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Message : Re: [typo] BnF (Jacques Melot) - Vendredi 19 Décembre 2003 |
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Subject: | Re: [typo] BnF |
Date: | Fri, 19 Dec 2003 01:52:16 +0000 |
From: | Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx> |
Le 12-12-2003, à 19:36 +0100, nous recevions de Jean-Philippe Gérard :Désolé de ne pas avoir répondu avec ma célérité coutumière, mais je suis débordé par les préparatifs pour les fêtes de fin d'année, laquelle je me souhaite excellente, merci.
> Le 12 décembre 2003, Jacques Melot écrivait divers choses : Ne souffrant, pour le moment, d'aucun problème de mémoire, je me souviens très bien de notre échange sur ce même sujet, sans avoir eu à rechercher dans les archives de la liste. Si je suis toujours sur la même longueur d'ondes, c'est tout simplement que votre message ne m'avait pas convaincu.
[J. M. :]Cela n'explique ni n'excuse le procédé : je pense que vous vous deviez naturellement de signaler que vous reveniez à la charge, ne serait-ce que pour éviter une perte de temps ou des redites. Bref, je trouve le procédé curieux et je ne suis sans doute pas le seul à le faire ici.
Cela arrive. Par exemple, votre rejet du mot département restera votre et n'est semble t-il pas partagé car erroné.
[J. M. :]Vous perdez votre temps en interprétations. Croyez-vous vraiment que je sois peu prudent au point d'avoir ainsi négligé d'assurer mes arrières ? Relisez mon texte : il est sur ce point inattaquable.
Sur l'historique de l'appelation Bibiliothèque nationale, Bibliothèque de France, Bibliothèque nationale de France, encore une fois, reportez-vous à l'ouvrage paru en 2001 : "La Bibliothèque nationale de France. Collections, services, publics", paru aux Éditions du Cercle de la Librairie. Ne vous en déplaise, ces gens sont certainement plus au courant de la génèse de cet établissement que vous ne pouvez l'être.
[J. M. :]Dans le fond, qu'en savez-vous ? Que savez-vous de ce à quoi j'ai participé ou non ?
Ces gens, comme vous dites, ont peut-être des choses à présenter sous un jour plutôt que sous un autre. Ce n'est pas parce que quelque chose figure dans un livre qu'il faut y voir la vérité et que notre esprit critique ne doit pas jouer ! Vous n'allez tout de même pas nous faire croire que vous êtes naïf à ce point !? À supposer que mon analyse soit exacte, ce qui, d'une manière ou d'une autre, est probable, pensez-vous vraiment qu'un tel ouvrage aurait été le lieu adéquat pour révéler cet aspect peu glorieux des choses ? À côté de cela, ce que j'ai mis en évidence parle de soi-même, ne repose pas sur l'adhésion à des dires non prouvés, mais fait appel aux facultés de compréhension de chacun, et s'accorde bien avec ce que l'on peut percevoir d'une manière générale des choses et de leur évolution en France ces dernières décennies.
J'aime assez ce passage : JM> "la minuscule à national indiquant clairement qu'il s'agit d'une JM> indication, d'une caractérisation descriptive, « bibliothèque JM> nationale de Suède », et non le nom de l'établissement).". Cette "caractérisation descriptive" est je crois, partagée par plusieurs pays dont la France. Par ailleurs, dans la liste de douze bibliothèques nationales / royales reprenant le nom de leur pays,
[J. M. :]Le nom de ces bibliothèques est suivi d'une caractérisation. Le fait que le mot « Bibliothèque » figure et dans le nom et dans la caractérisation qui suit, c'est-à-dire deux fois, montre clairement que cette caractérisation n'est ni le nom ni une partie du nom de la bibliothèque. C'est un élément indépendant. La bibliothèque nationale de Suède s'appelle donc « det Kungliga Biblioteket » et non « Sveriges Riksbibliotek » (ou Sv. National-) ni « Det kungliga Biblioteket. Sveriges Riksbibliotek. » !
je ne cite ni la Suède, ni le Danemark, ni les Pays-Bas.
