent qui ne revient pas trop en arrière). Bref ça n'est peut être pas une très bonne solution. --- Michel Bovani michel.bovani@xxxxxxxxxx
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