Archive Liste Typographie
Message : Re: Typographie anglaise + (Jacques Melot) - Dimanche 22 Septembre 2002 |
Navigation par date [ Précédent Index Suivant ] Navigation par sujet [ Précédent Index Suivant ] |
Subject: | Re: Typographie anglaise + |
Date: | Sun, 22 Sep 2002 13:08:04 +0000 |
From: | Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx> |
Le 22/09/02, à 13:16 +0200, nous recevions de Dominique Lacroix :
[...] Mon message ne véhicule que des questions sur les virgules et les espaces.
Non, il véhicule aussi en filigrane qu'en dehors du français il n'y a - en pratique - que l'anglais. C'est ceci, c'est-à-dire ce symptôme d'une situation préoccupante pour une part, ce signe d'une certaine forme de dédain pour les autres langues d'autre part, qui est critiqué ici.
Jadis, on se plaignait que les Français n'apprenaient pas de langues étrangères. Si on vous nommait ministre de l'Éducation, vous seriez capable d'y interdire l'enseignement de l'anglais...
Il est heureux que vous ne vous montriez pas plus affirmative que ça, car vous couriez le risque de vous tromper. Question INTERDICTION, par exemple, je m'empresserai de supprimer celle de publier désormais les articles scientifiques médicaux en français faite au personnel hospitalier l'an passé et leur obligation de les publier en anglais... (Même dans les pays nordiques, on n'a pas oser aller jusque là, que je sache.) Et bien d'autres choses, comme la promotion d'une politique de pluralité linguistique authentique, avec toutes les dépenses et investissement de tous ordre que cela implique. Car il s'agit bien d'investissement (c'est-à-dire dépenser pour gagner plus qu'on a dépensé).
[...]Et cette publication croisée dans un groupe privé sans mon accord préalable,sans même prévenir ? m'obligeant ainsi à m'y inscrire pour répondre.Privé ? Aussi privé que l'est Typographie, ni plus ni moins, puisque le groupe en question, langue-fr, est un forum public,Les deux sont privés dans la mesure où ils sont contrôlés par des personnes privées, à la différence de Usenet.
Si vous voulez, mais ils ne me semblent néanmoins pas plus privés pour autant.
[...]En français. Car je vous rappelle que le français est une langue internationale de plein droit, la seconde en importance générale après l'anglais. C'est aussi, après l'anglais, la langue la plus apprise au monde comme seconde langue.Quand on n'est pas plouc, on décide au sein du groupe de travail quelles seront les langues utilisées, en fonction des compétences de chacun.
Et comme les compétences de chacun résultent du savoir ambiant que les Français céderont (au besoin au prix de quelques palabres « de bon aloi » leur permettant de se donner l'impression de sauver la face) et donc qu'il n'est plus utile d'apprendre le français, le cercle est bouclé...
On envoie donc des gens qui n'ont plus de connaissance du français. Autant faire des économies, puisque les Français sont si aimables de faire les frais de l'affaire, qui plus est avec le sourire et des ronds de jambe.
Ainsi, j'aurais appris l'anglais pour ne jamais l'utiliser, même en conversant avec des anglais ?
Apprendre une langue n'est jamais vraiment inutile. Ensuite, cela ne sert pas seulement à s'exprimer, mais aussi à lire et à écouter les autres. Il y a dix jours, s'est tenue à Reykjavik une foire internationale des machines de traitement des produits de la mer, avec conférences. Seules les personnes qui comprenaient le français ont saisi (et encore...) ce que voulait dire un Tunisien qui s'était cru bien inspiré d'utiliser l'anglais - son anglais - à la place du français : il compensait ses lacunes de vocabulaire en anglais par des mots français. Il se serait exprimé en français qu'il se serait fait comprendre de tous, car des interprètes - dont il a préféré se passer - étaient présents (je tiens ceci de l'un d'eux). Non, il a sans doute estimé plus valorisant de s'exprimer en anglais, ce petit plaisir narcissique se faisant, comme bien souvent, au détriment de ce qu'il avait à exprimer.
Autrement dit, si vous avez la chance d'avoir pour langue maternelle une langue comme la nôtre, utilisez-là pour exprimer au mieux le fond de votre pensée dans toutes ses nuances : la compréhension passive d'une langue (ici le français par des non francophones) est une tâche beaucoup plus aisée que celle de s'exprimer dans une langue étrangère et, surtout, dont l'efficacité est très supérieure en ce qui concerne le passage de l'information. Or c'est bien ce qui compte dans un tel cas.
Vous véhiculez des idées dangereuses.Figurez-vous que je suis l'un des rares consultants à toujours livrer mon travail en français ET en anglais, parfois en italien - et à ne pas en sous-traiter la traduction.Vous apportez de l'eau à mon moulin en concédant que vous êtes « l'un des rares » experts-conseils à livrer encore votre travail AUSSI en français. Mais combien sont-ils à ne le livrer qu'en français ?Les consortiums internationaux sont, par définition, internationaux. Donc il est bien rare qu'il y ait un autre français quand j'y suis.
Le fait, que vous semblez oublier en permanence, que le français soit une langue internationale rend cette affirmation caduque : cette langue en principe doit servir à communiquer avec d'autres dont ce n'est pas la langue maternelle. Là réside, par définition, son caractère international. De plus et très certainement avant tout, on remplirait des livres entiers à citer des exemples où la présence d'une très faible minorité, souvent même d'un unique anglophone dans une assemblée - internationale ou non - suffit à imposer l'anglais à celle-ci.
[...] Je ne suis pas venue sur la liste typo pour faire une sociologie linguistique des pratiques européennes, mais pour y poser des questions de typo.
Cela se comprend et s'admet a priori et sans difficulté. Il n'en reste pas moins vrai, quitte à prendre le contre-pied du point de vue isolateur anglo-saxon de plus en plus pesant dans tous les échanges en France, que tout se tient et que certains propos fondamentalement typographiques, comme le vôtre était, véhiculent parallèlement des idées qui peuvent entraîner des commentaires, voire des réactions plus ou moins vives. Le simple fait de s'abriter derrière des critères utilitaristes (isolation) plutôt que d'accepter un traitement humaniste (que l'on pourrait qualifier de « structuraliste » par la reconnaissance du caractère fondamental des interactions du tout et de ses parties, c'est-à-dire de la typo avec ce qui n'est pas la typo) n'est pas innocent du point de vue de l'idéologie. Un propos est hors charte si de but en blanc il concerne quelque chose de fondamentalement non typographique ou si le typographique y est introduit de manière visiblement artificielle ; il ne l'est pas, ou pas nécessairement, si, partant d'un sujet typographique, il s'élargit vers les aspects sociologiques, psychologiques, et autrement techniques desquels il est indissociable.
Et en attendant, c'est bien moi que vous avez insultée. Je ne vous répondrai plus. Et je vous rappelle de ne plus m'écrire en privé.
Je ne vous ai JAMAIS écrit en privé. Jacques Melot
Sinon je me plaindrai auprès de votre fournisseur d'accès. DL
- Re: Typographie anglaise +, Dominique Lacroix (22/09/2002)
- Re: Typographie anglaise +, Jacques Melot <=
- Message not available
- Re: Typographie anglaise +, Thierry Bouche (22/09/2002)
- Re: Typographie anglaise +, Dominique Lacroix (22/09/2002)
- Re: Typographie anglaise +, Michel Bovani (22/09/2002)
- Re: Typographie anglaise +, Dominique Lacroix (22/09/2002)
- Re: Typographie anglaise +, Jacques Melot (22/09/2002)