[J. M. :]Et pour cause ! Le nom des bibliothèques nationales que vous citez, qui vont tous en apparence dans le sens de ce que vous prétendez montrer, en réalité ne prouvent rien et c'est aussi la raison pour laquelle je les ai ignorés dans cette partie de mon raisonnement : ces noms sont apparus alors qu'il n'était plus possible de s'appeler encore simplement « Bibliothèque nationale » en français. À l'époque où ce nom a été donné, seules quelques grandes nations pouvaient se permettre d'utiliser - spontanément - de telles dénominations génériques (voyez par exemple National Gallery), sans se trouver en permanence sous la menace d'être amené à le modifier, parce qu'un plus puissant viendrait à utiliser le même nom dans la même langue. La Bibliothèque nationale est connue sous ce nom dans le monde entier, de même que « le Louvre », et pas plus que pour ce dernier, il n'est ou n'était nécessaire ou même simplement souhaitable d'ajouter « de France ». Qu'il en soit ainsi est simplement un des privilèges pratiques qui accompagne le fait d'être une grande nation, puissante et avec une longue histoire, statut qu'apparemment certains Français, sous le regard de l'autre, ce qu'ils croient y détecter et l'idée qu'ils s'en font, ne trouvent plus en eux la force d'assumer.
Ce n'est pas à vous, par vos propos, de contribuer à nous en priver : la France, croyez-moi, possède suffisamment d'ennemis et suscite suffisamment de jalousies pour que nous n'ayons pas à nous en charger nous-mêmes. D'autres s'y emploient en long, en large et en travers. Le comble, c'est que les peuples qui nous sont hostiles exercent leurs pressions ou leur chantage ailleurs et n'auraient pas une seconde l'idée d'aller nous reprocher de garder intact le nom de notre bibliothèque nationale (entre autres, au risque de créer un précédent qui se retournerait contre eux dans des cas similaires). Il faut que ce soit nous qui allions le faire nous-mêmes, sans y être invité qui plus est, et sur la base d'idées toutes faites que nous sommes les seuls à partager !
Mais il y a mieux : JM> "Quant à la Bibliothèque nationale, il n'y en a qu'une : c'est la JM> bibliothèque nationale française qui occupe ce nom depuis le XVIIIe JM> siècle et fait qu'il n'est plus disponible pour une autre depuis." C'est moi la première, c'est moi la première-eu ! Na nanère-eu !
[J. M. :]Mais non, mais non, la question n'est pas là, voyons, et j'ai bien peur que vous ne soyez en train de vous ridiculiser bêtement ! Vous projetez chez l'autre ce que vous voulez ou redoutez trouver chez lui, voire même ce qui coexiste en vous et que vous réprimez. Comme je l'ai déjà écrit plus haut, il est simplement que, la bibliothèque nationale française ayant été la première à prendre ce nom, il n'était plus possible de l'utiliser tel quel (c'est-à-dire sans autre précision) dans les autres pays où le français est langue nationale et qui aussi, tous, sont des pays de moindre importance générale. La solution la plus immédiate était bien sûr de préciser en ajoutant le nom de ces pays ou, dans d'autres cas, un « royal », etc. C'est le cours normal des choses et c'est précisément ce qui s'est passé.
Sérieusement, nous ne sommes pas dans une cour d'école. *Bibliothèque nationale* n'est pas un nom déposé.
[J. M. :] Non, mais c'est un nom propre.
Devons-nous payer des droits d'auteurs à la Grèce pour le mot république ? Savez-vous que la *Bibliothèque nationale* s'appelait auparavant *Bibliothèque du Roi* ou *Bibliothèque royale*, et que ces vilains belges nous ont piqués le nom de Bibliohtèque royale ? À moins que la France ai fait don au monde de l'appelation *Bibliothèque royale* en même temps que la photographie. Sacré Arago.
[J. M. :]Je le sais si bien que je m'aperçois que vous avez oublié « Bibliothèque impériale » dans votre énumération. À l'époque tout cela s'est fait naturellement, n'appelle pas de commentaire particulier et reste sans influence sur ce qui a été dit ici.
Que cette institution prenne le nom de *Bibliothèque nationale de France* en lieu et place de *Bibliothèque nationale* n'est absolument par réducteur, mais l'expression d'une affirmation de son identité.
