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Message : Re: ordre alpha

(Jacques Anis) - Samedi 25 Mars 2000
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Subject:    Re: ordre alpha
Date:    Sat, 25 Mar 2000 20:17:48 +0100
From:    "Jacques Anis" <jacques.anis@xxxxxxxxxxxx>

Réponse un peu tardive à J. André et O. Randier.
Les premiers signes protosinaïtiques datent de -1700.
L'ordre alphabétique se trouve dans l'alphabet cunéiforme d'Ugarit
(Syrie, -1400 - 1200). Cet ordre commun à l'écriture ougaritique et aux
écritures ouest-sémitiques vient peut-être de la première.
Quant à la logique, je ne crois guère qu'il y en ait là-dedans.
L'ordre et la composition de l'alphabet latin tiennent à sa généalogie :
variante occidentale de l'alphabet grec utilisée d'abord par les étrusques.
L'alphabet hébreu garde la trace de l'ordre traditionnel : alef, bet,
guimel, dalet, he, vav, zaïn, het, tet, yod, kaf, lamed, mem, nun, samekh,
aïn, pe, tsade, kof, rech, chin, tav
alphabet grec : alpha, bêta, gamma, delta, epsilon, dzêta, hêta, thêta,
iota, kappa, lambda, mu, nu, xi, omicron, pi, rhô, sigma, tau, upsilon, phi,
khi, psi, omega
Ceci est l'alphabet classique (Athènes - 403) issu des alphabets orientaux
(ioniens).
Le aleph (coup de glotte) est utilisé pour le a. Le he et le aïn consonnes
très gutturales sont utilisées pour le e(psilon) et le o(micron). Le het (H)
dans certains dialectes note une aspiration, mais dans les dialectes
orientaux un e long ouvert. Le o(mega) est créé pour le o long ouvert. Le
vav donne le digamma, utilisé pour W, puis disparu et le u(psilon), rejeté
vers la fin de l'alphabet. Le Q (koppa) dispraît dans les alphabets
orientaux. Le samekh, une sifflante, est utilisé pour /ks/, le tsade, autre
sifflante (s emphatique), disparaît; le chin, dernière sifflante (ch) est
utilisé pour pour /s/ (sigma). Les lettres phi (p aspiré) et psi (/ps/) sont
également placés dans la dernière partie de l'alphabet.
alphabet latin archaïque : ABCDEFHIKLMNOPQRSTUX
Le C vient du gamma grec : les étrusques ne connaissaient pas le phonème
/g/, C latin vaut /k/ et on crée le G pour /g/. Le F issu du digamma grec
(/w/) prend la valeur /f/. Le X est le khi grec, qui dans l'alphabet
occidental ne vaut pas /kh/ (k aspiré) mais /ks/ (groupe rendu dans
l'alphabet oriental par la lettre /ksi/). Le Z qui dans l'alphabet grec
suivait le epsilon est réintégré à l'époque classique pour les mots
empruntés au grec (/dz/) et la variante du Y rend le ü (= u français),
distinct du u ( = ou). Dans les langues germaniques, au Moyen-âge, le double
V notait w; et comme on sait, la Renaissance a dissocié définitivement les
allographes J et le I, j pour la consonne de Jacques (issu de la
semi-voyelle latine : jam prononcé yam en latin donne jà en français,
prononcé dja, puis ja, qu'on retrouve dans déjà) et V et U, V pour la
consonne v (issue de la semi-voyelle latine qu'on trouve dans vivus /wiwus/,
en français vif).
source principale : John F. Healey, J. « Les débuts de l?alphabet », in
Bonfante, L., Chadwick,  J., Cook, B. F., Davies, W. V., Healey, J. F.,
Hooker, J. T., Walker, C. B. F. La naissance des écritures. Du cunéiforme à
l'alphabet, Seuil, Paris, 1994, p. 253-327.