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Message : Re: Point typographique

(Jacques Andre) - Vendredi 15 Janvier 1999
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Subject:    Re: Point typographique
Date:    Fri, 15 Jan 1999 15:41:21 +0100
From:    Jacques Andre <Jacques.Andre@xxxxxxxx>

Francois Yergeau wrote:
> 
> Bonjour à tous.
> 
> J'ai trouvé ceci sur une liste anglosaxophone, où un iconoclaste allemand a
> eu le toupet de promouvoir l'utilisation des mesures SI en typographie.

> S'agit-il d'un cas d'arroseur arrosé - de chauvin chauviné ?

Tout simplement de vieilles erreurs qui trainent partout...

Le point typographique a été inventé vers 1700 par le père Truchet
lorsqu'il écrivait
l'Encyclopédie des métiers à la demande de Colbert et d'où Diderot a
pris 
l'idée de son encyclopédie (et même piqué des planches de
Truchet/Siommoneau).
 Truchet c'est aussi lui qui a dessiné les caractères
« vectoriels » du Romain du Roi. et c'est aussi lui qui a inventé les
pavages (plus connus
sous le nom de Truchet Tiling System) et plein de trucs (canons,
machines à transplanter des arbres, etc.). Bref un personnage fascinant.
Lors du congrès ATypI
qui se tenait à Lyon(où il est né), j'ai mis qq pages sur le web sur ce
personnage:
http://www/irisa.fr/faqtypo/truchet/truchet.html

Mais, académicien, ses travaux n'ont pas débouché dans le monde
industriel, sauf 40 ans plus tard quand Simon Fournier a à son tour
défini un point, dit point Fournier.
Qui avait le reproche de ne pas être basé sur une unité légale de
l'époque
(enr evanche il était basé sur les caractères de l'époque).

Un peu plus tard, c'est donc au tour de Didot de définir le point, cette
fois en se basant sur une unité légale, le pied du roi (ou plus
exactement sur un de
ses sous-multiples, en abse 12 évidemment). Et ça, personne ne peut le
nier ça a été
une très grande normalisation européenne (sauf évidemment chez les
Anglais dont le
King a un pied plus menu que nous). Quoique certains imprimeurs sont
restés en
fournier car sinon ils auraient du changer leurs types (tout bon musée
d'imprimerie
a un typomètre, une règle, gravée d'un côté en points didot ou ciceros,
et de l'autre
en fournier).


Ce sont les Américains, qui ont eu besoin de mesures précises pour les
chasses de Linotypes etc.
qui ont vraiment redéfini le point en fonction du pica (et redéfini le
pica d'ailleurs).

Ensuite il y a eu plein de normes et même l'ISO a décidé un jour que ce
serait le
miliimètre qui servirait de norme, ce qui est une aberration car le
point n'est
pas une unité de longueur mais une gradation (suite géométrique?).
 Adobe d'ailleurs l'a compris puisque
même s'ils utlisent le nouveau point PAO (desktop publishing point DTP
arrondi
à 1/72 de pouce, au lieu de 1/72.27 de pouce), ils parlent de scaling
factor
et non de body size.
Par ailleurs ce qu'on mesurait en point, c'était le corps des caractères
(donc en
gros l'interlignage), pas la hauteur d'oeil. Cf les propositions de
Peter Karow
(jsutement citées dans ce thread de TYPO-L) du rapport 1/4, etc.

Bon, j'ai de quoi écrire un bouquin entier là dessus. en attendant:
une référence sérieuse sur ces problèmes d'histoire de point: 

Andrew Boag, Typographic measurement: a chronology, Typography Papers I,
1996,
p. 105-122, Reading.
C'était à La Hune y'a pas longtemps encore.

-- 
Jacques André
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