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Message : Re: [typo] BnF

(Jean-François Roberts) - Vendredi 19 Décembre 2003
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Subject:    Re: [typo] BnF
Date:    Fri, 19 Dec 2003 06:39:11 +0100
From:    Jean-François Roberts <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>


> De : Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>
> Répondre à : typographie@xxxxxxxx
> Date : Fri, 19 Dec 2003 01:52:16 +0000
> À : typographie@xxxxxxxx
> Cc : jpg45@xxxxxxxxxx (Jean-Philippe Gérard)
> Objet : Re: [typo] BnF
> 
> Le 12-12-2003, à 19:36 +0100, nous recevions de Jean-Philippe Gérard :
> 
> (...)
> 
>> Cela arrive. Par exemple,
>> votre rejet du mot département restera votre et n'est semble t-il pas
>> partagé car erroné.
> 
> 
> 
> [J. M. :]
> 
> Vous perdez votre temps en interprétations. Croyez-vous vraiment
> que je sois peu prudent au point d'avoir ainsi négligé d'assurer mes
> arrières ? Relisez mon texte :  il est sur ce point inattaquable.
> 

Votre texte est parfaitement attaquable sur ce point, justement : vous
prétendez que "département" serait une innovation, à la BNF, par copie
(servile bien sûr) de la terminologie anglaise. Or, non seulement
"département" est largement attesté en langue administrative française, et
ce depuis longtemps - ainsi que le montre l'exemple irréfragable du _Petit
Larousse_ : département des antiquités du Louvre -, mais il était
traditionnel à la Bibliothèque nationale (BN) avant d'être repris à la BNF.
Mais peut-être n'aviez-vous pas (ou pas assez ?) fréquenté le département
des imprimés de l'ex-BN ?

> [J. M. :]
> 
> Et pour cause ! Le nom des bibliothèques nationales que vous
> citez, qui vont tous en apparence dans le sens de ce que vous
> prétendez montrer, en réalité ne prouvent rien et c'est aussi la
> raison pour laquelle je les ai ignorés dans cette partie de mon
> raisonnement : ces noms sont apparus alors qu'il n'était plus
> possible de s'appeler encore simplement « Bibliothèque nationale » en
> français. À l'époque où ce nom a été donné, seules quelques grandes
> nations pouvaient se permettre d'utiliser - spontanément - de telles
> dénominations génériques (voyez par exemple National Gallery), sans
> se trouver en permanence sous la menace d'être amené à le modifier,
> parce qu'un plus puissant viendrait à utiliser le même nom dans la
> même langue. La Bibliothèque nationale est connue sous ce nom dans le
> monde entier, de même que « le Louvre », et pas plus que pour ce
> dernier, il n'est ou n'était nécessaire ou même simplement
> souhaitable d'ajouter « de France ». Qu'il en soit ainsi est
> simplement un des privilèges pratiques qui accompagne le fait d'être
> une grande nation, puissante et avec une longue histoire, statut
> qu'apparemment certains Français, sous le regard de l'autre, ce
> qu'ils croient y détecter et l'idée qu'ils s'en font, ne trouvent
> plus en eux la force d'assumer.
> 
> Ce n'est pas à vous, par vos propos, de contribuer à nous en
> priver : la France, croyez-moi, possède suffisamment d'ennemis et
> suscite suffisamment de jalousies pour que nous n'ayons pas à nous en
> charger nous-mêmes. D'autres s'y emploient en long, en large et en
> travers. Le comble, c'est que les peuples qui nous sont hostiles
> exercent leurs pressions ou leur chantage ailleurs et n'auraient pas
> une seconde l'idée d'aller nous reprocher de garder intact le nom de
> notre bibliothèque nationale (entre autres, au risque de créer un
> précédent qui se retournerait contre eux dans des cas similaires). Il
> faut que ce soit nous qui allions le faire nous-mêmes, sans y être
> invité qui plus est, et sur la base d'idées toutes faites que nous
> sommes les seuls à partager !
> 
> 

Développement bouffon.

> 
> 
> 
>> Devons-nous payer des droits
>> d'auteurs à la Grèce pour le mot république ?
>> 
>> Savez-vous que la *Bibliothèque nationale* s'appelait auparavant
>> *Bibliothèque du Roi* ou *Bibliothèque royale*, et que ces vilains
>> belges nous ont piqués le nom de Bibliohtèque royale ? À moins que la
>> France ai fait don au monde de l'appelation *Bibliothèque royale* en
>> même temps que la photographie. Sacré Arago.
> 
> 
> [J. M. :]
> 
> Je le sais si bien que je m'aperçois que vous avez oublié
> « Bibliothèque impériale » dans votre énumération.
> À l'époque tout cela s'est fait naturellement, n'appelle pas de
> commentaire particulier et reste sans influence sur ce qui a été dit
> ici.
> 
> 

Il appelle le commentaire "particulier" que vous ne faites ici que répéter
ce que j'ai déjà dit ici même (en plus court, certes) - mais en en tirant la
conclusion diamétralement opposée à la vôtre. Pour vous citer à mon tour :

"Bref, je trouve le procédé curieux et je ne suis sans doute pas le seul à
le faire ici."

