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Message : Re: [typo] guillemeter les alinéas

(Jacques Melot) - Jeudi 23 Janvier 2003
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Subject:    Re: [typo] guillemeter les alinéas
Date:    Thu, 23 Jan 2003 17:17:37 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 23/01/03, à 16:38 +0100, nous recevions de Jef Tombeur :

Lu sur _S'Éditer_, ed. OEM (chap. en PDF sur eyrolles.com) :

« Un célèbre docteur avait écrit un ouvrage plein de science et de sympathie
sur le sort et le traitement des aliénés, ces pauvres corps sans âme.
À la fin de la dernière épreuve il calligraphie (de la belle écriture ordinaire à
messieurs les docteurs) cette note : À mon avis il faudrait guillemeter tous
les alinéas, puis la renvoie avec les mots sacramentels : bon à tirer. Quelques jours plus tard il reçoit son volume, le caresse de l'oil, le parcourt, satisfait,
plein d'un légitime orgueil, in petto adresse mille compliments à l'imprimeur,
quand au dernier feuillet, ô horreur ! entre deux filets ornés il lit
comme conclusion : A mon avis il faudrait guillotiner tous les aliénés. »
Leforestier, J, _Manuel pratique et bibliographique du correcteur_

Au passage, je le retrouve sur http://sweet.ua.pt/~fmart/citad.htm
page dont certaines raviront J. Melot (par ex., celle de Dickens).


   Que voici :

« La difficulté d'écrire l'anglais m'est extrêmement ennuyeuse. Ah, mon Dieu ! si l'on pouvait toujours écrire cette belle langue de France ! (Charles Dickens, Lettre à John Foster, écrite en français.) »


Je prends cette affirmation pour ce qu'elle est, et certainement sans m'en réjouir particulièrement. J'ai horreur des gens qui marquent un but sciemment contre leur propre camp (ce qui, d'ailleurs n'est pas le cas de Dickens ici à mon avis), une spécialité, hélas, très française. Plus on vit à l'étranger et plus on s'en aperçoit.

Pour ma part, je n'aime pas particulièrement ma langue en tant que telle, et je m'étonne toujours lorsque j'entends des Français parler de leur propre langue comme d'une belle langue, a fortiori lorsqu'il s'agit de personnes qui ne connaissent aucune langue étrangère. Je dois préciser cependant que je n'ai aucun sens artistique dans la plupart des domaines.

Par contre, j'ai une conscience aiguë du lien entre le langage, la pensée et l'identité, et si je sors mes griffes en apparence pour défendre la langue, je ne le fait que lorsqu'au-delà de la langue, c'est l'identité qui est menacée ou lorsque l'on veut me déposséder de ma langue. En d'autres termes, la langue, en particulier la langue française, n'est pas elle seule ma préoccupation essentielle ni ultime.

   Jacques Melot



Au fait, ne dites plus :
point d'exclamation.
Mais dites :
ponctème modalisant exclamatif !
(Si, si... et n'hésitez pas à trahir votre situation d'énonciateur dans l'énoncé : c'est de la traductique ; je connaissais la dictionnairique, mais pas encore la traductique, mais ma vie a changé depuis que j'utilise des ponctèmes.). Si quelqu'un peut me dire si la traductique est en relation d'hyperonomie ou d'hyponymie avec la traductologie, je n'aurais pas perdu ma journée. Après avoir ponctémisé sans le savoir, j'aimerais hyperonomiser sciemment.

Mais quelle est donc cette opération de ponctémisation consistant à guillemeter les alinéas ?
Un modalisation citative ?
Le docteur aurait-il subi une asyndétisation de la part de son imprimeur ?
Ou une détypologisation ?
Les paris sont ouverts.