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Message : Re: Composition des titres (encore)

(DP) - Mercredi 08 Mars 2000
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Subject:    Re: Composition des titres (encore)
Date:    Wed, 8 Mar 2000 22:43:33 +0100 (CET)
From:    didpem@xxxxxxxxxxx (DP)

>At 16:54 08/03/00 +0100, you wrote:
>>le 8/03/00 4:31, Jean Fontaine a écrit :
>>
>> > Dans le cas d'un substantif pluriel, toujours en principe :
>> >
>> > 1. la liaison est obligatoire quand l'adjectif précède le substantif
>> > 2. la liaison est facultative quand l'adjectif suit le substantif
>>
>>Jamais entendu parler de cette règle. C'est nouveau ?
>
>
>Je ne l'ai jamais vue formulée aussi radicalement, mais je crois qu'elle
>correspond bien au sentiment du langage. Il suffit en fait de faire
>quelques essais.
>
>Adjectif postposé :
>une boisson enivrante
>des boissons enivrantes
>Je crois que si l'on se pique de parler correctement, on dira forcément
>boissons-z-enivrantes, mais qu'il me semble très difficile de dire
>boisson-n-enivrante. Bon, vous me direz que c'est à cause de nan-ni. Mais
>on a la même chose avec roman italien.
>
>Adjectif préposé :
>une belle épreuve
>de belles épreuves
>un excellent ami
>d'excellents amis
>Je crois que l'on entend la liaison dans les trois derniers cas et qu'il
>est difficile de ne pas la faire sentir.

La règle est énoncée en deux morceaux et donc en deux endroits différents,
p. 365 et p. 367, de Martinon Ph., _Comment on prononce le français, Traité
complet de prononciation pratique avec les noms propres et les noms
étrangers_, Librairie Larousse, 13-17, rue Montparnasse. Paris, 1913.  (Mon
édition est de 1927.)
Il y est écrit, p. 367 : « Ceci permet de distinguer par exemple _un
savan_(t) t_Allemand_, où _savant_ est adjectif, et _un savan_(t)
_allemand_, où _savant_  est substantif, distinction qu'on ne fait pas en
vers, quand on dit :
_Un sot savan_(t) t_est sot plus qu'un so_(t) t_ignorant. »
J'ai respecté la graphie (ponctu et rom/ital) même dans la mention
bibliographique pas très orthodoxe. C'est un livre assez poilant,
polémique, mais dont l'intérêt devient, vu le temps écoulé depuis,
historique. Il introduit quand même une distinction assez intéressante
entre le français parlé et le français lu, qui saute aux oreilles quand on
écoute la radio ou la télé. On ne peut pas ne pas être frappé par une
certaine contamination du français parlé par le français ("écrit"
imaginaire et) lu (emploi de "car" au lieu de [pasqueu], d'"ainsi" au lieu
de [kommsa], etc.), par exemple dans les énoncés verbaux de gens
interviouvés. Donc, définitivement, [lébelzandormies] puisque c'est de la
prose. En revanche, liaison si c'est du vers dans les deux cas (celles qui
sont endormies sont belles et celles qui sont belles sont endormies), et
avec le "e" non muet.
Cordialement.
Didier Pemerle