> 
> (...)
> 
>> Qui
>> plus est, si "un déménagement n'est pas en soi une raison de changer de
>> nom", il ne l'interdit pas. De là à savoir qui à la plus ancienne
>> appelation *nationale*, je m'en contrefiche.
> 
> 
> [J. M. :]
> 
> Vous n'avez pas besoin de le savoir, ni vous, ni moi, ni personne.
> C'est ou c'était « Bibliothèque nationale », un point c'est tout. Et
> dans les pays de langue française, il n'y en a qu'une qui porte ce
> nom ou qui le portait.
> 
> 
> 
>> La British library se nomme
>> ainsi depuis l'origine, avant même que leurs anciens colons américains
>> aient eux-mêmes une Library.
> 
> 
> [J. M. :]
> 
> Qu'est-ce que vous allez chercher là ! C'est purement fortuit.
> Elle a été appelée ainsi alors qu'elle aurait pu tout aussi bien
> s'appeler « The Royal Library » ou je ne sais quoi d'autre et que la
> Bibliothèque nationale aurait pu s'appeler la « Bibliothèque de
> France », ce qui n'a pas été le cas, mais aurait pu tout aussi bien
> l'être. D'autres bibliothèques ou institutions prestigieuses,
> nationales ou non, anglaises ou non, ont des noms anciens ou nouveaux
> où ne figure pas l'indication du pays ! J'en reviens à « National
> Gallery » ou « Louvre ». La question n'est donc pas là. La situation
> est essentiellement la même avec les muséums d'histoire naturelle.
> 
> 

La British Library n'aurait pas pu s'appeler "Royal Library". Cette
affirmation traduit votre ignorance, et une légèreté qui serait simplement
amusante si vous ne vous targuiez pas à tout propos (et hors de propos,
comme ici) d'un soi-disant "esprit scientifique". Que vous soyez naturaliste
ou mathématicien ne vous donne à priori nulle lumière sur les faits
linguistiques, ou sur l'histoire administrative de tel ou tel pays. Ce que
vous démontrez ici une fois de plus. Et votre incompréhension du fait
linguistique et historique vous accule à invoquer un prétendu caractère
"fortuit" (sic) de l'appellation ! Ces Anglais qui avancent comme des
somnanbules...

Pour être "Royal Library", il eût fallu (à tout le moins) une charte royale,
comme pour la Royal Society ou la Royal Academy. La British Library (BL) ne
s'appelle d'ailleurs ainsi que depuis... 1973 - soit une vingtaine d'années
avant son transfert effectif sur le site actuel (Saint Pancras) : mais le
changement d'applellation et la décision de se constituer sur le nouveau
site ont bien été décidées dans le même temps (British Library Act 1972).

La BL est issue de la fusion de plusieurs institutions antérieures,
principalement : National Central Library (fonds de prêt
interbibliothèques), National Lending Library for Science and Technology
(prêt d'ouvrages et publications scientifiques), Patent Office Library (puis
National Library of Science and Invention), British National Bibliography et
(last but not least)... British Museum Library.

C'est cette dernière qui (fondée en 1753, comme le musée qui l'hébergeait)
joua le rôle de bibliothèque nationale pendant deux siècles - sans avoir
d'identité intrinsèque, sur le plan de la dénomination, en tout cas, même si
les lois sur le dépôt légal étaient parfaitement claires à son égard. On
oublie d'ailleurs facilement que le Royaume-Uni ne compte pas une, mais bien
six (6) bibliothèques "nationales" (si l'on entend par là les fonds de
bibliothèque recevant obligatoirement un exemplaire de tout ouvrage ou
publication soumis au dépôt légal, et répondant à des impératifs d'accès
public et de recherche).

Les six bibliothèques de dépôt légal - communes pour le Royaume-Uni et la
République d'Irlande, en vertu du Copyright Act 1911, du Copyright Act 1963,
de l'Irish Copyright Act 1963 (puis du Copyright and Related Rights Act
1999) et du Legal Deposit Libraries Act 2003 :

- la British Library ;
- la Bodleian Library, Oxford ;
- la University Library, Cambridge ;
- la National Library of Scotland ;
- la bibliothèque de Trinity College, Dublin ;
- la National Library of Wales.

(On se souviendra que l'Ecosse, l'Irlande et le pays de Galles sont des
nations et des pays à part entière, entièrement ou pour partie [Irlande]
inclus dans le Royaume-Uni - ce que rappelle chaque année le Tournoi des
cinq [puis six...] nations.)

Voir à ce propos le site de la BL :

http://portico.bl.uk/about/policies/legaldeposit.html

Et, pour l'histoire de l'institution :

http://portico.bl.uk/about/history.html

> 
> (...)
> 
> [J. M. :]
> 
> Ayant, pour ma part, l'esprit scientifique, je sais par expérience
> que la clé des difficultés, des questions difficiles, des énigmes,
> etc., se trouve souvent dans les détails ou est révélée par eux, et
> cela m'a toujours réussi. En particulier, ce qui a été volontairement
> obscurci, brouillé, caché, ne se découvre que par l'analyse, à la
> recherche d'une faille.
> 
> (...)
> 

Ouiche.