kerning

[Thierry Bouche <Thierry.Bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>]

Je reviens sur l'article de Peter Karow évoqué plus tôt. Il dit avoir
essayé plusieurs modèles pour créner automatiquement, et avoir abouti
à un modèle « fluide visqueux » qui donne satisfaction. Ce modèle
ressemble pas mal à ce dont avait parlé ici-même Jacques André : le
blanc à équilibrer n'a pas toujours la même valeur : un blanc dans le
recoin intérieur d'un c est quasiment ignoré, c'est la partie de ce
blanc qui passe facilement l'« entrée du port » qui est seule à
prendre en compte. Ce qui me gène, dans cette approche (sans jeu de
mot, of course), c'est l'idée qu'on puisse ainsi jouer sur
l'elasticité des blancs pour les équilibrer, sans aucune considération
pour le _rythme_ (et, oui, alain  h va avoir une syncope, mais
modifier la forme des lettres est un moyen de préserver le gris _et_
le rythme, alors que seulement créner, voire interlettrer, donne
quelque chose de tout simplement monstrueux). 

Prenons le mot firmin, qui comprend 9 barres verticales. Si je le
compose en Minion, ces 9 barres sont équidistante, sauf celle du r et
la première du m, si j'interlettre, je peux éventuellement casser la
ligature fi, mais la séquence min est irrémédiablement détruite. 
À l'inverse, si je compose ce mot en univers ou en avant-garde, tous
les fûts appartenant à des lettres distinctes seront collés les uns
aux autres, tandis que ceux d'une même lettre resteront assez
distants, ce qui facilite probablement la lecture au mot à mot, mais
rend le déchiffrage lettre par lettre très pénible. 

Je ne conclue pas car je ne sais pas conclure : je suis perplexe.


Si le gris lissé de hz homogénéïse trop, mais le crénage est
nécessaire pour conserver la cohésion des mots, mais le rythme assure
une reconnaissance immédiate des « motifs » distinctifs de chaque
lettre...? Finalemnt : comment compose-t-on, comment lit-on, et que
veut-on ?

   Thierry Bouche.       -----       thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx
          http://www-fourier.ujf-grenoble.fr/~bouche/
        
        « Il s'agit de donner une redingote à ce qui est,
          une redingote mathématique. »      G. Bataille