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Message : Coût des polices

(Jacques Andre) - Jeudi 29 Novembre 2001
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Subject:    Coût des polices
Date:    Thu, 29 Nov 2001 16:42:39 +0100
From:    Jacques Andre <Jacques.Andre@xxxxxxxx>

De retour de voyage, je vois de nombreux messages sur le problème récurrent du
coût des polices. QQ remarques en vrac :

- du temps du plomb, ce qui était protégé (au sens copyright, propriété
intellectuelle ou artisitique), c'était le dessin. C'est encore valable (cf.
enveloppes Solo, orthographe?, le procès de la fonderie Olive, etc.). Pas sûr
d'ailleurs que les fontes numérisées récemment soient protégées de ce point de
vue si elles n'ont pas été « déposées ». Vers 1960 IBM (étant alors prise par
les problêmes que connait Bill aujourd'hui quant au monopole) a "oublié" de
déposer Courier  et du coup Courier est tombé dans le domaine public.

- Les premières fontes numérisées étaient protégées par leur nom (sic ! d'où les
Genova remplaçant Helvetica, etc.).

- L'ATyPI a essayé (et continue) à défendre le droit des dessinateurs de typo et
la loi américaine a fait beaucoup de "progrès" dans ce sens.

- AMHA, le problème n'est pas celui des grosses fonderies contre les petites
mais celui des receleurs vendant, souvent chers, des clones de fontes déposées
(on eput trouver sur le web beaucoup de sites où acheter des fontes piratées,
c.-à-d. que même si vous, utilisateurs finals, vous êtes prêt à payer une fonte,
le dessinateur et la fonderie, eux, ne touchent rien. D'où leur amertume !

- chuck Bigelow (on peut aimer ou pas son Lucida, moi j'aime dans le contexte
où il l'a fait) a été un des tout premiers nuémrisateurs de caractères et par là
à prendre conscience des problèmes. IL rappelle qu'il faut près de 7 ans pour
devenir dessinateur (pro) de caractère, qu'un caractère c'est qq chose de pro
que l'on met un an à dessiner, etc. et que ce que réclament les dessinateurs
c'est leur reconnaissance (financière notamment!) de leur passé, que les lois de
protection sont mal faites et qu'on ne sait aps qui, aujourd'hui, doit payer un
caractère : le dessinateur, le revendeur, l'imprimante, l'utilisateur-auteur, le
flasheur, etc. AMHA encore, je pense qu'une licence devrait comporter trois
choses : droit de l'utiliser en composition, droit en impression (donc gratos
pour le flasheur) et évidemment (mais...) en lecture ! En revanche, oui, je
trouve normal qu'une école paye une licence plus forte si 40 élèves s'en
servent, tout comme elle trouve normal de payer 40 exemplaires (à prix réduit)
d'un bouquin de maths pour la classe de 5e-C.

- Il est bien évident que très peu de fontes se vendent spontanément. Je me
souviens de Boltana qui avait des fontes splendides et en a vendu 2 ou 3
exemplaires (mettons pour 1000 francs, ça lui avait pris plus d'un an de travail
!) Jean-François Porchez ne me contradira pas je pense : aujourd'hui une fonte
est souvent une commande payée par une société (p.ex. pour rester chez lui : Le
Monde, ou la RATP, ou France-Télécom, etc., idem chez les autres). Ses fontes
sont alors mises dans le domaîne commercial, mais payantes (je suppose que Le
Monde a demandé qq délais et soumis qq conditions pour garder quand même les
droits sur sa commande). La revue Emigre a mis sur le marché des fontes
originales, très citées ou connues mais pas très utilisées et est donc loin  de
se payer des yachts de luxe ! Je veux dire que même si connu, c'est pas
juteux...

- Ce n'est pas parce qu'il y a un milliard d'internautes que ce milliard
d'internautes va acheter les milliers de fontes qui existent, même au prix d'un
euro symbolique.

- Le prix de vente des fontes d'aujourd'hui n'est pas lié au prix de production
(comme du temps du plomb où la matière valait tant la tonne) --- et c'est bien
là le problème, idem avec les CD que vos enfants copillent --- mais un prix de
droit d'auteur, tout comme un roman. Frédéric Dard vivait bien ; Machin moins
bien !
Le gros problème est celui donc du piratage et de l'idée que l'on se fait du
devoir de payer qq chose. Peut-être ça vient du collège où on nous fournit
aujourd'hui tous les livres gratuits. Alors, la seule idée qu'un livre ça se
paye ça choque les étudiants. Alors une fonte évidemment...
Pour la petite histoire, les revues sceintifiques américaines mettent souvent en
bas de leurs articles "si vous faites des photocopies de cet article, envoyez
nous spontanménet n$". Ça marche bien aux USA, "un peu" moins en France...


Bon, j'm'en va pirater une bière au bistrot du coin.

-- 
Jacques André
Irisa/Inria-Rennes,   Campus de Beaulieu,  F-35042 Rennes Cedex,   France
Tél. : +33 2 99 84 73 50,  fax : +33 2 99 84 71 71, email : jandre@xxxxxxxx