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Message : Re: Ligatures et autres formes

(Thierry Bouche) - Mercredi 03 Juin 1998
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Subject:    Re: Ligatures et autres formes
Date:    Wed, 3 Jun 1998 13:53:07 +0200 (MET DST)
From:    Thierry Bouche <Thierry.Bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

» >On finit par se demander si cette insistance d'adobe (entre autres)
» >pour faire de ses polices des _programmes_ complexes n'est pas la
» >simple conséquence de l'absence de protection (donc de royalties)
» >
» En PostScript, il n'y a que du programme, sauf erreur... (à l'exception des
» datas pour les images). C'est un langage informatique, non ?
» 

oui, mais un bitmap aussi est un programme. 

Ce que je veux dire : on est dans la situation où le plus gros marché
de typo est américain, et les caractères typographiques ne peuvent pas
être l'objet de copyright là-bas car on considère que ce sont des
oeuvres utilitaires, et non des oeuvres d'art. On peut éventuellement
déposer des brevets (comme on peut déposer la forme d'un aîle delta ou
les couleurs d'un logo) et une marque, mais le dessin lui-même ne peut
faire l'objet d'aucune protection. (Les gens qui s'acharnent à
vouloir interpréter autrement la fameuse décision de justice
concernant le cas adobe/ssi sont dans l'erreur.) 

En revanche, un programme informatique est protégé, du moment qu'il
représente un oeuvre intellectuelle originale, en tant que
programme. D'autres ont déjà remarqué qu'il y avait là une certaine
absurdité, puisque le seul but d'une fonte informatique est de
permettre d'imprimer des caractères aussi proche que possibles d'un
dessin donné, ce qui laisse bien peu de liberté au programmeur
utilisant une technologie donnée. Par exemple, une fonte produite par
traçage d'un scan, auto-hintée & auto-kernée n'a pas d'auteur (au sens
de ceux qui ont des droits) ni plus ni moins qu'un bitmap. 

On est donc dans la situation paradoxale où ce qui donne de la valeur
à une fonte, c'est évidememnt son dessin, mais ce qui la « protège »
contre le piratage, le clonage, la copie illicite, c'est ce qui a été
programmé de façon manuelle dedans : les points de contrôle et les
hints (le crénage aussi, je suppose). 

Je me demandais par conséquent jusqu'à quel point le choix d'adobe de
produire des RIP incapables d'automatiser la gestion (et la création)
des hints -- ce qui serait meilleur d'après Karow que les versions
ajustées à la main -- n'est pas lié à cet état de fait.
Th. B.
« et, quoique l'on pourrait mettre un point d'exclamation à la fin de
chaque phrase, ce n'est peut-être pas une raison pour s'en dispenser ! »
                                     Comte de Lautréamont, 1869.