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Message : Re: Pour en finir et/ou en terminer (Jacques Melot) - Mercredi 15 Décembre 1999 |
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Subject: | Re: Pour en finir et/ou en terminer |
Date: | Wed, 15 Dec 1999 10:15:21 +0000 |
From: | Jacques Melot <melot@xxxxxx> |
Le 14/12/99, à 19:24 +0100, nous recevions de Lionel Lumbroso :
Jacques Melot, je ne me suis pas privé de dire l'intérêt que je trouvais à vos contributions, mais sur "et/ou", il est possible qu'on atteigne ici un niveau de saturation, non ?
Non. Le principal reste à venir : les explications relevant de la linguistique, de la psycholinguistique, de la philologie, etc. C'est prêt (ce sont des mises à jour de textes diffusés il y a quelques année dans divers forums), mais je me relis pendant que les choses mûrissent (remarquablement bien d'ailleurs).
Ainsi, l'exemple "parlant le français et/ou l'allemand" était particulièrement mal choisi par votre correspondant, et il ne me semblait pas utile de l'éreinter en 2 ou 3 épisodes et plusieurs dizaines de lignes.
Je ne me serais pas permis. J'ai simplement enfoncé un peu plus un clou qui dépassait un peu trop et je suis persuadé que I. Robredo ne l'a pas mal pris, d'autant plus que j'ai trouvé remarquable une de ses interventions en forme de synthèse et que je ne me suis pas privé de l'écrire.
"Et/ou" me paraît d'un usage peu heureux, mais comme Ralf et d'autres, je constate qu'il est possible qu'il comble un vide, celui du OU logique inclusif (l'un, l'autre ou les deux).
Il ne le fait pas pour la bonne raison qu'il n'y a pas de vide à combler.
Si cet usage a pu apparaître, ce n'est pas seulement parce que les Américains, constamment soucieux de l'éventuelle interprétation judiciaire que l'on pourrait faire de leurs textes, "blindent" plus que de raison (jusqu'à renoncer à l'usage des pronoms qui leur paraissent sans doute dangereusement ambigus) mais aussi parce que OU tout seul est affecté d'une ambiguïté parfois insoluble.
À ma connaissance, l'aspect historique n'est pas encore complètement élucidé. Le « et/ou » apparaît peu avant le milieu du siècle; plus exactement c'est à cette époque que son usage commence à se remarquer dans les pays anglophones. Un peu comme le sida qui existait avant de connaître son stade épidémique.
Je crois que vous avez vous-même admis que pour bien marquer un OU exclusif (l'un ou l'autre mais pas les deux), la langue a tendance a dire OU BIEN (en anglais : or else, or otherwise)
Il existe une expression fixée, correcte et courante que vous semblez oublier sur le moment : either [...] or. (cf. mon message à venir sur les tenants et aboutissants de l'affaire du « et/ou »).
pour dissiper l'ambiguïté. Et ça n'est pas parce que OU tout court marque clairement un OU inclusif.
En effet, c'est un peu plus compliqué que ça (cf. message à venir)
D'une certaine manière, ET/OU est le pendant de OU BIEN pour le ou inclusif.
Il l'est intégralement et c'est la raison (indirecte) de sa superfluité (cf. message à venir)
Mais bon, je vous en donne acte, c'est une graphie qui est moche et qui entraîne elle-même, on vient de le voir, des erreurs d'emploi donc des ambiguïtés de compréhension.
La graphie est inacceptable d'un point de vue typographique : c'est de la rédaction semi-sténographique. À peu près tout le monde est d'accord sur ce point. Le symbole « et/ou » est d'ailleurs imprononçable dans le discours courant dans de nombreuses langues. Les erreurs de rédaction, d'interprétation ou de compréhension que l'usage de « et/ou » entraînent n'ont bien entendu rien à voir avec l'aspect typographique (cf. message à venir)
Lionel
Bien amicalement, Jacques Melot
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- Re: Pour en finir ET en terminer, Michel Houdé (15/12/1999)
- Re: Pour en finir ET en terminer, Jacques Melot (15/12/1999)