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Message : Re: Mesure du gris ( était Re: Question indiscrète )

(Alain Hurtig) - Mardi 01 Décembre 1998
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Subject:    Re: Mesure du gris ( était Re: Question indiscrète )
Date:    Tue, 1 Dec 1998 14:35:55 +0100
From:    Alain Hurtig <alain.hurtig@xxxxxxxxxxx>

At 10:44 +0100 1/12/98, Thierry Bouche wrote:
>» Bravo ! Simple et direct. Parfait.
>
>Mais ça ne marchera qu'avec la guimauve garaldienne ! (au fait, en
>passant, j'aime les garaldes, moi, c'est Alain Le Muet qui les déteste).
>
Ben, j'avais d'autres choses à faire, et puis vous êtes devenus très
bavards et je n'ai pas pu suivre le flot, puis mon FAI m'a coupé 24 h,
puis...

Mais je sens qu'il va falloir que j'arrête de faire de la provocation avec
les garaldes, parce que je me fais mal voir de tout le monde ;-).

>Bon, une fois que t'as cette valeur de gris, tu es content d'avoir une
>valeur, mais tu en fais quoi ?????
>
>D'autre part, le gris moyen ne veut pas dire grand chose,
>indépendamment du contraste du caractère lui-même.
>
C'est ce que je pense aussi : ce calcul du poids d'encre dans la page me
semble de peu d'intérêt réel, concret, pratique.

Dans la réalité de la vie des vraies pages, tout dépend du texte, de la
police, de l'esthétique générale qu'on veut donner, du dessin de la police,
de la présence ou pas d'illustrations, du papier, et _last but not least_,
des marges (donc du rapport au blanc au noir). Le poid d'encre d'une page
ne peut se juger qu'à l'aune de cet ensemble d'éléments (hautement
subjectif, à ce qu'il me semble) mis en rapport. Une determination exacte
du poids d'encre exact me paraît surtout illusoire si on veut y trouver le
graal du gris typo - c'est une objection que j'avais déjà faite aux algo
KZ, dont les résultats ne me semblaient pas satisfaisants.

>Et pour finir, personne n'a répondu à _ma_ question !
>
Peut-être parce qu'il n'y a pas de réponse ?

Petit rappel (je cite presque tout, ça en valait la peine) :

At 11:49 +0100 30/11/98, Thierry Bouche wrote:
>Au fait et pendant que j'y suis, sur les paramètres qui affectent
>l'interlignage, il est coutume de conseiller de l'augmenter en même
>temps que la justification. Ce qui aboutit rapidement à un gris de
>type « zèbre ». C'est en fait un peu la même chose que le retrait
>d'alinéa qui devrait aussi gonfler avec la justif'.
>
Cette idée d'un interlignage augmenté en fonction de la largeur de la page
est le pont aux ânes de la typo classique (Tischold, disons). Le problème,
c'est que je ne l'ai jamais vu réellement expliqué ni justifié. Est-ce
parce qu'on a peur qu'à densité égale, l'oeil du lecteur ne parvienne pas à
entrer dans un bloc trop grand ? Peut-être, mais l'argument paraît étrange.

Notons en passant que la tendance la plus contemporaine, c'est
d'interligner de plus en plus, y compris les pavés de textes très courts
(des chapeaux dans un magazine), mais pas seulement. je ne sais si il faut
y voir l'influence de la dactylographie, une certaine haine du texte et de
la lettre chez les maquettistes de pub, ou simplement l'envie d'« aérer »,
ou juste une mode une mode qui passera. En tout cas, c'est une tendance
assez massive, y compris dans le labeur. Ça donne un gris pâle, assez
étrange, pas forcément vilain - ça dépend des polices et du sujet, comme
d'habitude.


>j'ai envie de dire ceci : le dessin du caractère, sa
>force de corps, déterminent la valeur des blancs correcte dans la
>page, donc l'espace mot et les fines, la justif, l'interligne, les
>marges.
>
Je rajoute : et le sujet du texte (donc le type de lectorat).

>Chaque fois que j'ai envie d'augmenter l'interligne parce que
>je ne retrouve plus les mots en début de ligne, ou de dépasser
>sensiblement le cadratin pour le retrait d'alinéa, je me dis :
>Thierry, tu déconnes, si tu as besoin de tels raccommodages, c'est que
>ta justif est trop longue, il faut donc la réduire,
>
Ou augmenter la force de corps. ce qui résoud le problème posé ci-dessous :

>PS Dans ce que j'ai écrit plus haut, une seule chose me chiffonne : la
>question des marges. Il me semble qu'on rencontre deux situations
>complètement distinctes. D'une part les livres courants (labeur) dont
>le format dévie peu de l'A5, et qui contiennent essentiellement un
>flot unique de texte. Dans ce cas, on aura tendance à calculer les
>marges a priori, puis à équilibrer les blancs avec le pavé de texte,
>mais au bout du compte je crois que mon principe s'applique. D'autre
>part, il existe des livres où le pavé n'est qu'une petite portion de
>la page (beaux livres, je renvoie une fois de plus à l'_ABC_ de
>Massin). Dans ce cas, le pavé doit exister par sa cohérence même (un
>peu à la façon d'une romaine garnison « en tortue »), et ne pas être
>trop poreux, irrigué par le blanc environnant. C'est un exemple où le
>blanc interne du pavé ne joue pas avec, mais _contre_ les marges.
>
Le bloc d'empagement joue toujours avec, dans contre les marges. C'est une
relation duelle. Trop sombre, il les écrase, trop clair il est mangé par
elles. Trop petit il est insignifiant, trop grand il est non-signifié.

Bref, je crains qu'il n'y ait aucune _recette_, et encore moins de bouts de
ficelles. Juste du travail comme à l'habitude.



Alain Hurtig                                    mailto:alain.hurtig@xxxxxxxxxxx
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Recherchons les enfants, les parents des enfants, les enfants des enfants,
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   Philippe Soupault, _Un deux ou trois_.