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Message : Danielewski (3)

(Eric Angelini) - Vendredi 01 Novembre 2002
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Subject:    Danielewski (3)
Date:    Fri, 1 Nov 2002 08:48:57 +0100
From:    "Eric Angelini" <keynews.tv@xxxxxxxxx>

Après ça, j'arrête...
N.O. c'est Nouvels Obs et Claro le traducteur.
E.

-------------------

(...)

N. O. - «La Maison des feuilles» de Mark Danielewski raconte l'histoire d'
une maison qui s'agrandit à l'intérieur mais pas à l'extérieur. Cette
anomalie logique induit des bizarreries de mise en page et de narration,
comme ce mot «maison» qui apparaît toujours en bleu. Traduire le roman a dû
être un vrai casse-tête.

Claro. -C'est arrivé comme une comète. Un éditeur m'en a parlé, il ne l'
avait pas lu lui-même. Le livre était déjà épuisé. Je l'ai commandé sur
Amazon, et j'ai tout de suite su que c'était pour moi. C'était un premier
roman d'un inconnu de 35 ans, dont on savait seulement qu'il avait mis douze
ans à l'écrire. Le livre était devenu culte aux Etats-Unis en quelques
semaines. Ils en sont maintenant à 140000 exemplaires.

N. O. -On est aux frontières de la lisibilité.

Claro. -C'est un livre qui est à l'aise avec les formes, avec la
typographie, mais qui n'est pas formaliste. Ses pages sont conçues comme des
plans. C'est écrit dans plusieurs sens, à l'envers, il y a des rumeurs,
comme au théâtre, qu'on entend sur les côtés. Et pourtant c'est un livre. On
avait perdu cette dimension matérielle de l'objet. La complexité, ça a été
de travailler parfois avec un miroir ou avec une règle graduée. Avec le
metteur en page, on devait faire tenir les mots dans des blocs, il fallait
que ça rentre. On a passé des nuits à l'imprimerie pour tout vérifier, les
couleurs, comment ça sortirait. Finalement, on a réussi à avoir le même
nombre de pages que dans l'édition américaine.

N. O. -Cette démarche a-t-elle en France des équivalents?

Claro. - En ce moment, il y a surtout chez nous une peur des avant-gardes, à
cause des années 1960, très formalistes, qui pèsent encore sur les
mentalités. Donc on est dans un retour au roman bourgeois de plus en plus
épuré. Les Américains sont beaucoup plus décomplexés que nous par rapport à
ça. Il y a en France cette idée de la belle phrase, Céline disait: «le style
 du bachot».

(...)

Propos recueillis par Didier Jacob

(...)
Claro, alias Christophe Claro, a traduit une trentaine de romans signés
Thomas Sanchez, Thomas Pynchon ou Salman Rushdie. Il est aussi l'auteur de
romans dont «Livre XIX» et «Enfilades» parus chez Verticales.
Son prochain livre à paraître, «Chair électrique», est consacré à la vie du
magicien Houdini.