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Message : Correction et lezardes

(JD Rondinet) - Jeudi 08 Octobre 1998
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Subject:    Correction et lezardes
Date:    Thu, 8 Oct 1998 12:13:14 -0400
From:    JD Rondinet <100412.3664@xxxxxxxxxxxxxx>

-->> - Comment faire pour supprimer une lézarde ?

      Repatiner le texte, en forçant des changements de coupes en fin de
ligne. Recomposer deux lignes suffit en général à casser la lézarde.

-->> - Qui, dans la chaine éditoriale, s'occupait de ça ? Les correcteurs ?
et si oui, c'était à eux de faire ces modifications locales ? ou
donnaient-ils une instruction (il n'y a pas de signe ?) au compo?

      Le correcteur était le premier à "voir" la lézarde (ou la rue ou la
cheminée) imprimée (franchement, sur le plomb on ne la voit pas !). Il la
montrait sur le papier en la zébrant d'un coup de crayon et il utilisait
les signes destinés aux remaniements :
                   __________________
                  /_______________
                        /________

pour "suggérer" les nouvelles coupes (on ne peut sur papier que suggérer,
pas question de prendre le temps de compter des signes !) qui étaient
effectuées [en râlant un peu] par le typo qui "allait en Germanie", ou bien
[en gueulant beaucoup] par le linotypiste.
      
-->> En regardant de plus près, j'ai vu que très probablement un « s »
avait été gratté sur le film après le mot « quelque » dans l'expression «
quelques cinq cents Anglais »

      C'est un sport très amusant que de chercher, dans une ligne "pas
comme les autres", où pouvait bien être la faute !
      Sur les textes au plomb, souvent, les lignes corrigées sont plus
claires (moins d'encrage), ou foulent plus le papier, ou sont d'une graisse
différente, ou sont d'une justif d'un demi-point plus petite ou plus
grande, etc.
      Dans la photocompo de 1re ou 2e génération, les lignes de corrections
sont mal interlignées, et souvent de travers. On voit aussi souvent les
coups de cutter, ou des bouts de Scotch, qui ont franchi l'étape de la
photogravure.
      Saviez-vous que les corlos du "Matin de Paris" morassaient
directement au cutter, en se servant, en guise de casse, de lettres coupées
dans les morasses du jour précédent ! Il faut dire qu'on racontait là-bas
que les clavistes "travaillaient avec des gants de boxe" et que la réglette
était un chieur comme on n'en fait peu ! Mais un typo était détaché pour
préparer la bouffe au sous-sol, et les brisures étaient fort gaies...

                Amitiés, Jean-Denis