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Message : fine et autres espaces

(JD Rondinet) - Jeudi 23 Juillet 1998
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Subject:    fine et autres espaces
Date:    Thu, 23 Jul 1998 13:50:30 -0400
From:    JD Rondinet <100412.3664@xxxxxxxxxxxxxx>

-->> des espaces allant de 1 pt (parfois 1/2pt?) en progression de 1 pt (ou
1/2 pt ou 3/2 pt) jusqu'à 1/3 de cadratin, parfois 1/2 cadratin

      Juste deux remarques à ce sujet :

      a) J'ai interrogé pas mal de « vieux » pour tenter de percer le
mystère du nom de ces micro-espaces. Je n'ai pas reçu de réponses révélant
un système sémantique commun, les argots variant selon les maisons. De
plus, un typo, un ludlowiste, un elrodiste, un nébitypiste ou un
linotypiste n'avaient pas le même arsenal d'espaces et chacun lui donnait
un nom différent.

      A la Linotype (plomb), par exemple, on avait :
      -- au clavier : l'« espace-bande » de chasse variable (entre 3 et 14
points à peu près ; les linos payés à la ligne utilisaient immoralement des
jeux d'espaces plus larges !), et aussi le cadratin, le demi et le quart de
cadratin, ce dernier étant épouvantablement situé sur la même touche de
clavier que le e supérieur (il fallait retourner la matrice dans le
composteur pour faire une espace d'un e sup ou l'inverse ; à cause de cela,
vous voyez souvent dans d'anciens canards au plomb des e supérieurs à
gauche d'un guillemet ou d'un point-virgule ; on ne recomposait pas une
ligne qui présentait une telle faute : c'était le « fonctionnaire », le
corrigeur, qui coupait le e sup... au couteau !) ;
      -- au casseau on disposait de « fines acier » de un demi à deux
points environ, à insérer à la main et à récupérer à la volée (!) après le
clichage de la ligne. Ces espaces étaient justement honnies des opérateurs.
      Si l'on avait besoin, pour des alignements, d'une espace de la valeur
exacte d'un V (par exemple), une « combine » consistait à utiliser un V,
retourné dans le composteur. C'est ainsi qu'on pouvait composer des listes
alignées commençant par des chiffres romains :
        I. Blabla
       II. Glouglou
      III. Radada
       IV. Jean-Denis

      b) Le fait que les micro-fines aient été « graduées » en portion de
cadratin (donc en valeur relative) et non en points m'étonne : comment
« distribuait »-on ces espaces après utilisation ? En se fiant au
crantage ? Là, je doute ! Je connais les typos, artistes, mais pas
courageux à ce point ! Pour les fines (ou interlignes) en papier, pas de
problème : on ne les distribuait pas, on les jetait !

                Amitiés, Jean-Denis