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Message : Non accentuation et fluidité [Fut : Coupes malsonnantes]

(Jacques Melot) - Mardi 06 Août 2002
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Subject:    Non accentuation et fluidité [Fut : Coupes malsonnantes]
Date:    Tue, 6 Aug 2002 09:29:25 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 6/08/02, à 8:48 +0000, nous recevions de Jacques Melot :

 Le 6/08/02, à 10:19 +0200, nous recevions de Lacroux :
[...]

 ma correctrice me refuse la coupe à
 tech-nique (ta mère)...

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Le « tech » est plus gênant que le « nique »... « Gênant », mais non
dramatiquement fautif...
Gênant jadis... du temps où les textes imprimés étaient aussi (parfois
« surtout »...) destinés à la lecture publique... Qui oublie cela ne peut
comprendre, par exemple, l'interdiction de couper après « x » et « y »
précédés et suivis d'une voyelle... Quand tu lis à haute voix, t'as intérêt
à pas te planter dans la prononciation de la syllabe située en fin de ligne,
juste avant la coupe.
Bon, pour la lecture intime, c'est moins grave... Dans ta petite tête, tu
restitues après coup la bonne prononciation, personne n'est là pour se
gausser de ta malencontreuse gourance.



Sur ce point, je me montrerais plus sévère, plus décidé : une des règles d'or de la composition est la fluidité de la lecture et cela constitue pour moi un critère principal de décision pour la coupure. Une coupure qui entraîne un soubresaut dans la lecture est une mauvaise coupure, c'est en quelque sorte l'analogue d'un nid de poule. Mais c'est probablement ce que tu as en vue lorsque, plus loin, tu écris « mais un peu gênant quand même ». Quelle tolérance pour ce correcteur ! [Oui, masculin.]

   Jacques Melot




J'en profite pour ajouter que ce que l'on peut reprocher au fait de ne pas employer les signes diacritiques dans un texte, notamment ceux entièrement capitalisés, est non pas le caractère amphibologique du résultat dans certains cas, mais en premier lieu la rupture ou les irrégularités de flux résultant du fait qu'on soit obligé de s'interroger tant soit peu sur l'identité des mots ambigus. Et, pendant que j'y suis, pour ceux qui voient dans le défaut d'accentuation des capitales des fautes d'orthographe : il n'y a pas là faute dans la mesure où la non accentuation des fragments de texte entièrement capitalisés relève d'une convention. S'il y a une critique à faire c'est à cette convention elle-même et l'une des principales que l'on puisse lui faire est non pas qu'elle rend les textes incompréhensibles (sinon exceptionnellement), mais qu'elle mène à s'interroger sur le texte lui-même, c'est-à-dire qu'elle s'oppose à la fluidité de la lecture. D'une manière générale, le texte doit parler à la conscience comme l'on reçoit la musique ou les odeurs que l'air véhicule.

   Jacques Melot




Moins grave, mais un peu gênant quand
même. Donc, pour aider ton seul maître, le lecteur, bannis les coupures qui
peuvent susciter au moins deux prononciations distinctes. Si possible ! Si
ça ne l'est pas -- en ces temps de justifs bouffonnement étroites, c'est
fréquent --, basta ! coupe où ça fout le moins la merde...
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 Par contre, arti-cule (?) est passé, alors que j'avais un doute.
 Moins amusant, je suis un peu surpris de son refus systématique de couper
 les numéraux en toutes lettres (deux/machins)

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Mon Dieu... Explique-lui que la composition des nombres en toutes lettres
est une des ficelles qui permettent PRÉCISÉMENT de se libérer à l'occasion
des contraintes de la compo des chiffres, en particulier de celles qui
concernent les coupures...

 et certains composés (lui-/même, elle-/même).

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Mon Dieu...
Amicalement,
Jean-Pierre Lacroux
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Mise à jour : 24 janvier 2002