[J. M. :]Ce type de raisonnement me rappelle cet inspecteur général de l'Éducation nationale de France que j'ai connu et qui passait son temps à démontrer que tout ce que nous copions ou que nous avons la faiblesse de nous laisser imposer de l'étranger était en réalité bien français et qu'il n'y avait donc là rien à redire ! Je ne sais si nous avons la palme dans ce domaine, toujours est-il que le Français a une propension caractérisée à se berner lui-même pour sauver les apparences : « Tout et n'importe quoi, pourvu que je n'ai pas à combattre, que je n'ai pas à prendre de risque ! », comme si les aspects négatifs de la mentalité d'une Administration démesurée déteignaient sur tout le pays. Il n'y a qu'à voir aussi comment les gens se battent en France : les rares fois où j'ai été témoin de pugilats, c'était à qui ne se ferait pas mal (sauf lorsque la différence de force est nettement en défaveur d'un des deux adversaires, auquel cas cela passe au massacre sadique). Croyez bien que cette pusillanimité qui ne se perçoit peut être pas bien lorsqu'on vit en France, se voit comme le nez au milieu de la figure de l'étranger et nous attire un mépris dont vous ne pouvez avoir idée, spécialement dans les pays du Nord.
Si donc certains se satisfont de successions de mots mis bout à bout pour s'enivrer d'explications qui les aident à cautériser le désagrément, les frustrations ou l'angoisse que peut faire naître une vision réaliste des choses, je ne peux rien y faire, sinon réagir afin d'éviter que cet état d'esprit ne passe trop pour quelque chose allant de soi.
Qui plus est, si "un déménagement n'est pas en soi une raison de changer de nom", il ne l'interdit pas. De là à savoir qui à la plus ancienne appelation *nationale*, je m'en contrefiche.
[J. M. :]Vous n'avez pas besoin de le savoir, ni vous, ni moi, ni personne. C'est ou c'était « Bibliothèque nationale », un point c'est tout. Et dans les pays de langue française, il n'y en a qu'une qui porte ce nom ou qui le portait.
La British library se nomme ainsi depuis l'origine, avant même que leurs anciens colons américains aient eux-mêmes une Library.
[J. M. :]Qu'est-ce que vous allez chercher là ! C'est purement fortuit. Elle a été appelée ainsi alors qu'elle aurait pu tout aussi bien s'appeler « The Royal Library » ou je ne sais quoi d'autre et que la Bibliothèque nationale aurait pu s'appeler la « Bibliothèque de France », ce qui n'a pas été le cas, mais aurait pu tout aussi bien l'être. D'autres bibliothèques ou institutions prestigieuses, nationales ou non, anglaises ou non, ont des noms anciens ou nouveaux où ne figure pas l'indication du pays ! J'en reviens à « National Gallery » ou « Louvre ». La question n'est donc pas là. La situation est essentiellement la même avec les muséums d'histoire naturelle.
Enfin, de là a vérifier quels sont les pixels actifs sur les pages d'accueil, je ne trouve pas de mots pour traduire mon sentiment.
[J. M. :]Ayant, pour ma part, l'esprit scientifique, je sais par expérience que la clé des difficultés, des questions difficiles, des énigmes, etc., se trouve souvent dans les détails ou est révélée par eux, et cela m'a toujours réussi. En particulier, ce qui a été volontairement obscurci, brouillé, caché, ne se découvre que par l'analyse, à la recherche d'une faille.
Et puis, comment peut-on s'intéresser à la typographie - tant du point de vue graphique que de celui des règles consignées dans le Lexique de l'Imprimerie nationale de France en Europe de l'Ouest - , si l'on méprise par principe l'importance du détail, jusqu'au... pixel, cette fois à proprement parler !
La Bibliothèque nationale de France, je ne l'ausculte pas, je l'utilise. Ce n'est pas le symbole d'une soi-disante grandeur passée ou perdue. C'est un formidable outil de travail.
[J. M. :] Vous vous égarez. Nous parlions d'autre chose. Jacques Melot
Cordialement, -- Jean-Philippe Gérard
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- Re: [typo] BnF, Jean-François Roberts (19/12/2003)