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Message : Re: Coût des polices

(Thierry Bouche) - Vendredi 07 Décembre 2001
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Subject:    Re: Coût des polices
Date:    Fri, 7 Dec 2001 11:51:46 +0100 (MET)
From:    Thierry Bouche <Thierry.Bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Concernant « Coût des polices », Jacques Andre écrit : «
» De retour de voyage, je vois de nombreux messages sur le problème récurrent du
» coût des polices. QQ remarques en vrac :

qui ont plus à voir avec le piratage qu'avec le coût ?

» - du temps du plomb, ce qui était protégé (au sens copyright, propriété
» intellectuelle ou artisitique), c'était le dessin. 

est-ce qu'on sait ? Et cet imprimeur lyonnais qui faisait des
fac-similés des éditions de Jenson et autres Vénitiens, il payait des
droits ?

» - Les premières fontes numérisées étaient protégées par leur nom (sic ! d'où les
» Genova remplaçant Helvetica, etc.).

La plupart des noms de polices sont des marques déposées. Apparemment,
on ne peut pas déposer Bodoni, alors on dépose MonBodoni ou
Bodoni CMQLF (cémoiquiléfé).

» - L'ATyPI a essayé (et continue) à défendre le droit des dessinateurs de typo et
» la loi américaine a fait beaucoup de "progrès" dans ce sens.

je ne savais pas qu'elle avait changé ! À part l'affaire Utopia
(révérend King-Adobe), quoi de neuf ?

» - AMHA, le problème n'est pas celui des grosses fonderies contre les petites
» mais celui des receleurs vendant, souvent chers, des clones de fontes déposées
» (on eput trouver sur le web beaucoup de sites où acheter des fontes piratées,
» c.-à-d. que même si vous, utilisateurs finals, vous êtes prêt à payer une fonte,
» le dessinateur et la fonderie, eux, ne touchent rien. D'où leur amertume !

À croire, donc, qu'ils font ça pour de l'argent, comme c'est petit,
moi qui croyais que c'était de l'Art ! -) Là où ils ont tout à fait
raison, c'est que les grandes typothèques comme celles de linotype,
bitstream, urw et consort se sont souvent faites au mépris des
dessinateurs. Quand on dit clone, on pense presque toujours à ces CD
cheap avec 3 000 fontes dessus, mais ça n'est pas eux qui ont inventé
ça. Adobe, qui se considère comme très moral sur ce plan-là, distribue
en ce sens des fontes piratées. La situation touche à l'absurde dans
le cas de Zapf, qui a parfois eu plus de droits (et mis la main au
produit diffusé) sur des polices qui ne portent pas son nom ou qui
n'ont pas le nom que tout le monde connaît (chez URW ou Bitstream,
version canonique avec nom déposé chez linotype).

» - Chuck Bigelow (on peut aimer ou pas son Lucida, moi j'aime dans le contexte
» où il l'a fait) a été un des tout premiers nuémrisateurs de caractères et par là
» à prendre conscience des problèmes. IL rappelle qu'il faut près de 7 ans pour
» devenir dessinateur (pro) de caractère, qu'un caractère c'est qq chose de pro
» que l'on met un an à dessiner, etc. et que ce que réclament les dessinateurs
» c'est leur reconnaissance (financière notamment!) de leur passé, que les lois de
» protection sont mal faites

de façon générale, le droit d'auteur est mal fait, puisqu'il
privilégie la quantité sur la qualité. Le premier livre de Gide a été
pilonné avant qu'on soit parvenu à vendre la totalité du premier
tirage de 500 ex., à comparer avec le premier livre de Loana du Loft
(une aristocrate, tout de même...). Dans le cas des polices, c'est
vrai que même la quantité d'utilisation n'implique pas forcément de
rentrées, et je comprends que certains enragent. Mais qu'ils se
rassurent : le succès est toujours un malentendu entre le créateur et
le public, le fait qu'ils ne payent pas remet un peu les choses à leur 
place...

» et qu'on ne sait aps qui, aujourd'hui, doit payer un
» caractère : le dessinateur, le revendeur, l'imprimante, l'utilisateur-auteur, le
» flasheur, etc. 

On sait (licences...) mais on ne le fait pas, parce que c'est
absurde. La paranoïa anti-piratage a des conséquences incroyables :
certains fondeurs sont sur une liste noire parce qu'ils vendent leurs
fontes sans permettre à l'acheteur de s'en servir. De nos jours,
utiliser une police, c'est pouvoir mettre un PDF avec sur le web, et
des tas de fondeurs l'interdisent.

» AMHA encore, je pense qu'une licence devrait comporter trois
» choses : droit de l'utiliser en composition, droit en impression (donc gratos
» pour le flasheur) et évidemment (mais...) en lecture ! 

AMHAAM, il faut une traçabilité des polices : chaque police serait
munie d'un émetteur de SMS par satellite qui enverrait un bip au
détenteur des droits toutes les trente secondes pour signaler sur quel 
ordinateur elle se trouve, avec l'identifiant unique du CPU, le
n° de carte bleue, etc. 


» Pour la petite histoire, les revues sceintifiques américaines mettent souvent en
» bas de leurs articles "si vous faites des photocopies de cet article, envoyez
» nous spontanménet n$". Ça marche bien aux USA, "un peu" moins en France...

J'ai un ami qui avait voulu un jour régler les droits pour un disque
épuisé qu'il avait trouvé dans une discothèque et enregistré : il a
écrit à la maison de disques, et s'est retrouvé face à un bataillon de 
juristes lui intentant un procès pour piratage...

Question bien franchouillarde : si j'envoie une police que j'ai payée
par email à un ami, c'est très mal. Si je la lui envoie sur un CD-ROM, 
vu que j'ai payé la taxe qui prévoit que ce CD serait utilisé pour du
piratage, c'est mieux ?

Thierry
--
Vendredi c'est spaghetti