Archive Liste Typographie
Message : Saga du tréma (Dominique PUNSOLA) - Jeudi 04 Juin 1998 |
Navigation par date [ Précédent Index Suivant ] Navigation par sujet [ Précédent Index Suivant ] |
Subject: | Saga du tréma |
Date: | 04 Jun 1998 14:22:17 +0200 |
From: | Dominique PUNSOLA <Dominique.Punsola@xxxxxxxxxxxxxxxxxxxx> |
Bravo. Enfin un peu de bon sens sur ce sujet. Je partage tout à fait votre point de vue. [Patrick Andries] Permettez-moi à mon tour de ne pas vous suivre. Qui parle de réviser l'orthographe chaque semaine ? C'est contradictoire avec ce que je disais plus haut (respect des productions différentes de même traits significatifs). Personnellement, je ne comprends pas du tout ces réactions. Le turc, l'espagnol, ou encore l'italien sont des langues dont le système graphique reflète bien la prononciation. Leur orthographe durant ce siècle a fort peu varié. Dans le cas de l'espagnol et de l'italien les mots de bases s'écrivent quasiment de la même manière depuis des siècles (les mots d'origine gréco-latine ont vu leur graphie bien heureusement simplifiée). Où est le problème ? Je pense que nous pouvons en prendre de la graine. Ces langues se montrent à bien des égards plus vigoureuses et moins complexées que le français (personne ne rit en Turquie de voir coiffeur écrit kuaför). Quant à votre switch, je n'ai pas de positions dogmatiques à ce sujet, je pense qu'il est bon de naturaliser au plus vite les mots étrangers populaires. Mais je ne suis pas sûr qu'il faille le faire tout de suite. À la limite, cela ne me dérange pas qu'un mot étranger choque par sa graphie ou par l'écart entre sa graphie et sa prononciation snob. C'est un bon filtre pour éliminer ces snobismes. Mais quand il s'agit d'un mot dont l'utilité est éprouvée comme shampoing (d'origine hindoue d'ailleurs si j'ai bonne souvenance), mot qui doit faire partie du vocabulaire français depuis plus d'un siècle, je ne comprends pas pourquoi celui-ci ne s'écrit toujours pas "champoin" et ses dérivés "champouiner", "champouineur" etc... pourquoi devrait-on continuer d'écrire pendant des décennies les mots étrangers avec leur graphie d'origine (ou presque : ichtyologie, où est passé le h d'ichthus ? ) ? Faut-il être maso ou réac pour conserver ces anciennes orthographes ?! Notons d'abord que vous préconisez de ne rien faire devant ce problème ! Bonne chance aux élèves francophones des siècles à venir, l'orthographe immuable que vous leur laisserez, matinée d'un supplément d'irrégularités (emprunts effectués pendant ces siècles et religieusement conservés dans leur forme originale) risque d'être un vrai capharnaüm... Bel exemple de progressisme ! Comment expliquez-vous dans votre optique crispée que l'on ait jamais réussi à simplifier (pas à pas) l'orthographe (même la française comme vous le savez bien) ? Tout dépend de la vitesse de ces réformes, commençons par le tréma et les mots étrangers à la graphie plus que bizarroïdes... En outre, combien d'entre nous lisent des archives de plus de 30 ans disons ? Toutes les éditions de nos grands auteurs sont constamment réédités et leur orthographe modernisée. Je ne vois pas le problème. Même pour les archives, domaine de spécialiste, je pense que les plus gros obstacles risquent d'être les différences diachroniques de style (combien de texte du début du siècle ne nous paraissent pas grandiloquents ?) et de lexique (c'est quoi un pick-up aujourd'hui par rapport à il y a 30 ans ?) et non celles des réformes orthographiques. Rigueur ne veut pas dire explosion des exceptions, mais justement simplification du code écrit, facilité de savoir comment prononcer un mot quand on le lit. Aujourd'hui il est quasi impossible d'écrire un texte complexe en français sans un dictionnaire, est-ce une bonne chose ?
- Saga du tréma, Dominique PUNSOLA <=
- Re: Saga du tréma, Jean-Pierre Lacroux (04/06/1998)